(Tours) Un des joyaux du patrimoine français, le château de Chenonceau, bâti comme Venise sur des pieux de bois, est menacé par la sécheresse inédite pour un mois d’avril qui dénude ses fondations.

Le danger est tel que la préfecture d’Indre-et-Loire a décidé jeudi de relever le niveau du Cher, un affluent de la Loire qu’il enjambe, en autorisant « par dérogation » à relever immédiatement le barrage à aiguilles voisin, « compte tenu des risques qu’un faible niveau d’eau au droit du château de Chenonceau fait courir à la structure de cet édifice ».

La décision a été prise au vu de « la situation hydrologique exceptionnelle du Cher », dont la profondeur est réduite à une trentaine de centimètres de profondeur par endroit contre 1,20 m d’ordinaire en cette saison et alors que le beau temps est installé sur la France pour les jours à venir.

L’architecte en chef des Monuments historiques a soutenu la mesure en « faisant état d’une stabilité précaire et d’un risque accru en cas d’assèchement prolongé des substructions ».

Le relèvement du barrage, situé à 1,5 km en amont du Château, va permettre de faire remonter le niveau du Cher sous les arches de la double galerie.

« Une partie des arches du château de Chenonceau est construite sur des pieux de bois comme à Venise », explique à l’AFP Caroline Darrasse, directrice de la communication du château. « Ces pieux ne doivent pas être hors d’eau pendant une trop longue période car cela fragilise la structure du monument », ajoute-t-elle en reconnaissant « une grande inquiétude ».  

« Le patrimoine français a besoin plus que jamais d’être protégé car il est très vulnérable », fait valoir Mme Darrasse, alors que la cathédrale Notre-Dame de Paris vient d’être gravement abimée par un incendie.

Chenonceau, château de la Renaissance, est surnommé le château des Dames en raison du grand nombre de femmes qui en ont eu la charge, de Diane de Poitiers, maîtresse du roi Henri II, à la reine Catherine de Médicis, qui l’a agrandi.