Dans la verte Los Angeles, devenue en 2016 la plus grande ville du monde où le cannabis est légal, de nombreux guides proposent aux touristes de se plonger dans cette industrie bourgeonnante, voire même de fumer avec les vedettes.

Pour monter son affaire, Gene Grozovskiy s'est inspiré de l'expérience de son père, guide traditionnel depuis des décennies dans la mégalopole californienne.

« Au début, l'industrie du cannabis ne nous a pas acceptés, et le secteur du tourisme non plus », se souvient l'entrepreneur de 35 ans. « Durant un an, j'ai frappé à des portes et galéré. »

Sa société, Green Tours, tourne aujourd'hui. Et après une année 2018 dans le rouge, il espère dégager ses premiers bénéfices en 2019.

À l'instar de Gene, ils sont nombreux à proposer des parcours centrés sur le cannabis dans Los Angeles, plus habituée jusque-là à voir des bus arpenter Hollywood et Beverly Hills à la recherche des vedettes du show-business.

Green Line Trips, Weedology, Dope Tours ou Food High ont ainsi fleuri en quelques mois. La concurrence fait rage, alors que le cannabis n'est en vente libre à usage récréatif que depuis le 1er janvier 2018.

Pour se distinguer de ses rivaux, Gene Grozovskiy dit rechercher l'authenticité et l'originalité. Il propose notamment à ses clients de partager quelques bouffées avec l'acteur Tommy Chong, habitué des seconds rôles à Hollywood (la série That 70's Show notamment).

Il en coûtera aux intéressés 149 dollars chacun pour ce parcours enrichi.

Gene Grozovskiy espère pouvoir convaincre d'autres vedettes de se prêter au jeu, avec le rêve d'accrocher un jour la référence absolue chez les célébrités, le rappeur Snoop Dogg, ambassadeur bénévole de la marijuana depuis ses débuts.

Dans les coulisses

Les visites de Green Tours se veulent pointues, conçues comme une vraie plongée dans l'industrie du cannabis aux États-Unis et son histoire, sur environ quatre heures.

Le guide, Ryan Lance, incollable, disserte sur les évolutions législatives et les origines de l'arrivée du cannabis en Amérique.

Plus tard, dans un commerce spécialisé, Scott B, le gérant, va très loin dans les détails sur l'arrosage et la pollinisation.

« Si quelque chose t'intéresse et que tu peux voir ce qui se passe dans les coulisses, c'est toujours sympa », explique Dan Chlebanowski, 30 ans, qui a participé à la visite et consomme de l'herbe depuis l'adolescence. « On le voit à Disneyland, ou à Hollywood. Pourquoi pas avec le cannabis ? »

À la surprise générale, le chiffre d'affaires du cannabis et de ses produits dérivés en 2018 a baissé en Californie, à 2,5 milliards de dollars contre 3 milliards l'année précédente, selon le cabinet spécialisé ArcView Research, alors qu'un autre cabinet, BDS Analytics, tablait sur 3,7 milliards.

Certains voient dans ce repli l'influence des textes très stricts qui encadrent la culture et la distribution en Californie, et qui auraient dissuadé plus d'un entrepreneur.

Le poids de la fiscalité, qui peut atteindre jusqu'à 40 % dans certaines villes, car les municipalités ajoutent souvent leur propre taxe à celle de l'État de Californie, a également permis, selon certains, le maintien d'une partie du trafic de drogue.

À ce jour, le Bureau du cannabis de Californie (BCC) a accordé 2782 permis d'exploitation.

Le Parlement de Californie doit examiner cette année un éventuel assouplissement des textes.

« Nous nous attendons à des changements, mais pas à une réforme en profondeur un an seulement après » la légalisation du cannabis à usage récréatif, explique Alex Traverso, responsable de la communication du BCC.