Les grands patrons du tourisme international se réuniront du 14 au 16 mai à Florianopolis au Brésil pour dresser un état des lieux du secteur au moment où la grippe porcine a porté un nouveau coup à une industrie déjà fragilisée par la crise économique.

Le virus H1N1 s'est invité au sommet du Conseil mondial du voyage et du tourisme (WTTC), initialement axé sur les effets de la crise, avec une séance spéciale consacrée au spectre de la pandémie et son impact économique sur le tourisme.Face à la crise, «les gens ont déjà tendance à voyager moins longtemps, moins loin et à dépenser moins. Avec la grippe porcine, les symptômes de la crise vont s'accentuer», a déclaré à l'AFP Jean-Paul Baumgarten, président de cette association privée de chefs d'entreprises du tourisme, basée à Londres.

La grippe porcine devrait ainsi amplifier le «coup de frein sur les voyages long-courrier qui était déjà sensible avec la crise» et inciter les touristes à voyager davantage dans leur propre pays.

L'épidémie de pneumonie atypique (SRAS) en 2003 «a été brutale, mais géographiquement limitée», sévissant surtout en Asie, «et les voyageurs avaient alors décidé de changer simplement de destination», explique-t-il.

Avec la grippe porcine, «il y a des cas non seulement au Mexique, mais aussi en Europe, aux Etats-Unis et au Canada, c'est beaucoup plus diffus et c'est cela qui entretient la psychose», dissuadant les touristes de voyager, selon M. Baumgarten.

«Le transport aérien est certainement le plus affecté par les effets de la grippe, suivi des hôtels», relève-t-il. Pour M. Baumgarten, «le tourisme au Mexique s'effondre, mais les Etats-Unis vont probablement moins souffrir», d'autant que «85% des Américains font du tourisme dans leur pays».

Frappée de plein fouet par la crise, l'industrie du tourisme devrait voir son activité reculer de 3,5% cette année, générant 5474 milliards de dollars dans le monde, après une hausse limitée à 1% en 2008, selon les prévisions du WTTC.

«Sans être des aventuriers, on peut estimer que 2010 marquera une phase de stabilisation ou un début de reprise, tirée par les Etats-Unis et l'Europe», estime M. Baumgarten. L'an prochain, «la croissance sera de 0,25% ou 1%, mais pas plus», prévient-il.

Sur deux ans, entre 2008 et 2009, le nombre d'emplois liés indirectement ou directement au tourisme dans le monde devrait passer de 238 à 220 millions, soit une perte de 18 millions d'emplois, prévoit le WTTC.

Contrairement à l'industrie automobile, le tourisme ne réclame pas de plan de relance, mais milite contre la multiplication des taxes: «c'est une industrie extrêmement fragile, les gouvernements ont tendance à trop taxer les billets d'avion et les hôteliers, laissez-nous tranquilles!», lance M. Baumgarten.

Environ 700 professionnels de l'industrie touristique mondiale (compagnies aériennes, tour-opérateurs, groupes hôteliers) d'une quarantaine de pays et une douzaine de ministres seront présents à ce sommet qui sera inauguré jeudi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva.

La crise «va vraisemblablement renforcer le mouvement de concentration dans l'industrie du tourisme», estime M. Baumgarten avant d'ajouter que «chaque fois qu'il y a une crise, il y a des entreprises qui disparaissent et les plus fortes survivront».