Prendre son sac à dos, tourner le dos à la civilisation... et s'enfoncer dans la forêt. La longue randonnée, c'est découvrir les paysages au rythme le plus naturel qui soit

Prendre son sac à dos, tourner le dos à la civilisation... et s'enfoncer dans la forêt. La longue randonnée, c'est découvrir les paysages au rythme le plus naturel qui soit: celui de ses propres pas. Une activité qui fait oublier les tracas... à condition d'avoir été bien planifiée.

C'est habituellement le plus beau moment de la journée. Celui où l'on laisse choir son sac à dos sur le perron du refuge, où l'on retire ses bottes boueuses et trempées de sueur et où l'on étire les muscles fatigués par une longue journée de marche.

Mais cette fois, nous allons tenter d'ajouter une deuxième cerise sur le gâteau.

Après avoir enfilé un maillot et une paire de sandales, nous descendons les rochers vers une destination qui nous attire comme un aimant: le fjord du Saguenay.

Un sourire gagne nos lèvres: la descente s'avère possible. Et en cherchant un peu, on déniche un rocher qui peut aisément faire office de patio de piscine.

Après deux jours d'efforts, de chaleur et de transpiration, l'entrée dans l'eau est une pure jouissance.

Nous sommes en bordure du sentier du fjord, dans le parc national du Saguenay, en train de pratiquer une activité qui date du jour où le premier hominidé a eu l'idée de se tenir sur ses deux pattes arrière, il y a quelques millions d'années: marcher dans la nature.

Depuis deux jours, nous parcourons la paroi du fjord sur un sentier qui s'amuse tantôt à nous faire grimper sur des hauteurs d'où la vue est imprenable, tantôt à redescendre presque jusqu'aux berges.

Partis de l'accueil de la Baie-Sainte-Marguerite lundi, nous arriverons à Tadoussac jeudi. Un parcours de 42 kilomètres.

Pourquoi marcher quand on peut aujourd'hui vrombir en motomarine ou regarder la nature depuis la fenêtre d'un motorisé? Pour la satisfaction de l'effort physique, répondent certains. Pour la beauté des paysages à découvrir, affirment quelques autres. Il y a aussi le plaisir de s'engouffrer dans une forêt et d'y survivre quelques jours sans eau courante ni électricité. Ou l'état méditatif que peut amener le fait de mettre un pied devant l'autre et de recommencer, inlassablement.

Nous, en tout cas, ne serions ailleurs pour rien au monde. Parce que nous sommes maintenant allongés sur les rochers chauds, en train de sécher au soleil. Rien de bien original: nous ne faisons qu'imiter le phoque aperçu hier en face du refuge de l'Anse de la Barge.

Les rayons du soleil finissent par se faire moins chauds et nous regagnons le refuge. C'est l'heure de sortir le réchaud au propane et les gamelles pour un repas panoramique sur le balcon, avec vue sur le fjord.

Les soirées? On ressort tout le bataclan qu'on vient tout juste de ranger parce que l'envie de se réchauffer avec un thé vient de nous prendre. On bavarde un brin avec ses compagnons de refuge. Puis on regarde les étoiles ou on lit à la chandelle. Habituellement plus tôt que tard, la fatigue fait son oeuvre. On se fabrique alors un oreiller avec une pile de t-shirts, on s'engouffre dans son sac de couchage... et on se laisse sombrer jusqu'au lendemain.

Une popularité récente

En 1989, Yves Séguin se donne comme projet d'écrire un livre sur la randonnée pédestre. Tout naturellement, il se tourne vers les États-Unis pour recommander des excursions. «Au Québec, il n'y avait rien. Rien pour écrire un livre, en tout cas», explique-t-il.

Son premier livre sur le Québec sera publié en 1993. Mais c'est vraiment au milieu des années 90 que le boom gagne le Québec. «En 1995, c'est vraiment parti en fou, raconte M. Séguin. Il y avait des nouveaux sentiers partout, je n'étais même pas capable de suivre.»

Avec les montagnes du nord-est des États-Unis à quelques heures de Montréal, pas étonnant que bon nombre de Québécois aient toujours regardé au sud de la frontière pour aller éprouver leurs bottes de marche.

Encore aujourd'hui, M. Séguin considère que les possibilités sont plutôt limitées au Québec compte tenu de l'immensité du territoire. Sans compter qu'il faut parfois négocier avec quelques petits irritants. Dans notre cas, par exemple, le sentier du fjord a conduit à de belles surprises: des panoramas grandioses, des bélugas qui batifolent et des refuges tellement beaux et bien situés qu'il faudrait davantage parler de chalets. Le bémol: une portion du sentier traverse une propriété privée, ce qui oblige les randonneurs à sortir de la forêt pour faire une partie du trajet... en voiture.

Reste que le Québec a accouché de quelques belles réussites. «Il fallait s'enlever l'idée de montagnes, dit Yves Séguin. Dans certains cas, avec le fleuve, les îles, en traversant d'autres types de forêts, on a vraiment réussi à faire des choses qu'on ne voit pas aux États-Unis. Et il y a la tranquillité. Allez faire l'une des randonnées classiques aux États-Unis un samedi et il peut y avoir 100, 200 personnes, avec les chiens et tout...»

Et avec l'automne à nos portes, les forêts québécoises revêtiront bientôt leurs plus belles couleurs...

L'équipement

«Comme dans tout autre domaine, le randonneur sera tenté de suivre les courants de la mode lorsque viendra le temps de faire la tournée des boutiques pour l'achat de son équipement», écrit Yves Séguin dans son livre Randonnée pédestre au Québec.

S'il est vrai que les avancées technologiques peuvent rendre la randonnée plus agréable, il n'est pas nécessaire de se ruiner pour arpenter les forêts. Et comme l'écrit M. Séguin, on peut toujours louer certaines pièces d'équipement, question de vérifier si elles sont vraiment utiles.

Une chose à retenir: chaque objet qu'on choisit d'apporter, on devra le traîner sur son dos. Il faut donc penser au facteur poids.

Petites listes des choses essentielles:

> de bonnes chaussures de randonnée (pour éviter les ampoules, ne jamais partir en longue randonnée avec des bottes neuves);

> un sac à dos de qualité;

> un sac de couchage et un matelas isolant;

> une tente si on ne dort pas en refuge;

> un réchaud et du combustible pour cuisiner;

> une gourde;

> un ensemble de gamelles;

> une lampe de poche;

> un canif;

> une trousse de premiers soins.

La bouffe Côté bouffe, chaque randonneur a ses propres trucs. Il faut penser à quelque chose de nourrissant, qui se conserve sans réfrigération et qui n'est pas trop lourd à transporter. Dans son livre La randonnée pédestre au Québec, Yves Séguin y va de quelques suggestions. Les boutiques spécialisées vendent aussi des repas déshydratés; on ajoute un peu d'eau bouillante, on attend... et c'est prêt.

L'eau

C'est le plus important. Dans plusieurs régions du Québec, l'eau des ruisseaux et contaminée par un parasite appelé Giardia lamblia, qui peut causer des problèmes intestinaux. Il est donc essentiel de la traiter. On peut la faire bouillir quelques minutes, la filtrer avec un purificateur ou la traiter avec des solutions d'iode.

Le sentier national

Un sentier de 1500 kilomètres qui traverse huit régions du Québec, de l'Ontario au Nouveau-Brunswick: c'est l'idée du Sentier national du Québec. Plus de 800 km ont déjà été aménagés; à terme, la section québécoise sera reliée au Sentier pancanadien, qui, lui, vise à relier le Paficique à l'Atlantique.

Renseignements :

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> La Fédération québécoise de la marche: www.fqmarche.qc.ca

> Randonnée pédestre au Québec, Yves Séguin, guides de voyage Ulysse

10 lieux de longue randonnée pédestre au Québec

1 - Le Sentier national au Québec (SNQ), notamment dans les Laurentides, dans Lanaudière et dans le Bas-Saint-Laurent.

2 - Le Sentier international des Appalaches, notamment dans les parcs de la Gaspésie et Forillon.

3 - Le Sentier de l'Estrie, notamment dans les parcs Sutton et du Mont-Orford.

4 - La Traversée de Charlevoix.

5 - Le parc national de la Gaspésie.

6 - Le parc national du Saguenay.

7 - Le Sentier des Caps de Charlevoix.

8 - Le parc national du Mont-Mégantic.

9 - Le parc national du Mont-Tremblant.

10 - Le parc national de la Mauricie.

(Selon Yves Séguin, auteur du guide Randonnée pédestre au Québec)

Les frais de ce voyage ont été payés en partie par la SEPAQ.