La France et l'Italie ont décidé de maintenir par sécurité l'interdiction des liquides à bord des avions contre l'avis de la Commission européenne, favorable à la levée de cette mesure dès avril pour les vols en transit afin de protéger le commerce dans les aéroports.

«Si la majorité des États se prononce pour la levée de cette interdiction, elle sera mise en oeuvre», a affirmé jeudi le commissaire aux Transports Siim Kallas à l'issue d'une réunion avec les ministres des 27. «Si des pays peuvent démontrer que ces mesures de sécurité sont justifiées, ils pourront les maintenir, mais ils devront affronter les conséquences pour les passagers», a-t-il averti. Deux logiques s'affrontent dans ce qui est en passe de devenir un contentieux.

La Commission présidée par le Portugais José Manuel Barroso estime que l'interdiction de transporter des liquides en cabine dans les avions décidée pour lutter contre le terrorisme peut être progressivement levée, car la technologie permet de procéder aux contrôles nécessaires. Elle propose de la lever dès le 29 avril 2011 pour les passagers des vols en transit. L'enjeu est commercial. Le passager d'un avion qui relie Moscou à Londres avec transit par Francfort pourra acheter de l'alcool dans les boutiques de la zone aéroportuaire de Moscou sans risquer de devoir le boire ou le remettre aux douaniers à Francfort.

Dans cette logique, l'interdiction sera totalement levée le 29 avril 2013. La France et l'Italie estiment que le moment n'est pas venu de la lever. «Il n'est pas souhaitable pour la France de lever les mesures de sûreté aérienne, même partiellement, compte tenu de l'actualité internationale et des menaces dont la France pourrait être la cible», a expliqué le 25 mars le secrétaire d'État aux Transports Thierry Mariani. «Trois pays, l'Allemagne, la Suède et le Danemark, disent s'être équipés pour contrôler les liquides», précisent les autorités françaises.

Ce qui veut dire que les autres ne sont pas prêts, faute de moyens ou de temps, et qu'ils ne pourront pas lever l'interdiction, soulignent-ils. Siim Kallas soutient le contraire. «Nous n'avons pas de preuves que les équipements de contrôle manquent», a-t-il déclaré. Mais quel sera l'intérêt de la levée de l'interdiction, si les aéroports français et italiens par lesquels transitent nombre de vols internationaux maintiennent cette mesure de sécurité, ce qu'ils peuvent faire à condition de la motiver et d'éviter qu'elle ne soit discriminatoire et non proportionnée, soulignent les autorités françaises.