(Vienne) Le Musée Sigmund Freud rouvre samedi à Vienne après 18 mois de rénovation et d’agrandissement, montrant pour la première fois les appartements privés laissés vacants par le fondateur de la psychanalyse à son départ pour Londres en 1938.

Situés dans un immeuble bourgeois du centre-ville depuis 1891, ils jouxtaient au premier étage du numéro 19 de la Berggasse le cabinet médical où les patients venaient s’allonger sur un divan pour faire parler leur inconscient.

En 1971, ce cabinet était devenu un musée avec la bénédiction d’Anna, la fille de Sigmund Freud, mais pas les appartements.

Depuis, barbe taillée et lunettes rondes, le médecin né en 1856 dans l’Empire d’Autriche est devenu une « icône pop », l’un des visages les plus connus de Vienne.

Devenu trop petit pour faire face à une fréquentation toujours en hausse, le musée a donc lancé des travaux et en a profité pour dévoiler les pièces dans lesquelles vivait la famille.

La nouvelle exposition permanente retrace, notamment avec des films et des photos, le riche parcours de Sigmund Freud, médecin, théoricien, collectionneur, éditeur et écrivain. Selon la directrice du musée Monika Pessler, elle doit faire vivre « l’enseignement de Freud pour une société ouverte ».

Le musée passe de 280 à 550 m2, une bibliothèque a été ouverte. Mais les intérieurs n’ont pas été reconstitués.

En fuyant le nazisme pour trouver refuge en Grande-Bretagne un an avant sa mort, le théoricien juif des rêves et de l’inconscient a emporté presque tous ses meubles avec lui. Ils se trouvent encore dans sa dernière demeure britannique, elle aussi ouverte au public.

Pour l’architecte Herman Czech, on aurait « falsifié l’histoire en ramenant le sofa de Londres ». Il fallait au contraire montrer « qu’il n’y a plus rien ici », a-t-il dit à des journalistes cette semaine.

Ce vide symbolise « la perte de culture et d’humanité » de l’Autriche annexée par Hitler, a-t-il expliqué en présentant le résultat des travaux, retardés de quelques mois par la pandémie.

Le musée honore aussi la mémoire de plusieurs dizaines d’habitants de l’immeuble, les voisins des Freud, déportés en camp d’extermination.