Année après année, la proportion de forfaits vendus à prix d'aubaine augmente, même en période de pointe comme la semaine sainte. Plus de 60% des voyages dans le Sud sont aujourd'hui vendus au rabais. Même les compagnies de croisières soldent allégrement leurs cabines. Notre collaborateur André Désiront nous présente quelques propositions alléchantes pour des départs dès ce week-end, en prévision du congé de Pâques. Il a aussi répertorié une série de croisières vendues à prix doux pour les prochains mois.

Le Sud vient-il à ceux qui savent attendre?

Tout comme les Fêtes de fin d'année, la relâche scolaire et les deux mois d'été, la semaine sainte, qui précède Pâques, est une des périodes pendant laquelle les Québécois voyagent le plus. Habituellement, les grossistes qui programment les destinations soleil n'ont donc pas besoin de baisser leurs prix pour remplir leurs avions. Mais cette année, les consommateurs à l'affût de tarifs réduits n'ont pas été en peine. Les propositions à prix doux pour des départs de la prochaine fin de semaine foisonnent. Et pas seulement pour des propriétés dont personne ne veut.

«Je crois que c'est parce que Pâques tombait, cette année, à une date trop rapprochée de la période des congés scolaires pendant laquelle la demande a été très forte», remarque Sam Char, directeur général de Vacances Sunwing au Québec.

Mais il n'y a pas que la semaine de Pâques qui déjoue les prédictions des spécialistes. «Je viens de voir un forfait à Cayo Coco soldé à 695$ pour la seconde semaine d'avril, un mois qui, habituellement se vend sans que les grossistes aient besoin de casser les prix», note Éric Rose, président de Voyages Bergeron.

En avril, les voyagistes commencent à réduire le nombre d'avion déployés vers les destinations soleil. Et, comme une proportion appréciable de la clientèle attend ce mois, généralement maussade au Québec, pour aller se faire bronzer, les aubaines de dernière minute se font en général plutôt rares. Ce n'est plus le cas. Éric Rose estime que plus de 60% des forfaits dans les destinations soleils sont aujourd'hui vendus au rabais. «Et encore: je me demande s'il ne s'agit pas de 80%, dit-il. Quand on fait le compte des semaines qui se vendent bien, on arrive à un maximum de 10. Ce qui signifie que les grossistes sont obligés de solder leurs forfaits 42 semaines par an.»

Les tarifs de solde semblent devenir la norme. Même l'argument massue que les voyagistes brandissaient pour inciter la clientèle à réserver longtemps d'avance au prix «régulier» ne tient plus. «Auparavant, nous pouvions dire que les meilleures propriétés hôtelières se vendaient d'avance et que les réductions de prix portaient surtout sur les établissements les moins populaires, poursuit Sam Char. Malheureusement pour nous, aujourd'hui, même les meilleurs hôtels sont souvent vendus à prix réduits.»

Yvon Michel, président de Tours Mont-Royal, constate que depuis trois ans, le prix moyen des forfaits a diminué d'une cinquantaine de dollar chaque année, parce que les grossistes sont obligés de stimuler la demande à grands renforts de publicités.

Le directeur de Vacances Sunwing au Québec, Sam Char, montre du doigt la surcapacité. «L'offre excède la demande, déplore-t-il. En raison de la crise économique, nous avions anticipé une baisse de la demande cet hiver. Pour y faire face, nous avions réduit notre flotte, de 14 à 12 avions. Mais certains de nos concurrents ont augmenté leur offre pour protéger ou augmenter leurs parts de marché. À ce compte là, nous ne gagnons plus d'argent.»

Y aura-t-il encore autant d'aubaines cet été et l'an prochain? «Il ne se passe pas de semaine sans que des connaissances m'appellent pour me demander s'il est plus prudent de réserver immédiatement ou s'ils peuvent prendre le risque d'attendre les aubaines de dernière minute, raconte Yvon Michel, président de Tours Mont-Royal. Je ne suis pas capable de répondre à une telle question.»

Si le patron de Tours Mont-Royal, qui aura envoyé un peu plus de 160 000 Québécois dans les destinations soleil d'ici la fin-avril, est incapable de prévoir à l'avance s'il sera obligé de baisser ses prix pour remplir les avions qui décolleront vers Varadero, Cancun ou Punta Cana, personne n'est en mesure de le faire. «Cela dépend d'une série de facteurs que nous ne contrôlons pas, poursuit Yvon Michel. Si les hôteliers n'arrivent pas à remplir les chambres qu'ils vendent habituellement aux Européens ou aux Américains, ils se tournent vers les grossistes canadiens et nous proposent des prix réduits. C'est régulièrement le cas, parce que les pays européens et les États-Unis sont toujours aux prises avec la récession. Mais les taux de change jouent aussi un rôle important. Nous payons les chambres d'hôtels en dollars américains dans toutes les destinations, sauf à Cuba. Comme le dollar canadien a presque atteint la parité, cela nous permet d'offrir de bonnes réductions. Mais ces données peuvent changer d'une semaine à l'autre: le huard peut chuter et les Européens peuvent revenir si leurs voyagistes se décident à casser les prix.»

Un autre facteur entre en jeu : «Les Québécois on voyagé cet hiver, mais ils ont voyagé parce que les bas prix étaient au rendez-vous», remarque Sam Char. De là à penser qu'une bonne proportion d'entre eux ne voyageraient pas si les aubaines n'étaient pas là, il n'y a qu'un pas. Cependant, les voyagistes ne pourront pas se permettre d'assister à une érosion constante des prix sans réagir. Depuis quelques semaines déjà, ils procèdent à des «consolidations». Ce qui signifie qu'ils annulent des vols ou utilisent des appareils plus petits pour ne pas faire décoller les avions avec trop de sièges vides. Ce qui cause beaucoup de désagréments aux voyageurs et aux agents de voyages.

«Cet hiver, il y a eu tellement de changements que nous avons dû nous doter d'un logiciel spécial pour les gérer, déplore Éric Rose, chez Voyages Bergeron. Cela nous occasionne un surcroît de travail considérable, car il faut prévenir les voyageurs et faire des réaménagements.»