(Nice) « Pourquoi ne pas retirer la plage et la mer aussi ? » : à Nice, la décision d’enlever les célèbres chaises bleues sur la Promenade des Anglais pour limiter les regroupements et enrayer l’épidémie de COVID-19 suscite la controverse.

Indissociables de l’image de la ville, les fameuses chaises bleues ont commencé à être dévissées jeudi sur le plus célèbre boulevard de la ville où elles sont une invitation à s’asseoir face à la mer. Prisées des promeneurs, les 440 chaises devaient être enlevées vendredi.

Leur retrait, ainsi que celui d’autres éléments de mobilier urbain, a pour but d’éviter « tous les regroupements », selon le maire LR Christian Estrosi. Inquiet de l’évolution récente de la maladie dans les Alpes-Maritimes, ce dernier s’est également dit favorable à un couvre-feu dès 20 h.

Depuis le début de la crise sanitaire, l’élu a multiplié les mesures contre le virus, mettant en scène la réception en avril à l’aéroport de masques achetés en Chine par la ville, promulguant des arrêtés avant ceux de la préfecture, se dotant d’un conseil scientifique et calquant le calendrier de ses annonces sur celui du gouvernement.

PHOTO VALERY HACHE, AGENCE FRANCE-PRESSE

Indissociables de l’image de Nice, les fameuses chaises bleues ont commencé à être dévissées jeudi sur le plus célèbre boulevard de la ville où elles sont une invitation à s’asseoir face à la mer. Prisées des promeneurs, les 440 chaises devaient être enlevées vendredi.

Mais sa dernière initiative lui vaut sur les réseaux sociaux une avalanche de commentaires indignés. « Honte », « dictature sanitaire », « n’importe quoi ». « N’oubliez pas aussi de retirer les galets des plages et les sièges des trams par précaution ! ! », a ironisé un internaute.

D’autres saluaient en revanche des mesures « nécessaires pour sauver des vies ».

« Nous comprenons l’émotion que peut entraîner chez les Niçois la suppression provisoire de ces chaises. Cependant, il est primordial de freiner au maximum la circulation du virus en limitant les interactions. Les chaises bleues entraînent des regroupements de personnes sans geste barrière, à moins d’un mètre les uns des autres. Les enlever temporairement nous permet de maintenir la promenade ouverte afin que chacun puisse s’y aérer », a souligné auprès de l’AFP le Dr Richard Chemla, adjoint au maire chargé de la Santé.

La chaise bleue de Nice a été imaginée après la Seconde Guerre mondiale pour remplacer les modèles en osier moins robustes qui s’envolaient à chaque tempête.

Lamelles en bois boulonnées sur du métal : tout était fabriqué par une entreprise familiale qui en produit toujours environ 200 par an à Tourette-Levens près de Nice pour les amateurs de vintage, mais qui ne livre plus la Promenade des Anglais depuis que la municipalité a fait redessiner la chaise par l’architecte Jean-Michel Wilmotte les années 1990. Les modèles réduits ou miniatures se vendent également très bien comme souvenirs pour les touristes.