(Hollywood) Avec sa forme d’immense guitare électrique, le nouveau Hard Rock Hotel et casino de Floride est le dernier pari de la déjà (très) riche tribu amérindienne Séminole.

Cet extravagant projet à 1,5 milliard de dollars est inauguré jeudi à environ 30 kilomètres au nord de Miami, et promet de conférer à l’endroit un air de Las Vegas.

L’édifice aux façades en verre bleuté compte 1200 chambres d’hôtel, 7000 places assises pour le casino, et plus de 3000 machines à sous et tables de jeu.

L’ensemble de la communauté amérindienne est très présente dans l’industrie du jeu aux États-Unis, après avoir obtenu, à travers une série de décisions judiciaires, le droit de développer ses casinos dans le pays.

Les Séminoles, dont les aïeux ont combattu les colons européens qui ont débarqué en Amérique, ont été les premiers à se lancer dans les casinos avec l’ouverture en 1979 d’un établissement à Hollywood, en Floride.

Ils sont environ 4200, vivant dans des réserves à travers cet État du sud-est des États-Unis.

Autrefois réduits à la pauvreté, ils sont aujourd’hui la tribu ayant le mieux réussi dans le monde des affaires, et tout membre ayant au moins 25 % de sang séminole reçoit une partie des profits.

Les sommes ne sont pas communiquées dans le détail, mais le magazine Forbes a calculé en 2016 que chaque membre recevait 128 000 dollars chaque année depuis sa naissance, et serait ainsi déjà millionnaire à 18 ans.

« Les dollars que nous engrangeons ici rendront la vie un peu plus facile pour nos membres lorsqu’ils ont des problèmes de santé ou lorsqu’ils essaient d’acheter une voiture », a déclaré à l’AFP Marcellus Osceola, président du conseil de la tribu en Floride.

Flot d’argent

Les Séminoles ont acquis le groupe international Hard Rock Cafés il y a plus de dix ans pour 965 millions de dollars, et ils gèrent des dizaines d’établissements à travers le monde.

« Les affaires liées à la marque Hard Rock à l’échelle mondiale rapportent plus de 6 milliards de revenus dans 75 pays », a déclaré à l’AFP Jim Allen, le président du groupe Hard Rock International et le PDG de Seminole Gaming.

Ce mois-ci, un autre Hard Rock hotel et casino a ouvert ses portes dans la ville de Tampa, sur la côte ouest de la Floride.

Mais le flot d’argent que promet de rapporter le nouvel hôtel en forme de guitare entraîne aussi des sentiments mitigés chez les membres de la tribu.

« Le jeu a été un instrument pour nous remettre sur pied, mais je pense que nous sommes désormais de nouveau dans la course et nous devons ralentir, reprendre notre souffle et nous demander, “houla, attendez, qui sommes nous, que se passe-t-il ?” », a expliqué à l’AFP Daniel Tommie, qui travaille dans un musée à environ 100 kilomètres à l’ouest d’Hollywood.

« Certaines tribus voulaient rester éloignées du jeu parce qu’elles voyaient les effets négatifs… il y a trop de crime qui arrive à la réserve », dit l’homme de 57 ans, qui vit dans un petit village de 600 habitants.

« Donc je pense que la chose importante est de savourer ce succès, mais de nous rappeler comment nous sommes arrivés là ».