June connaît bien les montagnes d'Aspen. Elle aime les pistes damées, mais préfère jouer dans la poudreuse de l'arrière-pays. Elle est rapide, agile et infatigable. Surtout, elle ne passe jamais inaperçue. Avec ses longs poils, ses quatre pattes et son museau pointu, June est membre de l'équipe de sauvetage en avalanche. Nous l'avons suivie dans les Rocheuses du Colorado.

Une sauveteuse pas comme les autres

Steve Rausch a commencé à travailler à Aspen à la fin de ses études universitaires. Il a été embauché comme préposé aux remonte-pentes, puis il s'est joint à l'équipe d'enneigement. En voyant déambuler les chiens un peu partout sur les quatre montagnes du domaine, le skieur s'est intéressé à leur travail.

Un jour, Steve visite un refuge pour animaux abandonnés et tombe sous le charme de June, un bouvier australien. Il adopte le chien et l'emmène au travail. En lui faisant faire des exercices de repérage dans la neige, il réalise que son nouveau toutou a les qualités d'une sauveteuse.

« D'habitude, les chiens commencent leur entraînement à quelques mois. À 1 an, June s'est adaptée rapidement aux motoneiges et au toboggan. Elle a appris à monter dans les remontées comme si elle avait fait ça toute sa vie. »

- Steve Rausch

Le gaillard tente sa chance à la prestigieuse École nationale d'avalanches située à Snowbird, en Utah. « C'est vraiment difficile d'y être admis. Le cours se donne tous les deux ans et ils prennent seulement 30 chiens par cohorte. C'est une formation super cool avec un hélicoptère et avec un enseignement hyper pointu. »

June est admise à l'école, un exploit pour un chien qui a commencé l'entraînement plus tard que les autres. Elle suit sa formation et obtient son diplôme. Puis, pour se joindre à l'équipe de sauvetage d'Aspen, elle doit réussir un autre examen.

Elle est emmenée à Snowmass, le domaine le plus vaste de la station. Là-bas, elle doit trouver deux personnes enfouies sous la neige dans un espace de 100 m sur 100 m, une superficie plus grande qu'un terrain de soccer. Elle a 20 minutes pour réussir l'épreuve.

Au cours du test, Steve est stratégique. « C'est plus facile quand il y a de la neige sèche que de la neige mouillée parce que les odeurs remontent plus facilement à la surface. Il faut aussi placer le chien pour qu'il reçoive le vent vers lui. Si le vent change de direction, il faut immédiatement rappeler le chien au bon endroit. Il faut être intelligent dans la manière dont on se positionne », explique-t-il.

June repère les deux fausses victimes en 8 minutes 30 secondes. Elle intègre l'équipe de sauvetage d'Aspen, une première pour un chien provenant d'un refuge.

Des ambassadeurs pour Aspen 

June, qui a maintenant 5 ans, ne participe pas à des missions périlleuses tous les jours, tout simplement parce qu'il n'y a pas si souvent d'avalanches. Quand la station estime que le terrain est dangereux, des pisteurs déclenchent des avalanches avec des explosifs juste avant l'ouverture des remontées.

Souvent, il n'y a aucun sauvetage de l'hiver, dit Steve. Mais au cours des pires saisons, les chiens secourent sept ou huit personnes qui ne portent pas de détecteur de victime d'avalanche (DVA).

Dans ces situations dramatiques, chaque minute compte. Les victimes ensevelies sous la neige perdent rapidement leur chaleur et elles risquent une intoxication avec le dioxyde de carbone qu'elles expirent.

« À part les chiens, la seule autre option, c'est d'utiliser des sondes [de longues tiges métalliques], de nous placer côte à côte et de les piquer dans la neige au plus grand nombre d'endroits possible en avançant lentement. Sur un terrain de 100 m sur 100 m, ça nous prendrait des heures à sonder. Mais avec June, en deux minutes, elle peut indiquer où se trouve une personne. »

La plupart du temps, June et ses camarades canins jouent le rôle d'ambassadeur pour la station de ski. Le matin, les patrouilleurs et leur pitou aident les skieurs à s'orienter sur les montagnes. Le midi, ils s'installent près des cafétérias pour faire des exercices.

Les chiens dévalent aussi les pistes. Ils descendent en courant, en toboggan, en motoneige ou sur le dos ou dans les bras de leur maître. Mais June n'aime pas le bruit des moteurs et les descentes raides lui font mal aux articulations. Elle préfère les promenades en luge qui lui permettent de regarder les skieurs et le paysage.

Au télésiège, le petit bouvier connaît la routine. La chienne attend calmement que Steve la prenne dans ses bras, puis le patrouilleur partage sa place avec d'autres skieurs.

Pour June, c'est le train-train quotidien. Pour les skieurs à ses côtés, la remontée prend une tournure extraordinaire. Même si elle ne leur sauve pas la vie, June rend leur séjour inoubliable.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

June est membre de l'équipe de sauvetage en avalanche.

Se perdre dans la neige (ou non)

Tous les skieurs rêvent de se perdre dans la neige folle. Ou peut-être pas. Comme Aspen, c'est quatre stations en une - Aspen Mountain, Aspen Highlands, Snowmass et Buttermilk -, nous avons conçu pour vous un guide des meilleures pistes, des plus beaux paysages et des secrets les mieux gardés.

Sensations fortes garanties

Entre les cuvettes Highland et Olympic, le choix n'est pas difficile. Tous les adeptes de la glisse penchent pour la première. À la sortie de la remontée Lodge Peak à Aspen Highlands, une chenillette aide les skieurs et les planchistes à monter une partie de la montagne. Le reste se fait à pied et prend environ 45 minutes. Il ne faut pas souffrir de vertige. Le sommet se situe à 3777 m d'altitude et la pente fait jusqu'à 50 degrés d'inclinaison.

Pour Instagram...

Les Maroon Bells seraient les montagnes les plus photographiées de tout le Colorado. Ça tombe bien, sur la piste Upper Robinson's, à Aspen Highlands, il y a une superbe vue de cette montagne à deux pics. Si vous avez un lunch, c'est l'un des rares endroits où trouver une table à pique-nique.

14 minutes

C'est le temps que met la gondole Silver Queen pour faire le trajet entre la base et le sommet d'Aspen Mountain.

Le secret le mieux gardé

Si vous ne les connaissez pas, vous ne les verrez pas. Un peu partout sur Aspen Mountain et Snowmass se cachent des sanctuaires. Ceux-ci rendent hommage à des musiciens, des équipes sportives ou des légendes d'Aspen mortes en pratiquant leur sport. Il y en a pour Elvis, pour Marilyn Monroe, pour Jimi Hendrix et pour les Red Sox de Boston. En fait, il existe une centaine de mausolées, mais ils sont difficiles à trouver tellement ils sont cachés dans les sous-bois. En descendant entre les arbres à droite de la piste Ruthie's Run, à Aspen Mountain, vous verrez celui de Jerry Garcia. Vous y croiserez peut-être des fumeurs de cannabis qui désirent consommer à l'abri des regards même si la chose est légale au Colorado !

1879 

Année de fondation du village d'Aspen pendant le boom des minières d'argent. Le village connaît un deuxième souffle lors de la création de la station de ski en 1946.

300 

Vous avez peut-être déjà entendu parler de la réputation du Colorado. L'État se vante de bénéficier de 300 jours d'ensoleillement par année. Ce n'est pas rien... mais ce n'est pas vrai. Des journalistes ont démontré, il y a quelques années, qu'il ne faisait pas soleil aussi souvent que la rumeur le prétend. Somme toute, il fait souvent soleil à Aspen et la station reçoit en moyenne 7,5 m de neige par hiver. Ce qui n'est pas si mal...

Envie de carving ?

Réglons une chose : carving se dit « virage coupé », en français. Pour s'adonner à ces virages accentués, Marcela Marnett, une instructrice, aime la piste Meadows, à Aspen Highlands. Elle est large et offre un dénivelé intéressant. À essayer !

Snowmass, la plus vaste des stations, en chiffres 

241 km de pistes 

1343 m

entre la base et le sommet 

3332 acres de terrain 

8,5 km La plus longue piste, Long Shot, fait 8,5 km

Des pistes pour tous 

Les quatre stations d'Aspen proposent des défis différents. Les gens du coin ont une préférence pour Aspen Mountain, qu'ils surnomment Ajax, et pour Aspen Highlands. Mais attention ! Il n'y a aucune piste verte sur ces deux montagnes. En fait, 65 % des pistes sont classées « double losange » à Highlands. Les débutants vont donc préférer Buttermilk, qui est constituée à 35 % de pistes faciles. Sinon, Snowmass est tellement vaste qu'on y trouve des pistes pour tous.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Aspen se situe dans les Rocheuses du Colorado.

Skier sans se ruiner

Aspen est l'une des villes entourées des plus belles montagnes des États-Unis. Mais c'est aussi l'une des villes les plus chères de l'Amérique. Pour skier sans vous ruiner, nous vous proposons quelques pistes.

S'y rendre 

Si vous tombez sur une aubaine, le mieux, c'est de voler directement à l'aéroport d'Aspen. De là, la plupart des hôtels disposent de navettes gratuites. Sinon, de l'aéroport de Denver, des entreprises comme Colorado Mountain Express font le trajet aller-retour pour 120 $US. Quand on réserve pour trois personnes et plus, les prix diminuent.

Se déplacer 

Une voiture est inutile, voire encombrante, à Aspen. Il y a peu de stationnements et ceux-ci sont souvent payants. Mais on s'en fiche puisque des autobus font gratuitement le trajet entre les quatre stations de ski, en hiver. On installe notre équipement dans les porte-skis et on roule vers l'une ou l'autre des montagnes.

Dormir 

Sur les sites de location de maisons et d'appartements, il y a quelques choix à prix raisonnables. Mais il faut faire vite, car ces hébergements se louent longtemps à l'avance. Si vous préférez un hôtel, mais que votre budget est limité, évitez le village d'Aspen où les prix sont gonflés. Cherchez plutôt dans les villages d'Aspen Highlands et de Snowmass.

Manger 

Sous l'onglet « specials », le site eatAspen.com recense les rabais dans de nombreux restaurants. Au Mezzaluna, par exemple, quelques bières sont à 4 $ entre 15 h et 18 h 30. Nous y avons aussi fait la découverte du restaurant Su Casa. Le prix des tacos tourne autour de 3,75 $. Ils sont bons et costauds. Sinon, en plein coeur du village d'Aspen, il y a une petite épicerie pour acheter des aliments à cuisiner. Le City Market se situe dans East Cooper Avenue.

Billets de ski 

Si on cherche à économiser, la pire idée, c'est d'acheter son laissez-passer le jour même, à la station. En fait, plus on s'y prend d'avance sur le site internet aspensnowmass.com, plus on épargne de l'argent. Si vous louez des skis sur place, pensez à combiner votre location d'équipement, votre chambre d'hôtel et votre billet de ski. Vous épargnerez quelques dollars sur la facture totale.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, LA PRESSE

Aspen est lune des villes les plus chères des États-Unis.