Qu'on y retourne pour se plonger dans des souvenirs d'enfance ou pour en créer de nouveaux, que ce soit pour ses plages, ses vagues, ses fruits de mer ou ses jeux d'arcade, la côte est américaine attire les Québécois depuis des décennies. Bien sûr, l'été tire à sa fin et l'école a commencé cette semaine, mais il n'est pas trop tard pour un dernier tour à la mer...

OLD ORCHARD BEACH: LA PRÉFÉRÉE DES GRANDS ENFANTS

Maîtres nageurs au maillot de bain rouge et au bronzage impeccable juchés sur leur haute chaise blanche, boutiques souvenirs aux camisoles aux couleurs d'OOB, jeux d'arcade et manèges... Oui, Old Orchard Beach déborde de clichés, mais c'est principalement pour ça que la population de la petite ville de 8000 habitants frôle les 75 000 personnes, dont bien des fidèles, l'été venu. Vous cherchez de l'action, une ambiance festive et de quoi occuper vos enfants? Il y a tout ça ici!

La plage

La plage est multicolore de chaises, serviettes et parasols qui entourent les vacanciers de passage. Les cris de joie des baigneurs se mélangent au bruit des vagues qui s'écrasent avec puissance sur la berge, au grand bonheur des adeptes de bodyboard - ces courtes planches de mousse sur lesquelles on se couche à plat ventre pour surfer les petites déferlantes. L'eau très rafraîchissante ne stoppe pas les nombreux nageurs, et la marée occupe les enfants qui s'amusent à construire des palissades de sable pour empêcher la crue journalière d'inonder leur précieuse installation.

«On est venus ici par curiosité et pour que je puisse faire de la petite planche de surf. On reste deux nuits et ensuite on s'en va à Hampton Beach. En vacances, ça nous prend la mer et des fruits de mer!», explique Maryse Beaumont, en compagnie de Gilles Dionne, de Montmagny.

La Main

Dans Old Orchard Street, l'odeur de friture se mélange à celle des hot-dogs. On s'y arrête pour casser la croûte sans compter les calories et on ne se fait pas d'illusions: la Main n'est pas reconnue pour son raffinement culinaire. En d'autres mots: beignets, Oréo panés (!), «frozen bananas» et pizzérias constituent l'essentiel des options gastronomiques. Parlant de pizzérias, les habitués entretiennent une amusante rivalité entre Lisa's Pizza et Bill's Pizza, situées de part et d'autre du chemin de fer. Vérification faite: la sauce tomate de la pizza chez Lisa's, à 3,35 $US la pointe, est la meilleure... mais la texture plus croustillante de celle de chez Bill's, à 3,75 $US la pointe, lui fait honnête compétition. Ce sera donc à vous de juger! Pour un repas plus soutenu, de meilleures options sont offertes dans la rue transversale (l'avenue Grand E et W). N'hésitez pas à vous aventurer du nord au sud dans la baie de Saco. Il semble que les lobster rolls de la poissonnerie de Pine Point valent le détour.

Les manèges

À la tombée du jour, la file s'allonge pour l'achat de coupons: 33,50 $US le livret de 24, 64,50 $US le livret de 50. Les haut-parleurs crachent de la musique pop qui s'entremêle au son des autos tamponneuses et aux cris des forains qui encouragent les participants s'en donnant à coeur joie devant leur stand. Que serait Old Orchard sans ses manèges? Le Palace Playland est sans doute LA raison pour laquelle tant de familles choisissent l'endroit, en plus de lui donner cette image photogénique et typique - bien que plus modeste - des villages américains au bord de la mer, comme Wildwood et Myrtle Beach.

«Je passais mes étés ici. Ma soeur et moi, on a même travaillé comme femmes de chambre et comme foraines. On décroche et on a l'impression d'être vraiment loin de Québec, même si on est juste à cinq heures de route», indique Anne Sirois, avec Sébastien Dumais, Jacob et Léonard, de Québec. Elle a perpétué la tradition avec sa soeur et leurs familles.

Les jeux d'arcade

Au tintamarre des manèges s'ajoute celui des jeux d'arcade, situés à l'entrée du parc d'attractions. Preuve qu'il n'y a pas d'âge pour lâcher son fou, parmi les nombreux enfants, autant d'adultes, sinon plus, envoient valser leurs pièces de 25 cents dans l'antre des machines. Au comptoir central, les joueurs échangent leurs coupons gagnés contre un prix tangible, probablement pour quatre fois le prix qu'ils auraient payé en magasin. Il faut croire que l'excitation du moment vaut le coup... ou devrait-on dire le coût?

«C'est la première fois qu'on vient ici. On est en décapotable et les routes sont super belles! On est venus s'amuser aux arcades et on doit avoir mis 20 ou 30 $ dans le jeu des camions à 25 cents. On a ramassé 4264 tickets! Je suis allé voir et avec ça, je peux les échanger pour trois balles de baseball Hello Kitty! [rires]», s'amusent Nathalie Jacques et Jean-François Pouliot, de la Beauce.

Le pier

De la plage, le légendaire pier d'Old Orchard se donne en spectacle, surtout quand le ciel s'embrase au crépuscule. S'il faisait 520 m à l'époque de sa construction en 1898, orages, tempêtes et ouragans ont eu raison des trois quarts de son étendue et la jetée mesure aujourd'hui 120 m. Stands de babioles et restaurants occupent maintenant les espaces jadis réservés aux marchands de poissons. Au bout de la jetée, la terrasse du Hurricane Raw Bar offre un point de vue sur la baie de Saco, délimitée au nord par Pine Point et au sud par Camp Ellis, destinations que plusieurs adoptent pour un séjour plus tranquille; d'autant plus que le trolleybus offre un service de navette d'un bout à l'autre de la baie pour 2 $US.

OGUNQUIT: LE CALME CHIC DE LA CÔTE

Il n'est pas 10 h que le soleil plombe et fait grimper le mercure à 28 ℃. Malgré tout, le temps est confortable - merci à la brise de l'océan qui rend agréable la marche sur Marginal Way, populaire promenade en bord de mer qui relie Perkins Cove et le centre-ville, emplacements phares de la coquette ville d'Ogunquit.

La beauté des bougainvilliers et les effluves des rosiers sauvages allument les sens des marcheurs venus profiter de la tranquillité du sentier, où l'on peut apprécier sans presse le littoral atlantique sur 3 km à flanc de rochers. C'est l'heure de la marée basse et une famille s'est aventurée sur les écueils, filet à la main, pour chasser les crabes et les écrevisses. Un couple aux chemisiers agencés et sans le pli profite d'un banc surplombant l'océan pour les observer. En image de fond, un chalutier dont l'équipage est composé de touristes vient de quitter le port de Perkins Cove pour une journée de pêche en mer. Plus au nord, les vacanciers commencent à s'installer pour la journée sur la longue plage de sable clair et deux surfeurs s'amusent dans les vagues froides d'une houle modeste.

Figé dans le temps

Des maisons en bardeaux de cèdre blanchis ceinturées par de grands balcons de bois, d'autres enjolivées de boiseries ou de tourelles, peintes jaune pâle, bleu ciel ou simplement laissées à l'état naturel. Sa beauté, Ogunquit la vaut beaucoup à l'architecture de ses bâtiments minutieusement entretenus, typiques des villages côtiers de la Nouvelle-Angleterre. Une image léchée qui se transpose dans ses boutiques et galeries proposant aux visiteurs artisanat, oeuvres d'art, vêtements chics et joaillerie. Les choix sont abondants: vous trouverez notamment au Sea Glass Jewelry Studio, à Perkins Cove, de magnifiques bijoux fabriqués par des joaillères locales mettant en vedette du verre de mer trouvé sur les plages du Maine.

«Ça doit faire une vingtaine de fois que je viens. La première fois, c'était en 1990. J'aime la mer, faire les petites boutiques et la propreté de l'endroit», raconte Anne-Marie Fillion, croisée avec son amie Marie-Josée Vézina et sa mère Céline Barrette devant la populaire bonbonnière de la rue principale, Harbor Candy Shop.

Le coeur d'Ogunquit se trouve au carrefour de Main Street, Beach Street et Shore Road. La congestion est considérable en période de vacances, principalement en fin de journée quand les baigneurs quittent la plage ou que les ventres creux cherchent un stationnement à proximité des restaurants du centre-ville.

«Nous, on dort à Wells et on se promène en vélo. C'est parfait pour le vélo dans le coin», pense Marie-Andrée Mongeon, qui a découvert Ogunquit grâce à son copain Simon Millette.

«Je venais ici depuis mon enfance, quand j'étais bébé, en fait. J'ai pris une pause ado, et là, je trouve ça agréable de revenir, raconte le jeune homme de 25 ans, qui a convaincu sa blonde et sa belle-famille d'embarquer dans la tradition. La plage est vraiment belle et tranquille; c'est moins touristique qu'Old Orchard et il y a quand même une belle ambiance le soir.»

Le voyage avant la destination

Le calme d'Ogunquit jumelé à son cachet préservé de l'époque coloniale attire année après année des dizaines de milliers de visiteurs, y compris de nombreux Québécois qui jouissent de sa proximité pour de plus ou moins courtes escapades à la mer. Pour Julie Girard et Marc-André Brodeur, c'était l'endroit parfait où aller terminer les vacances au guidon de leur Harley-Davidson.

«On évite les autoroutes, il y a plein de super belles options pour se rendre jusqu'ici. Ça nous prend huit heures au lieu de six, mais ça vaut le détour par les petites routes», explique le motocycliste originaire de Mirabel.

«J'adore la côte. Ce n'est pas trop loin du Québec, je trouve ça super beau et ça a gardé son aspect sauvage», ajoute Julie Girard, conquise par «ce bel endroit près de la mer», traduction de la devise de la bourgade de 1200 habitants: «Beautiful place by the sea».

À marée basse, la plage est immense et l'espace pour s'amuser ne manque pas. Une partie improvisée de football se joue sur le sable durci. Des bambins pataugent dans l'eau restée coincée entre deux bancs de sable. Le vent souffle doucement dans les dunes où les herbes hautes dansent lentement sous le soleil plombant.

Pour un jour de pluie

Parce que le soleil n'apparaît pas sur commande, il est bon d'avoir une option pour les jours de pluie. Les galeries d'art sont nombreuses, si vous êtes un amateur. L'Ogunquit Museum of American Art (OMAA) présente une collection permanente de toiles, de sculptures, de dessins et de photos des années 1800 à aujourd'hui. Magnifiquement positionné au bord de Narrow Cove, le modeste musée est le seul du Maine à consacrer exclusivement ses expositions à l'art américain. Des lectures publiques de poèmes dans le jardin extérieur auront lieu les dimanches 2 septembre et 7 octobre prochain, à 15 h.

Photo Olivier Jean, La Presse

Ogunquit attire les Québécois depuis des décennies.