(Paris) Le Louvre et plusieurs grands musées parisiens ont subi de plein fouet les conséquences de la pandémie de COVID-19, subissant des baisses de fréquentation de plus de 70 % en 2020.

Le plus grand musée du monde, fermé pendant six mois, aura accueilli 2,7 millions de visiteurs en 2020, soit-72 %, en comparaison avec les 9,6 millions de visiteurs en 2019 et le record absolu de 10,2 millions en 2018.

Durant la période estivale et aux vacances de la Toussaint, le musée, privé de touristes étrangers — Américains, Chinois, Japonais, Brésiliens… — qui représentent habituellement 75 % des entrées — a heureusement vu le public hexagonal au rendez-vous : 84 % des visiteurs.

Les pertes de recettes du Louvre s’élèvent à plus à 90 millions d’euros, alors que l’aide de l’État s’élevait à 46 millions d’euros.

L’absence de touristes étrangers s’est fait aussi sentir au château de Versailles, un des sites les plus visités de France : environ 2 millions de visiteurs s’y sont pressés en 2020 (contre 8,2 millions en 2019), soit une fréquentation de baisse de 75 % environ.

De même, l’Établissement public regroupant le musée d’Orsay et celui de l’Orangerie a affiché une chute de 77 % par rapport à 2019, année record pour ces deux musées.

Le Centre Pompidou a vu l’affluence baisser dans ses murs de 72 %, tout comme le musée de l’Armée. Un peu plus d’un million de visiteurs se sont rendus dans la douzaine de musées de la Ville de Paris (Petit Palais, Musée d’art moderne, Musée Guimet, etc.), ce qui leur fait enregistrer une baisse de 54 %. Le Grand Palais, avant sa fermeture pour travaux jusqu’en 2024, a accueilli moins de la moitié de visiteurs qu’en 2019.

L’année 2020 a été marquée par la forte diversification de l’offre numérique des musées, qui a très bien marché lors du premier confinement, du Louvre à Versailles. Mais l’effet s’est sensiblement essoufflé au deuxième du fait de la multiplication des offres sur l’internet et d’une certaine lassitude à l’égard du virtuel.

Le Louvre compte désormais 9,3 millions d’abonnés sur les réseaux sociaux (+1,02 million d’abonnés par rapport à 2019), et 21 millions de visites ont eu lieu sur le site louvre.fr.

Face à l’absence de calendrier pour une reprise des activités, les musées sont partagés entre compréhension et amertume.

Des expositions phares comme Le corps et l’Âme de Donatello à Michel-Ange au Louvre, Matisse, comme un roman au Centre Pompidou ou Les Olmèques au Quai Branly rongent leur frein dans l’obscurité, après quelques semaines seulement d’ouverture, tandis que d’autres comme l’ambitieuse exposition sur l’art et les sciences au XIXe siècle, Les origines du monde à Orsay n’ont même pas pu ouvrir.

Bien que pouvant s’adosser sur la sécurité que constituent les contributions de l’État, les grands musées publics diversifient leurs sources de financement, pour pallier l’appauvrissement de la billetterie, du mécénat et de l’organisation d’évènements. Ils devraient accentuer les actions de médiation, notamment vers le public francilien, et opter pour moins de grandes expositions et une mise en valeur de leurs collections, souvent négligées.