On aimerait tous avoir à nos côtés un compagnon de voyage au sens de l'humour aussi aiguisé que celui de Jean-René Dufort, et au regard assez affûté pour capter des instants cocasses à l'autre bout du monde. De l'Italie au Japon, en passant par la Chine et l'Islande, le célèbre Infoman partage dans son nouveau livre de photos des scènes humoristiques, croquées sur le vif partout sur la planète.

Il fait de la photo depuis l'âge de 15 ans, en tout temps, qu'il soit en vacances ou en reportage. Sa première «job», c'était comme photographe de presse pour l'ancien journal de Saint-Jérôme L'Écho du Nord. «Quand je me promène, les gens trouvent ça bizarre de me voir avec un appareil photo. Mais pour moi, c'est plus weird de me voir avec un micro», explique Jean-René Dufort en entrevue.

Dans son livre de photos On est tous quelque part, disponible en librairie, l'animateur de l'émission Infoman admet avoir dû faire des choix difficiles pour choisir dans sa collection les quelque 150 clichés qui se sont finalement rendus à la ligne d'arrivée. «Un livre comme ça, je pourrais en faire cinq! Et si j'avais remis mes photos le lendemain, c'en aurait été d'autres», nous a-t-il confié.

Le livre n'est pas un carnet de voyage, mais il fait tout de même voyager en nous transportant en Afghanistan aussi bien qu'à Key West. Les réflexions qui accompagnent les photos, elles, achèvent de rendre le voyage comique, sans avoir été soumises à un ordre précis dans l'espace ou dans le temps.

Photo tirée du livre

«J'ai évidemment goûté à toutes ces affaires-là! On ne le voit pas sur la photo mais les scorpions bougeaient, ils étaient encore vivants. Le gars trouvait ça très drôle que je m'intéresse à ses brochettes, et moi je le trouvais très drôle de vendre des hippocampes et des larves comme si de rien n'était. Dans sa tête, il vendait des brochettes de saucisses!»

Ce «tripeux» d'architecture aime les mélanges de personnages un peu sympathiques, un peu «spéciaux», dans un environnement très «flyé». «Je suis un puriste. Je ne demanderais jamais à quelqu'un de se placer sur une photo. Un bon photographe, c'est quelqu'un qui est capable d'être dans un endroit et qui ne perturbe rien», souligne-t-il.

L'une de ses photos préférées du livre, c'est sans contredit celle d'un militaire russe chargé de surveiller la flamme olympique à Sotchi. «Lui, il a l'air de s'ennuyer solide! C'est ce qui m'intéresse beaucoup à photographier: l'inverse du côté glamour, la flamme olympique avec le gars qui est responsable de la bonbonne de propane. Lui, son rêve olympique, ç'a été de s'asseoir en arrière de la flamme», raconte-t-il en riant.

L'Asie, mine d'or pour la photo 

L'Asie, en particulier la Chine et le Japon, est une mine d'or pour les photographes, à son avis, parce que les gens ne sont pas intimidés par la caméra.

«En Asie, ça n'intéresse personne quand tu sors ton appareil photo. On dirait que la magie des moments fonctionne mieux là-bas. Quand je me disais "je veux quelqu'un qui arrive là avec son parapluie", il y avait tout le temps quelqu'un qui arrivait là avec son parapluie. Ce sont des endroits fantastiques que j'ai beaucoup aimé photographier», précise Jean-René Dufort.

Pour l'animateur, la photographie est l'étape qui précède Infoman et qui lui permet de recueillir ces observations cruciales pour faire un reportage sarcastique et proposer une opinion éditoriale. «C'est le "moi" sans la cravate», dit-il. 

«Quand je me promène à l'extérieur du pays, je me sers souvent de la photo pour aller palper le feeling de la place, "faire mon chat". Ce n'est pas le "taquineux" qui prend la photo, c'est plus l'observateur, ajoute-t-il. Aux Jeux olympiques, à Pékin, il y en avait qui allaient faire du jogging. Moi, j'allais prendre des photos!»

On est tous quelque part

de Jean-René Dufort

éd. La Presse

216 p., 32,95$

Photo tirée du livre

«Au Japon, et à Tokyo particulièrement, beaucoup de commerces essaient de se donner une connotation française. Mais comme ils ne parlent pas français, ça n'a souvent aucun bon sens! Je voulais qu'une femme se promène devant la façade du restaurant, alors j'ai attendu. Elle avait l'air de se demander "c'est quoi cette niaiserie-là?"... Je trouvais que le nom du restaurant et la personne qui passe se répondaient.»

Photo fournie par l'éditeur