La chute du mur de Berlin, il y a 30 ans cet automne, a sonné le glas de la RDA, la République démocratique allemande. Dans de petites villes comme Erfurt et Magdebourg, ou encore dans l’est de la capitale, Berlin, le dynamisme retrouvé depuis la fin du régime communiste est beau à voir, même si la guerre froide a laissé des traces… Visite au cœur de l’ex-RDA.

La ceinture verte

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La « ceinture verte », où passait l’ancienne frontière, abrite une faune et une flore d’une grande diversité.

La frontière entre les deux Allemagnes est bel et bien une affaire du passé, mais là où s’élevait auparavant le rideau de fer se trouve aujourd’hui la « ceinture verte », qui s’étend sur 1400 km dans le pays. Ce no man’s land vert a été complètement épargné par l’industrie ou le développement immobilier depuis plus d’un demi-siècle. Il abrite une faune et une flore d’une impressionnante diversité. Les Allemands disent qu’ils ont transformé cette ligne de mort en ligne de vie.

À l’est de Francfort, tout près de l’ancienne frontière, la Réserve de biosphère de la Rhön a été reconnue officiellement par l’UNESCO. C’est un paradis pour les marcheurs et les cyclistes. Noah’s Sail permet d’admirer les montagnes de la Rhön sur une plateforme d’observation située à 800 mètres d’altitude. La vue panoramique sur les lands de Rhön, de Hesse, de Thuringe et de Bavière est superbe. La ceinture verte ne se limite pas à l’Allemagne. Ce vaste réseau écologique de 13 000 km traverse 23 pays européens, dont la Pologne, la République tchèque, l’Autriche, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie et la Hongrie.

Mémorial Point Alpha

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Le Mémorial Point Alpha

Le Mémorial Point Alpha se trouve à quelques dizaines de kilomètres au nord de la réserve de la Rhön. La visite commence par la Maison de la frontière. Une exposition permanente y explique le dur régime frontalier de la République démocratique allemande, et l’affrontement des deux mondes pendant la guerre froide. 

De nombreuses photos d’archives montrent à quel point la frontière a été fortifiée au fil des années. « Dès 1952, le régime a renforcé la frontière avec une ligne de démarcation, des barbelés, la construction de tours et l’ajout de soldats. En 1961, il y a même des mines qui ont été installées entre deux murs. De 1949 à 1961, on estime que 2,7 millions de personnes ont fui la RDA pour aller vers l’Ouest jusqu’à la construction du mur de Berlin dans la nuit du 12 au 13 août 1961 », explique Arndt Macheledt, historien et bénévole à la Fondation Point Alpha.

On marche ensuite le long de l’ancienne frontière, et on arrive à l’ancien poste d’observation de l’armée américaine Point Alpha, qui permettait de surveiller la vallée de la Fulda, un endroit considéré comme un lieu d’évasion. On peut monter dans la tour et visiter l’ancien camp militaire américain.

Consultez le site du Mémorial : https://pointalpha.com/fr/le-memorial-point-alpha

Erfurt

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Le pont de l’Épicier, à Erfurt, est le plus grand pont habité d’Europe. On y trouve galeries d’art et petites boutiques.

À mi-chemin entre Francfort et Berlin, Erfurt est une ville de 200 000 habitants, capitale du land de Thuringe, qui faisait partie de l’ancienne RDA.

La ville fondée au VIIIe siècle, très préservée, est composée de jolies maisons médiévales à colombages aux façades très colorées. Il faut visiter l’imposante cathédrale d’Erfurt (Sainte-Marie) qui domine la place Domplatz où Martin Luther, grand théologien considéré comme le père du protestantisme, fut ordonné prêtre en 1507.

Le pont de l’Épicier, monument emblématique de la ville est le plus long pont habité d’Europe. Il mesure 120 mètres, est composé de 62 maisons aujourd’hui regroupées en une trentaine ; on peut d’ailleurs visiter l’une d’elles.

Erfurt accueille depuis 2012 le Centre éducatif et mémorial Andreasstrasse ou le Musée de la prison de la Stasi. Ce musée s’est installé dans l’ancienne prison d’Erfurt, construite en 1878 et devenue ensuite centre de détention de la Stasi, la redoutable police secrète du régime communiste qui espionnait les citoyens de la RDA. 

La visite de la prison donne froid dans le dos. Les cellules sont étroites, les prisonniers y étaient entassés à six. On y visite aussi des cellules où se déroulaient les longs interrogatoires, ainsi que la salle de confinement. On y pénètre en ressentant une certaine douleur, même 30 ans plus tard. « La Stasi voulait obtenir des confessions, et toutes les méthodes étaient utilisées pour les obtenir », rappelle Judith Meyer, responsable des programmes éducatifs du centre. Une exposition permanente sur les thèmes de la détention, de la dictature et de la révolution complète la visite.

Consultez le site du bureau de tourisme d’Erfurt : https://www.erfurt-tourismus.de

Magdebourg

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La citadelle verte a été inaugurée en 2005 à Magdebourg.

Toujours plus à l’est, à quelque 150 km de Berlin, sur les rives de l’Elbe, la capitale du land de Saxe-Anhalt est une ville qui surprend avec son patrimoine culturel qui date de plus de 1200 ans. C’est l’une des villes les plus vertes d’Allemagne. La cathédrale de Magdebourg est la plus ancienne cathédrale gothique du pays.

L’une des plus belles preuves du dynamisme de Magdebourg depuis la fin du régime communiste est sa célèbre citadelle verte. Cette audacieuse création de l’architecte autrichien Friedensreich Hundertwasser a été inaugurée en 2005. L’immeuble à la façade très colorée a été contesté par une partie de la population à l’époque. « Vous pouvez imaginer que les habitants n’étaient pas ravis de ce contraste par rapport aux immeubles avoisinants alors qu’aujourd’hui, la citadelle fait partie intégrante de la ville », explique Matias Tosi, directeur artistique de la citadelle qui est composée de 55 appartements à loyers abordables, de boutiques, de cafés, d’un hôtel et d’une garderie. Le toit est recouvert de plantes et de végétation. Il est possible de faire des visites guidées. Attention, il faut réserver. 

L’Elbauenpark de Magdebourg est un autre exemple de ce qu’on a pu créer ici après la réunification des deux Allemagnes. Cet espace de 100 hectares était autrefois une zone militaire. Il est désormais composé de jardins fleuris et propose de nombreuses activités pour toute la famille. On peut monter dans la tour du Millénaire, une étrange construction en bois qui abrite une exposition sur l’histoire de l’humanité.

Consultez le site de la citadelle (en anglais) : http://www.gruene-zitadelle.de/en/content/guided-tours-green-citadel

Berlin-Est

PHOTO FOURNIE PAR L’HÔTEL

La piscine historique de l’hôtel Oderberger, à Berlin-Est

S’il y a un quartier de l’ancien Berlin-Est qui a beaucoup changé depuis la réunification, c’est bien Prenzlauer Berg. « C’était le quartier de la contre-culture, des intellectuels, artistes et étudiants. Après la chute du Mur, les immeubles du quartier ont été rénovés, puis il s’est beaucoup embourgeoisé, les loyers ont augmenté, il y a de jolies boutiques, des restaurants et des cafés, bref, c’est un quartier très prisé qui est fréquenté désormais par des familles plus aisées », indique Ronald van Velsen, un Hollandais qui habite le quartier et qui organise des visites de Berlin à vélo.

Consultez le site de l’entreprise : https://berlinonbike.de/fr/

Une ancienne brasserie a aussi été transformée en centre culturel, le Kulturbrauerei. Le Mauerpark (le parc du Mur) est situé sur l’ancien tracé du mur. Des musiciens et des amateurs de karaoké s’y retrouvent, tout comme des joueurs de soccer et de basketball. Un marché aux puces très populaire s’y tient tous les dimanches.

Consultez le site du marché aux puces : https://www.mauerpark.info/?lang=en

L’hôtel Oderberger fait partie de ce quartier. Cet ancien bain public a été transformé en hôtel en 2016. La piscine de 20 mètres a été conservée et est toujours ouverte au public. Conçu en 1898, l’immeuble a survécu à la guerre, mais il a dû fermer ses portes en 1986 à cause de son mauvais état. C’est en 2011 que l’immeuble a été acheté par les propriétaires de l’école de langues située juste derrière. « C’était naturel pour ma mère, qui a fondé cette école où on apprend l’allemand, d’acheter cet immeuble il y a 30 ans. Pour les étudiants étrangers qui séjournent à Berlin, ça fait partie de l’expérience du quartier, ils peuvent profiter de la piscine historique », explique Verena Jaeschke, directrice de l’hôtel.

Consultez le site de l’hôtel : https://www.hotel-oderberger.berlin/?lang=en