Des voyageurs intrépides nous racontent leurs histoires. Elles sont parfois rocambolesques et même difficiles à croire. Parfois, aussi, leurs aventures ont surtout d'extraordinaire qu'elles les ont mené plus loin. Dans tous les sens du terme.

Qui?

Une prof de cégep qui a décidé de prendre un semestre de congé pour aller voir ailleurs

Quoi?

Cinq mois passés en Safari Condo sur les routes de l'Amérique du Nord

Où?

Trente-quatre États américains; cinq provinces et deux territoires canadiens

Une pensée a traversé mon esprit au moment où j'ai franchi la frontière, à Lacolle: «J'en suis rendue là...». Nous sommes dimanche, le 20 février 2011.

Depuis mon retour, on me demande: «C'est quoi, Julie, ton coup de coeur?» Je commence par où pour répondre?

Le soleil? À 8000 pieds d'altitude, le soleil est plus près, c'est connu. Ça donne une clarté éblouissante au ciel bleu du plateau du Colorado. Je suis certaine que le ciel est plus bleu au Nouveau-Mexique qu'ailleurs. Et en Alaska et au Yukon, au début de juillet, le soleil se couche passé minuit et se relève à 2h30, la même nuit. Le vent? De quoi écorner un boeuf du Wyoming! Le vent qui charrie l'odeur de la mer, le long du Pacifique. Le vent qui fait rouler les touffes de foin sur la route, comme dans les films de cow-boys.

La neige? Ça m'a empêchée d'aller à Yellowstone, à la fin avril. Il restait encore huit pieds de neige sur la route... J'ai traversé le Wyoming entre les flocons et les bisons.

Les montagnes? J'ai été impressionnée par le mont St. Helens. Du moins ce qui en reste: le volcan a perdu 2000 pieds dans son explosion, en 1980. Ensorcelant. Pas mal moins impressionnée par le mont Rushmore, là où on a gossé les faces de quatre présidents dans la montagne. Si vous êtes dans le coin, allez-y. Mais ne faites pas de détour, même si l'essence est bon marché.

Les déserts? Que j'ai aimé ça. C'est sec, c'est aride, il fait chaud, mais c'est tellement beau! Un peu plus et j'aurais vu passer le coyote poursuivant le roadrunner! À Tucson, j'ai visité le Arizona-Sonoma Desert Museum. La chaleur intense de la Vallée de la mort (42 degrés à la mi-mai) laisse présager ce que peut être celle en plein coeur de l'été. À ne pas fréquenter en juillet, même avec une bouteille d'eau!

L'eau? J'ai vu l'Atlantique et le Pacifique. J'ai traversé deux fois le mythique Mississippi. J'ai traversé le décevant Rio Grande. À peine plus gros qu'un ruisseau. J'ai flotté sur le Great Slave Lake à Yellowknife. J'ai aussi marché sur les eaux... du Great Salt Lake Desert! Parce qu'on était fin avril, il y avait quelques centimètres d'eau sur l'étendue salée. C'était magique! Mais aussi, toutes les nuits où la pluie a dansé sur le toit de mon Safari Condo et a bercé mon sommeil.

La bouffe? Du steak au Texas, comme il se doit. Du saumon en Alaska, comme il se doit. Des oranges en Californie, de la soupe aux gombos en Louisiane, des ribs au Tennessee. Du café dans le tout premier Starbucks à Seattle. Du vin californien.

Les paysages? Tout est à couper le souffle. Les États-Unis sont immenses et rien ne ressemble à rien. J'ai hurlé sans arrêt et j'ai eu régulièrement les yeux mouillés dans mon Safari Condo parce que j'étais en état d'émerveillement constant, en état de grâce perpétuelle.

J'ai gardé contact avec mon monde grâce à mes 148 billets de blogue. J'ai aussi envoyé 429 cartes postales. J'aime écrire. C'est un lien privilégié que j'ai envie d'entretenir, surtout quand je suis loin et hypersensible à ce que je vis.

J'ai écouté la radio, j'ai vu quelques spectacles et quelques musées. J'ai regardé la télé. J'ai espionné mes voisins de camping, j'ai fréquenté des lieux touristiques et des endroits qui n'étaient pas listés dans les guides de voyage. Il y a des avantages à voyager seule: les gens rencontrés s'ouvrent facilement parce qu'ils ont moins l'impression de déranger. J'ai assisté à une messe, à Tucson. J'ai aussi assisté à un concert du Mormon Tabernacle Choir à Salt Lake City, le dimanche de Pâques. J'ai encore la tête remplie de ces milliers de notes chantées avec toute la douceur du monde et l'amour du prochain.

Je suis rentrée à Montréal, le 21 juillet, après avoir pris 10 046 photos et parcouru 34 142 kilomètres. Et dépensé presque autant d'argent. La tête remplie de ces paysages et de ces gens qui m'accompagneront encore longtemps.