(Paris) Une forte présence policière, une armée d’agents d’accueil, des ronds sur le sol, des sens de circulation, des parois de plexiglas, des masques pour tous et du gel à foison : la Gare Montparnasse a changé de visage pour accueillir les voyageurs à l’ère du coronavirus.

Il faut passer sur le côté pour entrer dans cette grande gare du sud de Paris d’où l’on s’embarque pour Rennes, Nantes ou Bordeaux. L’accès principal, qui donne sur le parvis, est réservé à la sortie. Du moins pendant les heures de pointe.

Ceux qui n’ont pas leur masque sont refoulés et dirigés vers la pharmacie de l’entrée latérale ou vers un distributeur. À l’intérieur, le kiosque Relay en vend quelques-uns, au prix maximum autorisé.

« On a revu l’entièreté du parcours client, à chaque étape, en se posant la question de la sécurité sanitaire supplémentaire qu’on souhaitait apporter », explique à l’AFP Agnès Ogier, la directrice de l’axe Atlantique à la SNCF.

« Ce qui a été difficile, c’est de tout faire très, très vite. Mais il faut que tout soit impeccable au moment où les clients reviennent ».

Un peu partout, de grandes bornes jaunes distribuent sans contact du gel hydroalcoolique. Les publicités ont disparu, remplacées par des messages de prévention.

Seuls quelques marteaux piqueurs troublent le calme général. Les travaux de rénovation de la gare ont repris, après quelques semaines de pause forcée.

Les voyageurs sont masqués et disciplinés, guidés, assistés et surveillés par de très nombreux agents d’accueil et de sécurité qui au besoin rappellent qu’il faut aussi couvrir son nez.

Sur le vaste quai transversal, la plupart attendent leur train dans les ronds tracés au sol pour rappeler les règles de distanciation sociale. Dans un inhabituel ordonnancement.

« C’est un peu particulier, mais ça se passe plutôt bien. On s’adapte assez rapidement. Et puis il faut le faire pour tout le monde, pour qu’on sorte de cette période le plus tôt possible », témoigne Timothée, jeune voyageur en partance pour Bordeaux.

Attestation obligatoire

« Il y a une sérénité qui se communique entre les voyageurs et les agents », se réjouit Pierre Daudigeos, directeur adjoint de l’unité opérationnelle de la gare.

PHOTO THOMAS SAMSON, AGENCE FRANCE-PRESSE

Sur le vaste quai transversal, la plupart attendent leur train dans les ronds tracés au sol pour rappeler les règles de distanciation sociale. Dans un inhabituel ordonnancement.

L’espace de vente des billets grandes lignes, qui venait d’être réaménagé, a rouvert après quelques travaux pour l’adapter à la nouvelle donne : un contrôle à l’entrée, du gel obligatoire, un sens unique pour que les clients ne se croisent pas, un seul client à la fois, du plexiglas aux guichets, et encore du gel à la sortie. La distanciation touche aussi les automates, plusieurs sont condamnés.

L’endroit est nettoyé quatre fois par jour avec des produits virucides, en plus du grand lessivage nocturne.

« Les gens viennent surtout pour des échanges de billets, l’après-vente avait été mis en sommeil pendant le confinement », témoigne M. Daudigeos.

« Il y a aussi du voyage classique qui revient petit à petit, pour le jour même ou le lendemain. Mais pas encore de voyage en anticipé, il y a encore beaucoup d’incertitudes », ajoute-t-il. L’annonce par Édouard Philippe, jeudi, que les Français devraient pouvoir partir en vacances en France cet été devrait changer la donne.

Au départ du TGV pour Brest, une rangée d’agents SNCF vérifient — encore — que les voyageurs ont bien leur masque derrière le portique d’embarquement, suivis par des policiers qui contrôlent les attestations, obligatoires pour qui fait plus de 100 km.

D’autres contrôles, plus aléatoires, attendent ceux qui arrivent. À défaut d’être renvoyés en province, ils risquent 135 euros (206 $) d’amende s’ils ont voyagé sans le document.

« On ne sent pas spécialement les gens stressés », constate Emmanuel Tareau, un contrôleur venant de Rennes.

Les agents ont repris leurs rondes à bord, plus pour l’instant pour vérifier que les masques sont bien mis que pour contrôler les billets, même si « ce n’est pas interdit ».

« Il y a déjà pas mal de gens qui ont besoin de se déplacer. Il y a des impératifs familiaux, on a besoin d’aller porter assistance à un parent ou un malade, on a besoin de reprendre la vie économique... », constate Agnès Ogier.

« La SNCF voulait accompagner cette reprise », souligne-t-elle. « Et honnêtement, ça se passe vraiment bien. »