La «Frousse autour du monde» a vu le jour il y a 10 ans dans La Presse, avec un billet de Bruno Blanchet. Un rendez-vous qui l'a forcé à pousser ses limites, pour raconter de belles histoires. Avec la publication d'un quatrième tome, L'ultime frousse autour du monde, le globe-trotter met officiellement fin à un chapitre de sa vie. Son voyage, toutefois, est loin d'être terminé.

Il y a maintenant deux ans que Bruno Blanchet vit comme un sédentaire à Bangkok. Réputé avoir la «bougeotte», il a quand même trouvé le moyen de déménager quatre fois en 24 mois. Entre son restaurant de poutine et ses nombreux changements de logis, il a trouvé le temps de se lancer dans l'aventure de la publication d'une Ultime frousse autour du monde. Pourquoi ce quatrième tome? À cause d'un rendez-vous manqué. Lors de la parution du troisième livre, il était pris quelque part en Équateur. «Je n'ai pas pu venir ici pour dire au revoir et merci aux gens.»

Bruno Blanchet se défend de souffrir du syndrome du Bye Bye: ce quatrième tome est bel et bien le dernier. «Je pense que la boucle est bouclée, dit-il, d'un ton résigné, au cours d'un entrevue avec La Presse. Ça doit se terminer à un moment donné.»

Et histoire de finir les choses en beauté, Bruno Blanchet tient à préciser que son dernier-né contient beaucoup d'inédits: des bouts de chroniques trop longues qu'il avait dû couper à l'époque où il écrivait dans La Presse et qu'il a ressortis de ses carnets de notes.

L'auteur a également l'impression de parler davantage de lui, de se livrer. La destination devient presque accessoire, «un samedi matin au Maroc ou un samedi matin au Mali», c'est l'histoire qui compte. Il y a aussi ce court séjour en Australie où il est allé retrouver son fils, Boris. À travers un récit coloré, on sent toute la tristesse du père qui doit faire ses adieux à fiston à la fin du voyage. «J'ai les yeux mouillés. C'est le moment de parler à Boris. Comment vais-je lui dire?»

Le prochain chapitre

Malgré deux années passées à Bangkok, où il a une maison, une copine, des amis pour la vie et même un restaurant de poutine, difficile de croire que l'homme à l'aube de la cinquantaine restera sagement en place. Même lors de l'entrevue réalisée dans un café de la rue Sainte-Catherine, il a trouvé le moyen de changer de table. Il n'était pas bien. Le soleil l'aveuglait.

«En toute logique, je devrais passer à une autre étape», admet-il. Un retour à Montréal? Il se sent bien dans la métropole, comme il se sent bien à Bangkok. Pendant l'entretien, un coup de fil de sa copine restée là-bas - avec qui il a parlé en thaï - a semblé le ramener l'espace d'un moment dans sa ville d'adoption. Il aime être là-bas comme il aime être ici. La question de son retour reste donc... sans réponse.

Son prochain défi: «Je veux essayer de voyager le passeport dans une poche, la brosse à dents dans l'autre.» Visiblement, toutes ces années où il a bourlingué dans le monde dans des situations parfois difficiles ne lui ont pas donné le goût d'un peu plus de luxe et de confort. «Il ne se passe rien dans une chambre à 600$», lance-t-il sans détour.

Il continue donc de chercher les aventures. Pour y arriver, il a déjà un projet derrière la tête. Il en parle ouvertement, histoire de se «mettre de la pression pour aller de l'avant». Le globe-trotter sent le besoin de se recentrer, de se retrouver avec lui-même. Il veut donc faire un pèlerinage de 1500 km dans l'île de Shikoku, au Japon. En chemin, il pourra découvrir 88 temples bouddhiques. «Je suis ni bouddhiste ni zen, précise-t-il toutefois, le sourire en coin. En principe, je dois le faire avec l'herbe comme oreiller. J'ai envie de prendre mon téléphone et mon ordinateur et de les ranger au fond d'un placard. Je veux voyager seul avec un crayon et un carnet.»

S'il décide de s'isoler un peu, c'est peut-être pour mieux revenir. Avis à ses fans: au bout du parcours naîtra peut-être un nouveau livre du genre «Pèlerinage pour les nuls».

Bruno Blanchet sera au Salon du livre de Montréal aujourd'hui et demain de 16h à 17h30.

L'ultime frousse autour du monde, de Bruno Blanchet, éd. La Presse, 296 p., 32,95$.

PHOTO HUGO-SéBASTIEN AUBERT, LA PRESSE

L'ultime frousse autour du monde est bel et bien le dernier tome de la série, insiste Bruno Blanchet.

Cinq propositions voyages de Bruno Blanchet

De l'Égypte à l'Éthiopie

Prendre un bateau pour passer de l'Égypte au Soudan. Traverser le Soudan et entrer en Éthiopie. «C'est comme passer d'une planète à une autre. Et ce n'est pas facile.»

La Turquie

«C'est un voyage facile, agréable, dans lequel on retrouve des autobus confortables où l'on sert du thé.» Istanbul est évidemment un incontournable.

Les fonds marins du détroit de Somo Somo aux îles Fidji

Une suggestion: faire de la plongée la nuit. «Une fois que tu as fait ça, tu as vraiment l'impression d'être allé dans l'espace. Et ça permet aussi d'éveiller sa conscience environnementale.»

Séjour dans le désert de Gobi en Mongolie

«Surtout, n'organisez rien à l'avance.» Mieux vaut planifier sur place. Les chances de dénicher un circuit - comprenant tente et nourriture - à bas prix sont beaucoup plus grandes.

La Colombie

«Sortez de Carthagène. Allez boire et faites la fête avec les Colombiens.»

Photo Getty Images

La Turquie se retrouve dans les cinq propositions de voyage de Bruno Blanchet.