L’Union européenne entend de nouveau fermer ses frontières aux voyageurs canadiens d’ici vendredi, en raison de la situation épidémiologique au Canada. Les États membres ont toutefois la liberté de décider s’ils appliquent ou non la recommandation de l’UE, laissant la possibilité de voyager vers le Vieux Continent incertaine pour les jours à venir.

Le Canada, mais aussi la Tunisie et la Géorgie, figuraient à la liste des 11 pays pour lesquels l’Union européenne avait fait une exception en ouvrant ses frontières à leurs voyageurs, au début de l’été. Les représentants des 27 membres de l’UE auraient décidé de les retirer, selon l’Agence France-Presse, en raison de l’augmentation de leur nombre de cas de COVID-19.

« En raison d’une forte hausse des cas d’infection à la COVID-19, la Géorgie, le Canada et la Tunisie ont été retirés de la liste », a-t-on indiqué de source diplomatique européenne, ajoutant que « Singapour va être ajouté à la liste en raison d’une amélioration des taux d’infection ».

La liste passe donc de onze à neuf pays. La recommandation adoptée n’est toutefois pas contraignante puisque chaque État membre reste compétent en matière de contrôle de ses frontières et des voyageurs qu’il laisse entrer sur son territoire. Il faut donc attendre pour savoir si les pays membres l’appliqueront ou non.

Les compagnies aériennes n’en savaient pas davantage, mercredi soir.

« Aucune annonce officielle n’a été faite pour l’instant. Nous surveillons la situation de près et sommes en étroite communication avec les services diplomatiques canadiens », a laissé savoir Marie-Christine Pouliot, porte-parole pour Air Transat.

« On va regarder l’impact sur nos réservations. De toute façon, une partie significative des passagers de ces vols sont des citoyens européens (en visite familiale) », a aussi laissé savoir Christophe Hennebelle, vice-président aux ressources humaines et affaires publiques chez Air Transat.

Le transporteur aérien mise sur une politique qui permet aux voyageurs de modifier ou d’annuler un vol jusqu’à 24 h avant le départ pour s’adapter aux incertitudes qui chamboulent l’industrie du tourisme depuis des mois. N’empêche, l’industrie bat de l’aile et cette nouvelle, si elle se confirme, sera un autre coup dur pour les pilotes, qui ont appris la semaine dernière que l’entreprise ne gardera que 91 pilotes actifs sur les 690 prépandémie. Lors de la reprise des vols, en juillet, 188 pilotes avaient été rappelés. Désormais, Transat ne conservera que deux avions en opération et prévoit en utiliser quatre durant le temps des Fêtes.

« Sans débloquer la frontière, on voudrait que le gouvernement ait une approche plus scientifique de la quarantaine, que ce ne soit pas obligé d’être 14 jours », avance Pierre Lessard, président du syndicat des pilotes de Transat.

« Après le 11 septembre, il y a des mesures qui ont été mises en place, on a ajouté des vérifications de sécurité. Là, le gouvernement ne fait rien. Même s’il devait y avoir un vaccin, ça prendrait encore plusieurs années avant que tout le monde soit vacciné. On va rester comme ça tout le temps ? Ils n’ont aucun plan », déplore-t-il.

Air Canada n’a pas voulu commenter la nouvelle et préfère attendre que la décision soit officielle avant de prendre position.

De la mi-mars à aujourd’hui

Pour lutter contre la propagation de la pandémie, l’UE a décidé à la mi-mars d’interdire les voyages « non essentiels » sur son territoire en provenance de pays tiers. Les 27 se sont ensuite entendus en juin sur une liste de 15 pays faisant exception à cette règle. La liste a été réduite à 11 pays en août.

Elle comporte désormais l’Australie, le Japon, la Nouvelle-Zélande, le Rwanda, la Corée du Sud, la Thaïlande, l’Uruguay et Singapour, ainsi que la Chine, mais sous réserve de confirmation de la réciprocité pour ce dernier pays.

Les interdictions de voyages vers l’Union ne concernent pas les citoyens et résidents de longue durée de l’UE et leurs familles. Une exemption est également prévue pour les voyageurs ayant une fonction ou des besoins essentiels comme le personnel médical.

Avec Jean-Francois Codère, La Presse et l’Agence France-Presse