Il a longtemps pâli de la comparaison avec Vienne et Salzbourg, les deux grands pôles touristiques d'Autriche. Or, depuis 10 ans, Linz revendique une place bien à lui au pays de Mozart: celle d'une ville en mutation, qui sait conjuguer charmes du passé et modernité.

Il faut dire que l'obtention en 2009 du titre de Capitale culturelle de l'Europe a donné une véritable impulsion à la ville universitaire et industrielle. Dans la foulée de cette année de festivités, Linz s'est refait une beauté. Mieux, il s'est doté d'institutions culturelles d'envergure internationale, à commencer par le Musiktheater, un opéra tout neuf achevé en 2013.

Chaque soir, on peut assister à un concert classique, une comédie musicale, un ballet... Les billets ne sont jamais plus chers que 100 euros; les spectacles affichent souvent complet.

Dans la salle principale décorée de bois et d'acier, chacun des 950 sièges est doté d'un écran tactile pour faire défiler les surtitres des opéras. En journée, des étudiants en musique offrent des visites guidées des coulisses.

Avec le musée d'art moderne, Lentos Kunstmuseum, l'Ars Electronica Center est l'autre incontournable de ce Linz moderne. Situé sur la rive nord du Danube, dans le secteur qui était après la guerre sous la férule des Soviétiques, ce «musée de l'avenir» est consacré aux nouvelles technologies. Ici, il est possible d'expérimenter la réalité virtuelle sous plusieurs formes, d'assister à une projection immersive, d'imprimer en 3D une oeuvre qu'on a soi-même dessinée ou de participer à des expériences stupéfiantes avec la seule force de notre cerveau.

Linz classique

Autant de modernité ne signifie pas pour autant que Linz a renié son passé. Les habitants bombent encore le torse en disant que c'est chez eux qu'a été conçue la plus ancienne recette d'Autriche, celle - vieille de plus de 300 ans - de la Linzertorte, un gâteau à base de groseilles, parfumé à la cannelle. Au café Jindrak, on en prépare chaque jour de nouvelles fournées, et ce, depuis 1929.

Le coeur de la ville demeure toutefois Hauptplatz, la plus grande place fermée d'Europe. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, 75 % de la ville a été détruite, mais le quartier historique a été miraculeusement épargné, y compris la grande place.

C'est l'endroit pour admirer la colonne de la Trinité dorée, déguster une glace ou monter à bord du tram 50, qui grimpe avec un aplomb étonnant l'à-pic menant au sommet de la colline de Pöstlingberg.

Photo Stéphanie Morin, La Presse

Le Lentos Kunstmuseum voisine un quai fréquenté par les bateaux de croisière.

Une basilique à double clocher domine ce promontoire. On peut d'ici admirer Linz en entier et les nombreux clochers (52, dit-on) qui tranchent sur le vert des collines environnantes. Le plus facile à repérer est celui de la cathédrale de l'Immaculée-Conception (Mariendom). Normale, c'est la plus grande église de tout le pays!

On voit le Danube, qui scinde la ville en deux (et qui n'est pas bleu, contrairement à la célèbre valse de Johann Strauss). Autour de Linz, le fleuve déroule ses longs méandres alors qu'au loin, on aperçoit les sommets enneigés des Alpes.

La colline de Pöstlinberg cache aussi - depuis 100 ans, rien de moins - une étrangeté: Grottenbahn, la grotte des nains. Les familles (mais pas que) peuvent emprunter sous terre un petit train illuminé conduit par un dragon cracheur de fumée. Les rails traversent des scènes de contes célèbres où trônent statues de fées, de lutins, de sorcières et de nains.

Malgré les efforts pour moderniser l'attraction touristique, cette grotte baigne dans une indéniable ambiance surannée, qui donne l'impression d'entrer dans les pages d'un vieux livre pour enfants. La réalité augmentée n'a pas atteint le royaume des nains. Et c'est très bien.

Photo Stéphanie Morin, La Presse

L'Ars Electronica Center et au loin, la colline de Pöstlinberg