Le syndicat allemand des contrôleurs aériens GdF entend paralyser complètement l'aéroport de Francfort mercredi matin avec une grève de «solidarité» des aiguilleurs du ciel, que le gestionnaire de l'aéroport et Lufthansa tente toutefois d'empêcher d'ici là.

Fraport, gestionnaire de l'aéroport le plus important d'Allemagne et le troisième en Europe, ainsi que la première compagnie aérienne du pays Lufthansa ont annoncé mardi avoir saisi en référé le tribunal du travail de Francfort pour empêcher cette action.

«Il n'est pas possible que l'agence allemande de la sécurité aérienne (DFS), une société détenue à 100% par l'État fédéral et exerçant un monopole garanti par l'État, se rallie à un conflit salarial de droit privé», a affirmé Herbert Mai, le directeur du personnel de Fraport cité dans un communiqué.

«C'est en raison de la disproportion croissante de la grève que nous avons recours à des moyens juridiques sous la forme d'une injonction provisoire contre la grève de solidarité des aiguilleurs du ciel», a-t-il précisé.

Les quelque 200 contrôleurs et préparateurs au sol de l'aéroport de Francfort, qui gèrent les mouvements des avions sur le tarmac, sont en grève depuis une dizaine de jours, avec des interruptions, mais leur mouvement n'a jusqu'à présent pas paralysé le trafic.

Fraport assure en effet quotidiennement environ 80% des vols, notamment toutes les lignes intercontinentales, grâce à des contrôleurs à la retraite venus en renfort et des salariés formés spécialement, assistés par le personnel logistique de Lufthansa.

D'où l'idée de GdF de durcir son action en ralliant à sa cause le personnel des tours de contrôle, qui fait également partie du syndicat. GdF vise ainsi une paralysie totale du trafic mercredi entre 04H00 et 10H00 GMT (6h HAE).

Cette extension de la grève «causerait des perturbations massives du trafic aérien mondial et un énorme dommage financier» a estimé Fraport.

Lufthansa, qui a son principal «hub» à Francfort, perd déjà environ un million d'euro de chiffre d'affaires par jour de grève, un chiffre qui devrait grimper en flèche si les tours de contrôle cessent le travail.

Fraport a de nouveau estimé mardi que GdF se comportait de manière «totalement irresponsable pour imposer des revendications exagérées».

GdF exige des hausses de salaires et primes couplées à une réduction du temps de travail, soit une amélioration de 50 à 70% des rémunérations, selon Fraport. Faux, rétorque le syndicat, qui estime que ses revendications reviennent à des hausses comprises entre 3 et 30%.

Les négociations entre les deux camps sont au point mort. GdF a prévenu qu'il était prêt à envisager «plusieurs semaines» de grève.