La nouvelle génération d'écrans de loisirs dans les avions saura détecter quand vous tomberez de sommeil et de nouvelles applications permettront de synchroniser téléphones intelligents et tablettes avec le système de divertissement à bord, selon les appareils exposés au salon aéronautique du Bourget.

Confortablement assis dans votre siège business, vous vous assoupissez lentement en regardant un film. L'écran s'interrompt lorsqu'il détecte que vos yeux sont fermés, pour reprendre là où il s'était arrêté, dès votre réveil.

Les grands acteurs du secteur, le japonais Panasonic, les Français Thales et Zodiac Aerospace, proposent une nouvelle génération de sièges et systèmes de divertissement à bord (IFE, In Flight Entertainment) avec comme leitmotiv «l'expérience passager» pour permettre aux compagnies aériennes de se différencier dans un secteur ultra-concurrentiel.

«La technologie du ''eye tracking'' (qui suit le mouvement des yeux, NDLR) provient du marché des personnes handicapées, et nous l'avons appliqué à l'aérien», explique à l'AFP Brett Bleacher, directeur des innovations chez Thales.

«Il faudra encore 5 à 10 ans» avant que cette innovation soit disponible à bord des avions. «Nous en sommes à établir les contacts avec les compagnies aériennes avant de mettre cela en production», ajoute M. Bleacher.

Le groupe japonais Panasonic propose des applications intelligentes permettant au passager de visionner le catalogue des films depuis son propre téléphone portable ou écran tactile avant même de monter à bord, puis de synchroniser le tout une fois dans l'avion.

Il pourra aussi utiliser sa tablette comme second écran, aller sur internet ou faire des achats en ligne sans interrompre son film.

Cette application sera «très bientôt» disponible dans les avions, assure Mario Grima, directeur marketing chez Panasonic.

Dernier entrant sur le marché des IFE, Zodiac organise toute la partie divertissement autour du siège du passager. Ce sont les écrans qui accueillent la mémoire, avec les films et autres programmes de divertissement à bord, et non pas un serveur central.

Avantage, le système est moins coûteux et permet une maintenance facilitée car en cas de panne, il suffit de changer l'écran au lieu de relancer le serveur.

Meilleure connexion avec le sol 

«Nous avons pu entrer (sur le marché de) l'IFE alors qu'il y avait deux gros joueurs, sans faire d'énormes investissements car la technologie a changé», explique Yannick Assouad, directrice Aircraft Systems chez Zodiac Aerospace.

Les nouveaux systèmes permettent de réduire les coûts de 40 à 50%, selon la dirigeante.

Le marché IFE se partage entre Panasonic, avec plus de 50% des parts, et Thales qui en détient 20 à 30%. Zodiac revendique avec son système «Rave» une croissance à deux chiffres.

Le WiFi à bord permet d'aller plus loin. Le concept du «bring your own device» permet de proposer de l'IFE sur les vols plus courts aux passagers qui disposent de leur propre tablette ou téléphone intelligent, soit la plupart des voyageurs.

Cela réduit encore plus les coûts d'investissement par rapport au système traditionnel, permet d'alléger l'avion et donc la facture carburant: idéal pour les compagnies low-cost.

Autre avantage, les passagers ne sont pas tributaires de la qualité des écrans à bord, pas toujours du dernier cri.

«Les écrans dans les avions doivent passer par des tests des processus de certification. Ils doivent être bien plus robustes» que les écrans de tablettes, explique Mario Grima.

L'IFEC, avec un C pour connectivité, va plus loin en permettant de connecter l'avion à Internet en plein vol, en s'appuyant sur la bande satellitaire KA, au débit plus important que la bande KU utilisée jusqu'ici.

«La fréquence est plus importante et plus efficace et permet un ''take rate'' (taux de connexion, NDLR) plus important», explique Yannick Assouad.

Grâce à la connectivité à bord, les compagnies aériennes pourraient proposer de nouveaux services pour améliorer leurs marges. Les passagers pourraient ainsi réserver leur hôtel pendant le vol, louer une voiture ou acheter des billets de spectacle.

La connectivité permet aussi de transmettre en direct les informations sur l'avion encore en vol, et donc réduire le coûteux temps d'immobilisation au sol, en préparant la maintenance avant même l'atterrissage.

«Maintenant que nous avons cette bonne connexion permanente vers le sol, nous pouvons faire toutes sortes de choses. Nous n'en sommes qu'au début», assure le directeur IFE chez Thales, Scott Easterling.

Bientôt des robots douaniers dans les aéroports?

Parmi les technologies d'avant-garde exposées au Salon de l'aéronautique et de l'espace du Bourget, depuis le début de la semaine, des robots douaniers capables de contrôler les passeports ou d'identifier les criminels se sont taillé un beau succès.

Pour remplacer les guichets d'enregistrement et accélérer la circulation dans les aéroports, le groupe d'électronique français Thales propose un appareil qui non seulement scanne le passeport et imprime la carte d'embarquement mais enregistre aussi par reconnaissance biométrique le visage et l'iris du passager.

Le système peut ensuite partager ces informations avec les autres ordinateurs de l'aéroport.

Quand le passager arrive au contrôle douanier, il est accueilli par un grand robot blanc qui peut immédiatement confirmer son identité sans aide humaine.

À l'avenir, «on pourrait n'avoir besoin que d'un seul agent pour quatre ou cinq machines», a expliqué Pascal Zenoni, un dirigeant de Thales, en présentant le robot à la presse.

Thales dispose d'une expertise dans ce domaine puisque l'entreprise fabrique des millions de documents d'identité biométriques (passeports, cartes d'identité) et systèmes de contrôle pour plus de 25 pays dont la France.

Les robots douaniers «libèrent des effectifs pour la police et permettent de gagner de la place dans les aéroports», a-t-il dit. Le visage du passager peut être imprimé sous forme cryptée dans la carte d'embarquement, que les hôtesses et stewards pourront scanner à la porte d'accès à l'avion.