Le hibou moyen-duc est un oiseau mystérieux. Et très discret. Depuis les années 50, un seul spécimen a été observé dans le parc national du Mont-Tremblant. C'était en 1984, près du lac aux Atocas, dans le secteur de la Diable. Seul hic: le spécimen en question gisait au milieu d'un sentier, mort.

Depuis, personne n'a été en mesure d'apercevoir ce rapace, pas plus gros qu'une corneille. Il faut dire que de tous les hiboux nicheurs, il est celui qui a été le moins souvent vu au Québec.

 

Confirmer la présence de cet intriguant moyen-duc dans ce parc immense, trois fois grand comme l'île de Montréal. C'est la mission que les gardes-parc naturalistes ont confiée aux participants de la toute nouvelle activité nocturne, Chouettes, raquettes et chocolat.

Du gros travail? Pas vraiment, si on considère que la soirée débute près d'un immense feu de foyer, à déguster fondue au chocolat et hydromels, pendant qu'Éric Loiseau (quel nom prédestiné!) présente les différentes espèces de hiboux et de nyctales du territoire au moyen d'enregistrements et de photos.

La vraie quête débute une heure plus tard, quand vient le temps de chausser les raquettes et de partir dans la nuit. «Pour augmenter nos chances, chaque soirée d'activité explorera un secteur différent du parc», explique Éric Loiseau.

On nous a attribué le sentier du lac des Femmes, qui part du centre de service du lac Monroe. D'autres arpenteront le sentier du lac aux Atocas ou un segment du sentier du Centenaire.

Nos chances sont minces, on le sait. Il faudrait une sacrée veine pour réussir là où tant d'ornithologues ont failli. Mais qui sait? On a les sentiers de raquette du secteur de la Diable à nous seuls: les soirs d'hiver, ils sont d'ordinaire fermés. Mieux, pour nous aider, les conservateurs du parc ont accepté qu'on fasse résonner dans la nuit un enregistrement du chant du moyen-duc.

«L'appel de la faune est interdit dans les parcs de conservation, explique Hugues Tennier, responsable du service de la conservation et de l'éducation. Mais le moyen-duc ne figure pas encore sur la liste officielle des espèces du parc, et une réponse positive nous donnerait la chance de cibler nos recherches. Bref, on joint l'utile à l'agréable.»

Le groupe se met en branle vers 20h30. Notre première tentative se fait pas très loin du centre de service. Le moyen-duc aime chasser dans les espaces ouverts... Éric Loiseau brandit la radio et bientôt, le cri du moyen-duc résonne. Son hululement est grave et monocorde. Suivent ensuite des cris pareils aux geignements d'un chat qu'on égorgerait!

«Le moyen-duc est un peu l'imitateur des forêts, explique le garde-parc. Il peut gazouiller et même reproduire le chant d'autres hiboux, comme le petit-duc maculé.»

Mais ce Pierre Verville à plumes reste muet. On s'enfonce donc dans la forêt. Le sentier, vallonné, traverse une érablière à bouleaux jaunes qu'on devine à peine. Le faisceau de nos lampes de poche ne nous permet pas de voir bien loin, et les nuages nous privent de l'éclat de la lune. On marche en silence, toutes oreilles tendues.

On entend le bruissement d'un ruisseau pas très loin. Une branche qui craque sous le passage d'on ne sait quel animal. Mais point de moyen-duc. Ni sous le couvert des arbres ni sur la rive du lac aux Femmes.

Même les autres hiboux nous font la gueule. «On aurait pu entendre des chouettes rayées, qui sont très territoriales, explique Éric Loiseau. Identifier le moyen-duc aurait vraiment été la cerise sur le gâteau.»

On retourne donc au centre de service après une randonnée d'une heure et demie, bredouilles mais heureux. La soirée était douce, le ciel nous a fait don de milliers d'étoiles et un renard roux est passé nous saluer. Une balade très chouette, hibou ou non!

Chouettes, raquettes et chocolat, tous les samedis jusqu'au 6 mars. Rendez-vous à 18h30 au centre de service du lac Monroe. Réservations obligatoires. Prix: 24,75$/adulte, 12,50$/enfants de 10 à 17 ans. Location de raquettes: 5$. Non recommandé aux moins de 10 ans.

Infos: www.sepaq.com/pq/mot