À mi-chemin entre la mégapole New York et la politisée capitale Washington, Philadelphie est souvent laissée de côté par les touristes. Pourtant, avec la richesse de ses monuments historiques, ses nombreux musées d’art contemporain, son majestueux hôtel de ville – le plus haut du pays –, sa grande offre sportive et ses bonnes tables, elle se dessine comme une ville sans complexe devant ses célèbres voisines.

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Le Citizens Bank Park, le stade où joue l’équipe de baseball des Phillies de Philadelphie.

Le sport spectacle est roi

On a à peine le temps de descendre du train et de prendre possession de notre valise à roulettes que déjà on nous parle de nos défunts Expos et de Vladimir Guerrero (le père et le fils). Oui, les Philadelphiens aiment le sport ! En ce début d’été, ce sont les fanions à l’effigie des joueurs des Phillies, accrochés aux lampadaires du centre de la ville, qui nous rappellent que l’équipe de baseball locale est la reine de la cité. Mais elle n’occupe pas seule le terrain du sport spectacle. En plus du baseball majeur, Philadelphie a une équipe de hockey – les Flyers –, de basketball – les 76ers –, de soccer – l’Union – et de football – les Eagles. L’offre est donc complète pour l’amateur de sports. Pour assister à une rencontre, il suffit de prendre le métro et de descendre à la station NRG – Sports and Entertainment Complex. On y trouve les stades et arénas de toutes ces équipes professionnelles. Un lieu fréquenté tous les jours par des partisans bruyants qui scandent : « Let’s Go Philly ! » Petit conseil : le temps d’une soirée, il vaut mieux encourager l’équipe locale !

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L’Independence Hall, où fut signée la Déclaration d’indépendance (1776) et rédigée la Constitution (1787).

Revivre l’indépendance des États-Unis

Benjamin Franklin, George Washington, John Adams, Thomas Jefferson : les plus importants personnages de l’histoire des États-Unis sont passés par Philadelphie. Concentrés dans le « mille carré le plus riche de l’histoire américaine », les monuments et bâtiments se succèdent et impressionnent. Il suffit donc d’une paire d’espadrilles – et de beaucoup de patience – pour visiter la dizaine de sites historiques qui s’y trouvent. À gauche, le Liberty Bell Center, avec sa célèbre cloche. À droite, le Congress Hall, lieu du premier Congrès américain. Un peu plus loin, l’Independence Hall, où fut signée la Déclaration d’indépendance (1776) et rédigée la Constitution (1787).

On emprunte ensuite l’allée Elfreth, la plus vieille rue résidentielle des États-Unis (1702), avant de terminer notre saut dans le passé par la visite du seul musée au pays consacré à la Constitution, le National Constitution Center. Puis, on revient au temps présent en fin de journée en marchant dans le carré Franklin, situé tout juste à côté du musée. Il s’agit de l’un des cinq grands parcs originaux de Philadelphie. Lieu familial, on y trouve des kiosques alimentaires, une immense fontaine d’eau, un carrousel et même… un mini-golf.

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Des centaines d’œuvres murales sont présentes un peu partout en ville.

Des beaux-arts aux arts de la rue

Le parcours artistique débute à l’hôtel de ville. Avec sa statue en l’honneur de William Penn – haute de 11 m – placée au sommet de sa tour de 167 mètres, nous voici au pied de la plus grande sculpture au monde surplombant un bâtiment. Sous le regard – assurément approbateur – du fondateur de Philadelphie, on emprunte ainsi la Benjamin Franklin Parkway en direction du fleuron artistique de la ville, le Museum of Art, que l’on voit déjà se dessiner, au loin.

Sur notre chemin, un arrêt à la Barnes Foundation s’impose : nous y attendent 181 Renoir, 69 Cézanne, 59 Matisse, 46 Picasso, de même qu’une dizaine de Modigliani, des Rousseau, des Goya… Sans contredit l’une des collections privées les plus riches et impressionnantes des États-Unis.

Et si votre appétit pour les plus grands peintres n’est pas rassasié, il le sera assurément une fois que vous aurez gravi les 72 marches du Museum of Art de Philadelphie. Après avoir salué Rocky Balboa lui-même, situé à la droite des marches, on entre dans l’immense bâtiment néoclassique qui abrite près de 300 000 pièces de collection. On dit bonjour à nouveau à Cézanne, Renoir et Matisse, puis on découvre les œuvres de Delacroix, Van Gogh, Rubens, Duchamp et beaucoup d’autres encore. Ici, le sentiment de satiété est atteint !

Mais l’art n’est pas que muséal à Philadelphie : le visiteur aura tôt fait d’apercevoir l’une ou l’autre des centaines d’œuvres murales présentes un peu partout en ville. Le programme d’art mural, financé à 40 % par la municipalité, a mis en place un parcours qui favorise la créativité des artistes « de la rue ». Il suffit d’aller consulter le site internet de l’organisme pour connaître les différentes visites thématiques organisées ou, mieux encore, télécharger la carte des œuvres et ainsi créer son propre itinéraire. Voilà une agréable façon de découvrir à son rythme les quartiers centraux de la ville !

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DU TRIA CAFE WASH WEST

L’animé Tria Cafe Wash West est idéal pour l’apéro.

Entre marchés publics et bonnes tables

Ne perdez pas votre temps à chercher le meilleur endroit où manger un Philly cheesesteak, cet emblématique et – osons l’écrire – surévalué sandwich de la gastronomie rapide. Côté culinaire, Philadelphie a mieux à offrir ! Pourquoi ne pas commencer la journée par un bon et consistant déjeuner… amish ? Voilà une idée originale qui se concrétise au Dutch Eating Place, situé au Reading Terminal. Dans ce vieux marché couvert – ouvert depuis 1892 –, l’offre alimentaire est pratiquement sans limites. Dumplings aux pommes, tarte-biscuit whoopie, sandwich au boudin, canard laqué, pâté de porc et sarrasin, etc. Plus de 80 kiosques, restaurants et étals rivalisent de créativité.

En soirée, les terrasses s’animent et les restaurants s’emplissent. Avec une gastronomie en pleine ébullition – merci au restaurateur vedette Stephen Starr –, les restaurants de Philadelphie proposent des tables diversifiées. Alors, cuisine fusion, asiatique, française ou allemande, le choix ne manque pas !

Deux adresses qui ont su combler nos papilles gustatives lors de notre passage de trois jours dans la ville de l’amour fraternel : l’animé Tria Cafe Wash West, pour l’apéro et son incroyable salade de betteraves, noix et fromage de chèvre, ainsi que la terrasse chauffée du renommé Talula’s Garden, pour un repas « de la ferme à votre assiette » proposant des aliments frais, de saison et locaux.