Amtrak reprenait son service entre Montréal et New York au mois d’avril après une pause de trois ans. Cela vaut-il la peine de voyager pendant 11 heures pour se rendre au cœur de la Grosse Pomme ? Si vous êtes patients et avez de quoi vous tenir occupé, pourquoi pas !

Lisez l’annonce de la reprise du service de train

Un billet à prix abordable, un horaire plus contraignant

Avec l’autocar (qui peut prendre jusqu’à neuf heures), l’Adirondack Train est la manière la plus écologique de voyager jusqu’à Manhattan. C’est aussi la moins chère, à 70 $ US (environ 95 $ CAN) dans chaque direction (il faut acheter les billets d’aller et de retour séparément).

En aller-retour, c’est sûr que vous « perdez » deux journées complètes de votre vie, puisque le trajet ne se fait pas de nuit, comme c’était le cas du Montrealer à une autre époque. De Montréal, le départ est à 11 h 10, pour une arrivée vers 22 h. De New York, le train quitte Penn Station à 8 h 40 et arrive à la gare Centrale vers 20 h.

Mais on peut aussi voir la chose autrement. Ceux et celles qui ont un boulot leur permettant de travailler à distance peuvent très bien faire le trajet avec les yeux rivés sur leur portable plutôt que sur le paysage.

PHOTO ÈVE DUMAS, LA PRESSE

Le train s’apprête à quitter Montréal, direction New York !

Dans un des articles de notre dossier récent sur l’ennui, publié le dimanche 21 mai, l’homme de théâtre Hugo Bélanger parlait justement de son appréciation du train Adirondack. « C’est 11 heures de temps ! Aller-retour, ça fait 22 heures ! […] C’est comme un bureau mobile. Tu ne fais rien, il y a un côté hypnotique, le décor change et tu n’as pas le choix ! C’est sûr qu’il y a le WiFi, alors c’est dangereux. Mais sinon c’est comme une prison mobile. […] Ça m’inspire profondément », a-t-il confié à notre collègue Silvia Galipeau. Sachez toutefois que le WiFi en question est très instable. Armez-vous de données !

La contemplation est un état sous-estimé. On dit que le trajet de l’Adirondack est un des plus beaux en Amérique du Nord. Nos attentes étaient peut-être un peu élevées.

Certes, environ à mi-chemin, il y a le Willsboro Way, à peu près en face de Burlington, au Vermont, qui passe à 100 pieds au-dessus du lac Champlain. C’est le passage le plus impressionnant. Le conducteur le dit : « It’s one of the best parts ! » On aperçoit aussi des hérons dans un paysage marécageux et même une biche dans la forêt. Mais la portion québécoise, elle, est surtout constituée de champs de maïs à perte de vue et de néomanoirs à Brossard.

L’observation n’est pas votre truc ? Avec de la lecture, des films ou des séries téléchargés sur sa tablette, de la musique ou des applis de méditation, un carnet pour dessiner, le temps passe. Pas vite. Mais il passe ! Vous voudrez aussi manger. Le café du train n’est pas mal, avec un choix de spécialités matinales, de sandwiches, de plats chauds, de grignotines et de boissons.

Des arrêts sur le chemin de l’Adirondack train

À l’aller comme au retour, le train est loin d’être plein. Au départ de Montréal, nos voisins de wagon sont, entre autres, un adolescent d’Ottawa qui rend visite à sa mère à Philadelphie (il n’est pas arrivé, celui-là !), un homme âgé en route pour rejoindre sa sœur à New York, un danseur de Brooklyn qui rentre chez lui, un couple d’Américains enchantés par leur séjour à Québec.

Moins il y a de monde, plus le passage aux douanes est rapide. À l’aller, le train s’arrête pendant environ une heure et quart. C’est encore plus rapide au retour, ce qui nous attire les félicitations du conducteur !

S’il peut y avoir jusqu’à 17 arrêts en chemin, nous n’en avons fait qu’une dizaine. Plattsburgh, Saratoga Springs, Albany… Au retour, nous en profitons pour descendre à Albany, louer une voiture et nous promener dans les Catskills. Pour rembarquer dans l’Adirondack deux jours plus tard, il faut évidemment racheter un billet pour la portion Albany-Montréal.

Si votre plan est de marier ville et campagne, la voiture de A à Z est une meilleure option, car en additionnant le prix de deux billets de train (portions N. Y.-Albany puis Albany-Montréal) et d’une location de voiture pour deux jours au retour, la facture monte à 460 $ CAN.

Mais c’est aussi possible de s’arrêter avec le train dans le très joli village de Hudson puis de profiter de ses nouveaux hôtels, cafés, boutiques et restaurants sans même avoir besoin d’une auto. La gare est à 10 minutes de marche du magnifique Maker Hotel, entre autres.

Au retour d’Albany, nous discutons avec une dame du Texas qui a volé jusqu’à New York pour prendre l’Adirondack jusqu’à Montréal, où elle passera du temps avec ses amis de Verdun. Elle adore voyager en train. « C’est relaxant. » Il n’en demeure pas moins qu’après 11 heures à bringuebaler, on finit par avoir hâte d’arriver.

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    Nombre de passagers qui ont pris le train entre Montréal et New York en avril 2023
    Source : Amtrak