Le curé Joscelyn Vaillancourt n'officie plus uniquement à l'église. Depuis la fin juin, il accueille ses ouailles dans son ancien chalet de Godbout, sur la Côte-Nord, qu'il vient de convertir en chaleureuse auberge, en compagnie de deux amis.

Ce n'est pas parce qu'il manque de travail ou parce qu'il cherche des revenus supplémentaires que le curé des paroisses de Baie-Comeau, Franquelin, Godbout, Baie-Trinité et les Îlets-Caribou (un territoire de plus de 100 km carrés!) devient aubergiste. C'est plutôt pour aider son ami Claude Gosselin, un Baie-Comois formé en hôtellerie, à dénicher un emploi à la mesure de son talent.

 

«Depuis 1993, je possédais ce chalet à Godbout. J'y ai toujours accueilli famille et amis. Au fil du temps, voyant que Claude n'arrivait pas à s'épanouir dans son travail, j'ai eu l'idée de convertir mon chalet en gîte et de lui en confier la gestion», raconte-t-il.

Quelques années plus tard, le chalet de monsieur le curé a été rebaptisé La Richardière, en mémoire de Richard Testu de La Richardière, capitaine du Saint-Laurent à l'époque de la Nouvelle-France. L'auberge est une ancienne maison jumelée (datant de 1928) de la compagnie St. Regis Paper, qui a été entièrement rénovée. Outre M. Vaillancourt, Claude Gosselin et son frère médecin en sont également copropriétaires.

Pour le curé Vaillancourt, il n'existe aucune contradiction entre son ministère et sa fonction d'aubergiste. «Il s'agit pour moi d'une autre façon de faire la rencontre de l'autre, en dehors des célébrations liturgiques», dit-il. Il avoue que lorsque les hôtes apprennent son état sacerdotal, beaucoup se laissent aller au jeu de la confidence. «Je ne me suis jamais senti aussi prêtre de ma vie. Des confessions au sens large, j'en reçois régulièrement ici!» dit-il en rigolant.

Le curé-aubergiste séjourne à La Richardière du dimanche soir au mercredi, période durant laquelle il donne un coup de main à son ami. Le reste du temps, il exerce son sacerdoce et M. Gosselin s'occupe du gîte en solo.

Une maison de culture

Vous n'avez pas besoin d'avoir des péchés à expier ni d'être catholique pour visiter l'auberge. À La Richardière, il n'y a pas de signes religieux ostentatoires. Le but n'est pas d'en faire l'annexe d'un presbytère, mais une maison de culture, avec expositions d'oeuvres d'art, concerts (M. Gosselin est pianiste) et salle de lecture.

Le gîte propose quatre chambres, un salon de thé spécialisé en tisane inuite, un salon de détente et une salle à manger où l'on propose un menu gastronomique. Lors de mon passage, j'y ai dégusté un succulent repas six services, digne des meilleures tables de Montréal, le tout préparé par M. Gosselin, un cuisinier autodidacte.

«Je ne suis pas chef de formation, mais chef de passion!» se plaît à dire M. Gosselin. À essayer: son saumon Richard Adams (en hommage à ce grand guide de pêche de la Gaspésie) à l'orange et à la sauce aux huîtres.

Point de rencontre

La Richardière se trouve en plein coeur du charmant village de Godbout, à un jet de pierre de sa superbe plage sablonneuse. Tout près, sur l'ancien quai de la St. Regis Paper, c'est le point de rencontre des habitants du village. Lors de mon passage, un résidant m'a prêté gentiment sa canne à pêche. J'ai eu la chance, en l'espace de cinq minutes, d'attraper quatre harengs frétillants. Merci, Jacques!

Avis aux vacanciers: les propriétaires de La Richardière ont l'intention d'exploiter l'auberge 12 mois par année, profitant de la manne de passagers du traversier Matane-Godbout et du circuit de motoneige qui passe à proximité.

Info: www.gitelarichardiere.com