Les chalets très luxueux, destinés principalement à la location à court terme, se multiplient à un rythme soutenu dans les Laurentides et dans les Cantons-de-l'Est, principaux lieux de villégiature des Montréalais. Ainsi, les chalets font désormais compétition, en termes de qualité d'hébergement et de services, aux grands hôtels.

C'est le cas du Centre de villégiature du lac Fiddler, nouveau domaine de 250 acres comprenant 85 immenses chalets en bois rond, pourvus de sauna, spa et salle de billard, ainsi qu'une piscine intérieure commune. «Nous proposons des résidences de millionnaires pour un week-end, à un prix relativement abordable, avec toute une gamme de services à la clé», affirme Michel Bourbeillon, directeur général du centre. Pas envie de faire la cuisine? Un chef se déplace chez vous pour préparer un menu de rêve.

 

L'aménagement de tels domaines, en plus des luxueuses résidences secondaires que leurs propriétaires mettent sur le marché locatif, tout cela constitue une menace pour les hôtels, croit Jean-François Demers, fondateur du site Chaletsalouer.ca. «Il n'est pas rare de voir des hôteliers faire pression sur les municipalités pour contrôler plus sévèrement la construction de chalets destinés à la location», dit-il.

Est-ce le signe que ce lobbyisme fonctionne? Certaines municipalités ont déjà décrété des zones interdites à la location de maisons à court terme ou sont en voie de le faire. C'est le cas à Saint-Sauveur, une ville de 9000 habitants vivant essentiellement du tourisme, qui a adopté un tel règlement en zone résidentielle.

L'embarras du choix

Avec la prolifération des chalets locatifs, une véritable industrie depuis quelques années, les clients ont maintenant l'embarras du choix. Ils peuvent se permettre de louer à la dernière minute. La semaine dernière, un tour d'horizon de La Presse a permis de constater qu'il restait des chalets à louer un peu partout en région.

Comme d'habitude, ce sont les grands chalets qui se louent en premier. Plusieurs couples les réservent en commun et les familles reconstituées y trouvent leur refuge hivernal. En groupe, la location d'une résidence secondaire, même de luxe, s'avère moins chère que des vacances à l'hôtel, où s'ajoute le coût des repas au restaurant.

«Phénomène de plus en plus fréquent, des grands-parents réservent un grand chalet pour recevoir toute la famille pendant le temps des Fêtes», constate Isabelle Otis, de Côté Nord Tremblant, un domaine de plus de 70 chalets luxueux en rondins. Une belle façon de passer Noël avec les proches, comme autrefois.

Bonne nouvelle pour les consommateurs, la compétition oblige les propriétaires de chalets à soigner leur mise en marché. Les forfaits de dernière minute, même pour les chalets de particuliers, commencent à être annoncés sur l'internet. Chose certaine, le cadre enchanteur et le cachet ne suffisent plus pour appâter les villégiateurs. «L'accès à un réseau internet sans fil s'avère maintenant indispensable. Un spa extérieur et un sauna sont également de précieux atouts pour attirer la clientèle, toujours plus exigeante», affirme Thomas Asselin, fondateur de ChaletsQc.com, site qui regroupe des maisons de campagne à louer.

Du luxe et des activités

Si le luxe constitue un attrait majeur, les clients s'intéressent également à ce qui se passe sur place. «Ils veulent des raquettes à portée de main, des sentiers de ski, une patinoire, etc. Ils recherchent la facilité pour pratiquer des activités», constate Nancy Hotte, copropriétaire des Chalets du lac Grenier (six chalets en tout). Même son de cloche chez Côté Nord Tremblant. «Les gens désirent être actifs. Les forfaits avec le parc du Mont-Tremblant ou le ski alpin connaissent un grand succès», dit Mme Otis.

D'année en année, la durée des séjours raccourcit comme peau de chagrin. Les complexes locatifs qui exigeaient au minimum quatre ou cinq nuitées ont, la plupart, réduit leur exigence à un minimum de deux nuits. «Le budget semble de plus en plus un facteur-clé dans la prise de décision. C'est ce qui explique pourquoi les gens préfèrent les courts séjours, de deux ou trois nuits, plutôt que la semaine complète, comme auparavant», constate Mme Demers.

Autre explication plausible: ils acceptent de payer plus cher pour le grand luxe, en sacrifiant la durée.

Pour les mois de janvier et février, les réservations se font au compte-gouttes. Les Québécois veulent voir s'il y aura de la neige avant de planifier leurs vacances. «Et avec les calendriers de réservation en ligne, les gens attendent que ça chauffe avant de se décider à réserver», dit Harris Desmeules, chef de la réservation à la SEPAQ.

Depuis le mois de mars, la Corporation de l'industrie touristique du Québec (CITQ) a apporté des modifications majeures à son système de classification des résidences de tourisme. La nouvelle échelle évalue les chalets locatifs selon une cote de 0 à 5 étoiles, alors que cette cote était de 0 à 4 étoiles auparavant, ce qui permettra aux établissements haut de gamme de faire valoir leur produit à leur juste valeur.

Cette année, toutes les résidences de tourisme seront inspectées. Jusqu'à maintenant, sept domaines ont obtenu la cote de cinq étoiles. À terme, la CITQ estime qu'environ 1% des résidences de tourisme obtiendront la plus haute cote.