La grève des contrôleurs au sol de l'aéroport de Francfort, le premier d'Allemagne et le troisième d'Europe, a repris vendredi, et le conflit pourrait se prolonger la semaine prochaine après une trêve ce week-end.

Vendredi 280 décollages et atterrissages ont déjà été annulés, dont 250 rien que pour Lufthansa, la première compagnie allemande qui a son principal hub à Francfort. La grève a commencé à 7H00 GMT (3h HAE) et doit durer jusqu'à 21H00 GMT (17h HAE).

Le gestionnaire aéroportuaire Fraport compte toutefois assurer «plus de 50%» des opérations prévues vendredi, sur un total de 1300 vols.

La veille, Fraport avait déclaré avoir assuré «environ 70%» des mouvements d'avions prévus jeudi, premier jour de grève, 172 vols ayant été annulés.

Les négociations sont au point mort entre Fraport et le syndicat de la sécurité aérienne GdF, qui représente un petit groupe de près de 200 salariés, mais dont l'importance est cruciale pour planifier et gérer les mouvements des appareils au sol.

«GdF s'obstine à formuler des revendications exagérées, sans tenir compte des passagers et des compagnies aériennes. C'est une attitude inacceptable», a tonné vendredi Fraport dans un communiqué, appelant de nouveau le syndicat à «revenir à la table des négociations et à se montrer disposé à faire des compromis».

Les contrôleurs et autres préparateurs au sol, dont les salaires en 2011 oscillaient entre 42 000 et 69 200 euros brut par an, demandent des hausses de salaires comprises entre 25% et 50%, plus 10% de bonus pour des services complémentaires et des réductions de temps de travail de 9 à 13%, selon un document transmis par Fraport.

Fraport craint que si leurs exigences étaient acceptées en l'état cela pourrait inciter d'autres catégories de salariés à demander à leur tour des hausses de leurs rémunérations pour ne pas être désavantagés par rapport à leurs collègues, a expliqué à l'AFP un porte-parole du groupe.

«La balle est dans le camp de Fraport pour revenir à la table des négociations», a rétorqué Dirk Vogelsang, le responsable des négociations pour GdF, rappelant à l'AFP que le gérant aéroportuaire a refusé une solution de compromis proposée par la médiation de l'ancien maire de la ville de Hambourg, Ole von Beust.

Les contrôleurs n'ont pas prévu de faire grève samedi et dimanche, pour laisser à Fraport le temps de la réflexion, a ajouté M. Vogelsang, tout en laissant ouverte la possibilité d'une prolongation du mouvement la semaine prochaine.

Les compagnies aériennes donnaient la priorité aux vols longue distance, tandis que les billets de Lufthansa et d'Air Berlin pour des vols intérieurs pouvaient être échangés gratuitement contre des tickets de train de la Deutsche Bahn pour le même trajet, conformément à un accord de coopération entre les trois entreprises.

Les passagers les plus pénalisés par la grève étaient donc ceux qui devaient s'envoler de Francfort vers des destinations européennes. Nombre d'entre eux ont été surpris par la grève jeudi et ils étaient condamnés à attendre dans les couloirs de l'aéroport.

«Je ne suis pas vraiment fâché, je suis juste fatigué», a confié Bijan, un architecte iranien revenant d'un séjour au Japon, coincé jeudi après-midi à Francfort en attendant sa correspondance pour Venise, retardée de plusieurs heures. «Si j'avais su, j'aurais reporté mon voyage, Lufthansa aurait pu me prévenir».