Qu'est-ce qui pousse des touristes à visiter des lieux au passé macabre, comme un ancien camp de concentration ou le site d'une attaque terroriste ? Ce phénomène, en plein essor, a été baptisé «thanatourisme», «nécrotourisme» ou encore «tourisme noir» («dark tourism», en anglais).

Des chercheurs de l'université britannique de Central Lancashire se sont penchés sur les motivations de ces vacanciers, qui, au lieu de chercher le repos dans des lieux paradisiaques, choisissent pendant leurs congés de se rendre sur des lieux de tragédies.

L'équipe de chercheurs britanniques est la première à se pencher sur ce nouveau phénomène, pour tenter d'expliquer l'attrait de certains touristes pour des sites comme Auschwitz, Ground Zero ou les anciens centres d'interrogatoires du KGB.

Le Dr Phillip Stone, directeur du nouvel Institut de recherche sur le tourisme noir, a donné son point de vue sur le sujet à la BBC : les touristes cherchent à faire sens de ces lieux de souffrance, qui leur offrent l'occasion de ressentir de l'empathie avec les victimes, avant de retourner dans le cocon douillet de leur vie quotidienne.

C'est un produit dérivé de la laïcité, selon lui, un nouvel espace qui permet aux touristes de réfléchir à la mort et à la morale sans avoir recours au cadre traditionnel de la religion.

De nombreux observateurs pensent que le tourisme noir, ou «thanatourisme» dans les cercles universitaires, a vu sa popularité augmenter au cours des dernières années, mais ils manquent de statistiques pour étayer leur thèse.

Le Dr Stone rappelle pourtant que le phénomène est loin d'être nouveau : selon lui, les exécutions publiques au Moyen âge constituaient déjà une forme de thanatourisme.

L'une des missions de l'institut consiste à examiner des façons éthiques de développer le tourisme noir, de gérer les sites et de permettre aux gens d'en profiter sans sombrer dans le voyeurisme.