Abondamment célébrée dans les poèmes, les chansons et les films, la côte ouest de l'Irlande constitue en quelque sorte l'essence du pays. Autour du vibrant Galway, capitale culturelle de la région, c'est la campagne vert émeraude où paissent les moutons et les célèbres poneys du Connemara. Ce sont aussi les étendues de tourbe, les plaines vallonnées et une quantité incroyable de lacs et de rivières. Des formations rocheuses ponctuent le paysage, reconnu comme rugueux.

Figurant sur la liste des sept nouvelles merveilles du monde, les falaises de Moher sont l'attraction naturelle la plus visitée d'Irlande. À leur plus haut point, elles atteignent 214 mètres et s'étirent sur plus de 8 kilomètres le long de l'océan Atlantique. Et quel panorama! Des images qui restent gravées dans la mémoire.

Le plateau désertique de calcaire gris du Burren et le fjord Killary sont aussi très impressionnants. Surtout lorsque de magnifiques arcs-en-ciel font oublier que c'est la région la plus pluvieuse du pays.

Cela contraste avec l'atmosphère de fête qui règne à Galway. Dans cette ville médiévale où les étudiants constituent le tiers de la population (90 000 habitants), les rues baignent dans la bonne humeur générale. Les pubs, qui se comptent par dizaines, sont bondés et bruyants. La bière coule au rythme de la musique traditionnelle et les Irlandais assument avec humour leur réputation de grands buveurs.

Les festivals se succèdent à un rythme d'enfer. En septembre, j'ai assisté au festival international d'huîtres de Galway, une grande fête à laquelle participe massivement la communauté et où les meilleurs ouvreurs d'huîtres du monde s'affrontent dans une joyeuse mais non moins sérieuse compétition.

La ville protège jalousement son histoire, sans pour autant renoncer à la modernité. Ainsi, un centre commercial a été construit autour du mur de la ville médiévale du XIIIe siècle. Plusieurs édifices datent des siècles derniers et certains commerces sont exploités par la même famille depuis plusieurs générations.

Le fil de l'histoire est résistant à Galway, comme en témoigne l'église collégiale St. Nicholas. C'est la plus grande église paroissiale irlandaise à connaître une fréquentation continue depuis le Moyen Âge. Elle a été construite vers l'an 1320 et agrandie au XVIe siècle alors que Galway était à son apogée. Christophe Colomb s'y est recueilli en 1477, lors d'un voyage entre l'Angleterre et l'Islande.

Une promenade aménagée le long de la rivière qui traverse la ville permet de s'éloigner du brouhaha avant de revenir à la très animée place Eyre, où John F. Kennedy a prononcé un discours quelques mois avant sa mort, en 1963.

De part et d'autre de Galway, la côte ouest d'Irlande est jalonnée de villages de pêcheurs où la vie s'écoule au rythme des marées. Même si les revenus ne sont pas très élevés, les maisons sont bien entretenues et tous les espaces publics sont d'une propreté impeccable. Dans les cafés, où l'on sert de consistants potages accompagnés de savoureux pain brun, les villageois sont très ouverts aux visiteurs. Même s'ils parlent surtout le gaélique irlandais entre eux, la conversation s'engage tout naturellement en anglais devant le feu de foyer, alimenté de briques de tourbe.

Le même accueil chaleureux, avec scones et thé fumant, est réservé à ceux qui s'aventurent sur les routes de campagne. Comme chez ce couple de retraités qui a reconstitué le village Cnoc Suain, sur les fondations de cottages en pierre datant du XVIIe siècle. À Clifden, c'est le Connemara Heritage Centre qui a restauré la petite maison d'un fermier du XIXe siècle dans les montagnes Twelve Bens pour garder l'histoire vivante.

La région compte quantité de jardins et de châteaux où passer d'agréables moments. Le vaste domaine de l'abbaye de Kylemore attire aussi bien les Irlandais que les touristes. Ce château, construit par un riche industriel pour offrir en cadeau à sa femme, est devenu une abbaye lorsque des religieuses belges y ont trouvé refuge pendant la Première Guerre mondiale. Elles y vivent encore, mais une partie du château ainsi que les jardins victoriens et l'église gothique sont ouverts au public.

D'autres châteaux des siècles derniers, tous situés au milieu de grandes étendues vierges, ont été transformés en hôtel de luxe. À la fois élégants et sans prétention, ces hôtels ont la chaleur d'une maison de campagne. On peut lire dans la bibliothèque, se promener dans la forêt ou rêvasser au bord de la rivière. Tout l'équipement nécessaire est mis à la disposition des clients pour pratiquer le tir, la chasse et la pêche sur les terres de la propriété. Et le chef se fait un plaisir d'apprêter les prises du jour.

Pour sa part, le château Ashford propose une expérience hors du commun à son école de fauconnerie. L'entraîneur Diego nous apprend à faire voler des oiseaux de proie dans la forêt jadis fréquentée par l'aristocratie. Un sport royal, dont le seul enjeu est d'admirer la beauté majestueuse de leur vol.