La haute saison touristique vient à peine de commencer en Thaïlande mais les signes sont inquiétants et confirment un net ralentissement d'activité en raison notamment de la crise économique mondiale, indiquent des experts.

Dès août dernier, la flambée des prix du pétrole et ses répercussions sur le coût des billets d'avion avaient eu un impact sur le nombre d'arrivées à l'aéroport international de Bangkok (600 000, soit une baisse de 33 % par rapport au même mois de 2007), selon des chiffres du ministère du Tourisme.

En septembre, les arrivées étaient en baisse de 21 %. Des experts de l'industrie s'attendent que les chiffres restent bas du fait notamment de la crise mondiale qui inquiète de nombreux touristes potentiels, soucieux avant tout de rembourser des prêts immobiliers et de conserver leur emploi.

«Nous allons probablement avoir une très mauvaise haute saison (novembre à février)», dit Oliver Martin de la Pacific Asia Travel Association (PATA).

La Thaïlande, une des principales destinations touristiques d'Asie du Sud-Est, avait reçu en 2007 près de 15 millions de visiteurs et la crise va affecter tous les segments d'activité, des grands hôtels de luxe aux petites agences de voyage en passant par les restaurants, les boutiques de souvenirs et les marchands ambulants sur les plages, ajoute M. Martin.

Outre le spectre d'une récession mondiale, la Thaïlande souffre d'une image d'instabilité croissante, alors que des tensions militaires ont éclaté l'été dernier avec le Cambodge voisin et que des violences politiques internes au royaume ont fait deux morts et 478 blessés en octobre à Bangkok.

Kongkirt Hiranyakit, président du Tourism Council of Thailand, avertit que la combinaison de tous ces facteurs pourrait entraîner 70 000 pertes d'emploi dans le tourisme, un secteur-clef pour le pays.

Bien que l'autorité chargée du tourisme en Thaïlande (TAT) cherche à attirer des personnes aisées, moins exposées aux contrecoups du ralentissement économique mondial, l'activité reste dominée par le tourisme de masse, avec des voyages organisés et des formules «Avion"Hôtel», explique M. Martin.

«Ce sont les classes moyennes et c'est justement le segment de marché qui est affecté, avec des gens (inquiets pour) leurs prêts immobiliers et des suppressions potentielles d'emploi», ajoute-t-il.

La PATA avait prédit pour cette année une croissance de 4 à 5 % de l'activité touristique en Thaïlande. Les neuf premiers mois de 2008 étaient dans cette tendance, mais l'association table désormais sur une croissance de 2 à 3 %.

Les responsables du secteur vont certainement faire baisser les prix pour attirer les vacanciers, ce qui pourrait maintenir un niveau relativement élevé d'arrivées, mais ils s'attendent tous à une chute des profits.

Debbie Dionysius, directrice du marketing à Laguna Phuket, complexe touristique sur cette île du sud prisée par les étrangers, fait déjà état d'une baisse de revenus de 12% au dernier trimestre, par comparaison avec la même période de 2007.

Pour répondre à une chute prévisible des arrivées en provenance d'Europe ou des États-Unis, l'entreprise fonde des espoirs sur le Moyen-Orient et la Chine. «Jusqu'ici, les économies de ces régions n'ont pas enregistré le même impact de ralentissement», relève-t-elle.

La TAT, qui a réagi rapidement aux premiers signes de crise, mise pour sa part sur les touristes des pays du Sud-Est asiatique, comme Singapour et la Malaisie.