La compagnie aérienne à bas coûts EasyJet a été condamnée vendredi à 70 000 euros d'amende par le tribunal de Bobigny, près de Paris, pour avoir refusé l'accès d'un avion à trois personnes handicapées non accompagnées, en avançant des raisons de sécurité.

Cette condamnation est conforme aux réquisitions du parquet, qui avait estimé lors de l'audience que les faits reprochés à la compagnie aérienne portaient «atteinte à la dignité humaine».

«C'est une décision qui va faire date», s'est réjoui à l'énoncé du jugement Me Patrick de la Grange, avocat des trois plaignants et de l'Association des paralysés de France (APF), partie civile dans cette affaire.

«Le tribunal a considéré qu'il n'y avait pas de prétexte de sécurité qui prévalait. Il s'agit bien d'un modèle économique qui a été sanctionné, celui du bas prix, avec des réductions de coûts, le but étant qu'il y ait le moins de personnel possible», a-t-il commenté.

«Nous sommes déçus et attristés», a réagi l'avocat d'Easyjet Me Philippe Van der Meulen. «La compagnie conteste avoir eu quelque intention discriminatoire que ce soit. Nous avons respecté la réglementation européenne», a-t-il assuré.

Les plaignants s'étaient vu refuser l'embarquement dans un avion à l'aéroport parisien de Roissy-Charles-de-Gaulle, le 12 janvier 2009, ainsi que les 9 et 19 novembre 2008. La compagnie de droit britannique avait affirmé se conformer aux réglementations européenne et britannique, évoquant des raisons de sécurité.

Outre l'amende de 70 000 euros, le tribunal a condamné Easyjet à verser 2000 euros de dommages et intérêt à chacun des trois plaignants, et un euro symbolique à l'Association des paralysés de France.

EasyJet, qui comparaissait pour la première fois devant un tribunal correctionnel pour ce délit, doit également être jugée à Paris en mars 2012 dans une procédure similaire.