(Paris) Laissez-passer sanitaire, pays classés vert, rouge ou orange, situation vaccinale, quarantaine à l’aller ou au retour… les touristes étrangers qui viendront passer leur vacances en France cet été seront essentiellement européens et peu nombreux.

Depuis deux semaines, le secrétaire d’État chargé du Tourisme, Jean-Baptiste Lemoyne, fait le tour des capitales européennes pour vanter la destination France cet été.

Il a également rencontré des voyagistes des États-Unis, passés avec le Canada jeudi « au vert », signifiant qu’Américains et Canadiens vaccinés peuvent désormais venir en France.

L’objectif est de capter la clientèle pour que la France garde sa place de première destination touristique mondiale qui lui a rapporté, en 2019, 57 milliards d’euros (7,5 % du PIB).

Le « retour à la normale » sera cependant perturbé par les différentes politiques vaccinales, les classements des pays par couleurs, les craintes sanitaires de la COVID-19 et la concurrence de l’Espagne, l’Italie et la Grèce.

La clientèle étrangère sera « essentiellement européenne », annonce Didier Arino, dirigeant de la société de conseil Protourisme qui note « une très forte poussée des clientèles du sud de l’Europe, des Espagnols et des Italiens, au niveau des réservations ».

« Il y a un gros retard auprès des clientèles allemandes et bien évidemment britanniques », souligne-t-il à l’AFP. « Certains pays comme l’Allemagne nous avaient classés en zone difficile, orange, ce qui a une influence sur leur comportement ».

Le Royaume-Uni, qui reste classé « orange » par la France, avait envoyé 13 millions de touristes dans l’Hexagone en 2019 sur les 72 millions de Britanniques partis à l’étranger, selon l’ambassadeur de France à Londres qui s’exprimait début juin dans une visioconférence avec ses homologues et M. Lemoyne et à laquelle a assisté l’AFP.

Emily in Paris et Lupin

PHOTO EMMANUEL GUIMIER, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Au-delà de l’Europe, les États-Unis qui viennent de passer au « vert » restent friands de la France, poussés « par les séries » comme Emily in Paris ou Lupin (notre photo).

« On rattrape le retard sur la clientèle néerlandaise », note M. Arino. Au Pays-Bas, « les vacances en France font partie des droits fondamentaux », avait souligné avec humour l’ambassadeur de France aux Pays-Bas début juin.

La France est la première destination touristique de ce pays dont 50 % de la population part en vacances à l’étranger, selon lui.

Les Néerlandais représentaient avant la crise 10 % de la clientèle des campings (les Allemands 7 %, les Anglais 5 %, les Belges 4 % pour 69 % de Français), selon Sébastien Manceau, associé expert du tourisme au sein du cabinet Roland Berger. Des pourcentages prévus à la baisse cette année.

« D’habitude, Allemands et Néerlandais représentent 30 % de nos clients, là ce sera 10 % », confirme à l’AFP Quentin Schaepelynck, directeur général de Homair Vacances, spécialisé dans les séjours en roulottes.

Au-delà de l’Europe, les États-Unis qui viennent de passer au « vert » restent friands de la France, poussés « par les séries » comme Emily in Paris ou Lupin, selon l’ambassadeur de France à Washington.

Quant aux Asiatiques, « on ne les reverra pas avant longtemps », selon M. Arino, « parce qu’ils ne sont que très peu vaccinés et parce qu’ils ont réussi à maîtriser la pandémie en fermant les frontières : ils n’ont aucun intérêt à les ouvrir pour que leurs ressortissants reviennent dans nos contrées ».

Se pose aussi pour des pays comme la Chine, la Russie ou le Qatar par exemple, le problème de la reconnaissance du vaccin.

Si la France ne s’attend pas à retrouver ses touristes internationaux immédiatement, elle espère combler ce manque par le tourisme national.

« Cette année, 38 millions de Français partiront en vacances ou en court séjour, et 35 millions partiront en vacances en hébergement marchand ou en court séjour marchand, en juillet-août », selon Didier Arino.

« Cela représente déjà, par rapport à 2020, une année record, 2 millions de personnes en plus. On va être dans le record du record », assure-t-il.