Depuis plusieurs années, le Massif du Sud se targue d'être le secret le mieux gardé du Québec. Les choses sont en voie de changer. Avec ses nombreux projets, ses sous-bois touffus et sa poudreuse exceptionnelle, la station de ski de la région de Chaudière-Appalaches apparaît de plus en plus souvent sur le radar des skieurs avides de défis. Visite en six temps d'une station en pleine croissance.

La neige



Le Massif du Sud constitue le domaine skiable le plus élevé du Québec; son sommet culmine à 915 m au-dessus du niveau de la mer. Cette altitude lui garantit un des meilleurs enneigements de la province, avec une moyenne annuelle de 600 cm. «Notre quantité de neige est notoire, mais on entend moins souvent parler de sa qualité, dit Alain Contant, président du Massif du Sud. On est à 45 minutes du fleuve, dans les terres, loin d'un grand point d'eau. La poudreuse qui tombe est moins chargée d'humidité, plus légère. Comme dans l'Ouest! Les pistes conservent leur qualité plus longtemps et la glace est plus rare.»

Skier dans la poudreuse peut être très exigeant, surtout lorsque la neige est lourde. Pas ici. Lors de ma visite, la nuit a apporté une bonne dizaine de centimètres. Partout, des flocons légers comme des plumes (on pouvait déneiger la voiture en soufflant sur le pare-brise!). Exactement le genre de neige que les enfants détestent (impossible d'en faire la moindre boule), mais qui promet aux skieurs une glisse d'enfer. Les skis flottaient...

L'an dernier, malgré la disette de neige qui a affecté la province, la station a reçu un total de 476 cm. Et une cote d'appréciation de 96% de la part du Réseau Sport activité, une organisation accréditée par l'Association des stations de ski du Québec qui regroupent une centaine d'évaluateurs formés et indépendants.

À essayer: la descente matinale du vendredi matin. La station étant parfois fermée du lundi au jeudi, toute la poudreuse accumulée pendant la semaine est intacte. Pour y goûter encore plus, on peut louer sur place des skis de poudreuse aux patins plus larges.

La bouffe



La station a amorcé un virage santé il y a cinq ans, sans toutefois se départir de son menu de cantine. Les classiques de la restauration rapide sont restés, mais avec une plus-value: burgers de wapiti et de bison provenant d'un élevage de la région, hot-dogs avec saucisse maison faits par un boucher du coin. Au bar, on sert du vin chaud du Ricaneux, un vignoble situé pas très loin, et une bière exclusive, La Bagosse. D'autres plats, inusités dans les stations de ski, figurent au menu, dont des sandwichs shish-taouk et des soupes tonkinoises.

Un avertissement toutefois: les villages les plus près sont pauvres en restaurants et épiceries. Si on loge dans le coin, mieux vaut prévoir et apporter tout ce dont on a besoin.

Photo: Christian Tremblay, fournie par le Massif du Sud

L'hébergement



Lorsque les actuels actionnaires ont acheté la station, en 2005, le Massif souffrait d'un problème criant d'hébergement. Aucun chalet à louer au pied des pentes et le plus proche hôtel situé à 45 minutes de route, à Lévis. À cheval sur deux municipalités de quelque 1000 âmes, Saint-Philémon et Buckland, la station plafonnait. «Les infrastructures municipales étaient utilisées à pleine capacité», raconte Alain Contant. On a donc rallié les deux villes et les autres ordres gouvernementaux autour d'un vaste chantier. «Dix millions de dollars ont été investis pour aménager des routes, un réseau d'eau, des égouts», explique le directeur général Morgan Robitaille. Ces travaux devraient être terminés à la fin mars.

Entre-temps, plusieurs des 150 terrains disponibles ont été vendus pour accueillir chalets unifamiliaux, condos ou unités jumelées. Plusieurs bâtiments sont achevés. Et 33 de ces chalets sont actuellement mis en location par les propriétaires via le service d'hébergement du Massif du Sud. Ils peuvent accueillir entre 2 et 24 personnes selon le cas. Le mien était équipé d'une cuisine moderne et d'un foyer, avec des murs lambrissés de bois et une vue imprenable sur les pentes. Le luxe total!

À la fin des travaux, Alain Contant espère pouvoir compter entre 50 et 75 unités en location. Et l'idée d'installer un jour un hôtel et un spa sur le site fait son chemin...



Photo: fournie par le Massif du Sud

L'intérieur d'un condo

L'Arrière-montagne



Le terrain de jeu du Massif du Sud est beaucoup plus vaste que les pentes accessibles en remontée. La station gère aussi pendant l'hiver un vaste parc régional de 120 km2, sillonné par des pistes de raquette et de ski de fond. C'est sur ce terrain sauvage que la station offre ses sorties en catski, un véhicule à chenilles qui permet d'atteindre des secteurs de ski hors-piste. Offerte depuis cinq ans, l'activité d'une journée - qui comprend un dîner de ragoût de bison sous une tente prospecteur - est très prisée.

C'est vers les nombreux sommets vierges du parc régional que les dirigeants du Massif du Sud se tournent pour l'avenir. Devant le succès du catski, ils planchent sur de nouvelles activités: ski de haute route avec peaux de phoque, expéditions sur plusieurs jours avec nuitées en refuge et ski héliporté, un produit phare des montagnes de l'ouest du pays.

De l'héliski au Québec? Pourquoi pas? dit Alain Contant. «Avec le parc, nous profitons de beaux nouveaux territoires skiables, avec un meilleur dénivelé qu'à la station et une plus grande inclinaison qu'en catski.»

Photo: Le Soleil

Vue aérienne des nouveaux chalets

Les sous-bois



Des 225 acres skiables patrouillés et balisés du Massif du Sud, 99 sont composés de sous-bois. Soit presque la moitié. C'est dire que les pistes sauvages qui zigzaguent entre les arbres sont la grande spécificité de la station. «Chez nous, le ski est plus technique; les skieurs travaillent, ils retrouvent les sensations du vrai ski, lance Morgan Robitaille. Ce n'est pas du ski aseptisé sur du damé. Nos pistes offrent du défi. Et on veut garder ce caractère particulier.» Ici, les sous-bois sont moins aérés qu'ailleurs, les arbres plus rapprochés. La piste numéro 5, avec son inclinaison de 60% et sa pente couverte de bosses naturelles, est aussi à classer dans les descentes à haute teneur en adrénaline.

Le hic: les canons à neige de la station ne peuvent rien pour regarnir les sous-bois dénudés. Début janvier, un redoux avait complètement découvert les pistes en forêt. Du coup, l'offre était plus limitée... Quelques pistes faciles, une piste difficile, deux ou trois très difficiles... Je me suis juré d'y retourner, pour goûter au vrai caractère de cette montagne.

Or, même lorsque l'enneigement est optimal, ce n'est pas facile pour un nouveau venu d'évaluer le réel degré de difficulté des sous-bois, presque tous classés extrêmes. Un service de guide est offert gratuitement pour découvrir ces secteurs boisés en sécurité.

Les remontées



La prochaine étape, essentielle: l'ajout d'un second remonte-pente. Avec une seule installation, comme c'est le cas présentement, la station est à la merci du moindre pépin mécanique. Les rumeurs qui circulent dans les sous-bois veulent qu'une annonce à ce sujet soit prévue d'ici la fin de la saison.

Photo: Mathieu Bélanger, collaboration spéciale

La station compte de nombreux sous-bois au Massif du Sud, à Saint-Philémon