Trois jours après les attentats de Paris, hôtels et restaurants de la capitale française enregistrent des annulations «conséquentes», qui laissent présager de «prochains mois difficiles» dans ce secteur déjà fortement touché après les attentats de Charlie Hebdo en janvier.

«Depuis samedi, il y a une vague d'annulations conséquente dans l'ensemble du secteur de l'hôtellerie et qui concerne les deux ou trois mois à venir», a indiqué à l'AFP Didier Le Calvez, PDG du palace Le Bristol, et président de l'Umih Prestige, branche du syndicat hôtelier qui regroupe les établissements très haut de gamme.

Selon lui, «les prochains mois vont être difficiles, comme cela a été le cas après les attentats du mois de janvier. On était tout juste en train de s'en remettre, avec des mois d'octobre, de novembre et de décembre qui avaient les clignotants au vert, mais là c'est 50% de chiffre d'affaires en moins qui va être enregistré pour le mois de novembre pour l'hôtellerie», selon M. Le Calvez.

Interrogé par l'AFP, Vincent Lemaître, PDG du groupe Flo, propriétaire de brasseries parisiennes telles que La Coupole et Bofinger, a ajouté que le groupe enregistrait «50% d'annulations dans ce type d'établissements» depuis samedi.

«Les annulations se font surtout au niveau des hôteliers et des traiteurs, organisateurs de réceptions qui sont annulées», dit Didier Chenet, président du GNI-Synhorcat, syndicat de l'hôtellerie-restauration très présent à Paris. «Il est encore tôt pour avoir des chiffres, mais il est certain que l'impact économique sera fort pour tout le secteur, comme cela a été le cas en janvier mais aussi en 1995», lors des attentats dans le RER.

De son côté, le cabinet spécialisé MKG a indiqué lundi dans une note observer «une baisse sensible des performances hôtelières de la capitale au lendemain des attaques meurtrières qui l'ont touchée».

«Le taux d'occupation a accusé une dégringolade de 20,8 et 23,1 points les nuits de samedi et dimanche, entrainant le Revenu par chambre disponible (RevPAR) (indicateur clé du secteur, NDLR) dans sa chute. Ce dernier a reculé de 21,1% samedi et de 28,5% dimanche», martèle le cabinet.

À Paris, «l'annulation du salon des maires de France, notamment, est catastrophique pour le secteur hôtelier et représente finalement plus d'impact que la COP21», la conférence sur le climat dont l'ampleur va être réduite, ajoute Roland Héguy, président de l'Umih, principale organisation patronale de l'hôtellerie-restauration.

Ce syndicat, qui compte parmi ses adhérents le restaurant Le Petit Cambodge, l'une des cibles des tirs des terroristes vendredi soir, a mis en place un «comité de fonds d'action sociale en soutien aux cafés et restaurants visés par les attentats», a expliqué M. Héguy.

L'Umih a par ailleurs demandé lundi au ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, d'être présent à son prochain congrès national à Bordeaux à la fin novembre, afin de «d'apporter son soutien à la profession qui se sent déstabilisée», a lancé M. Héguy.