Miami, avais-je en tête, est le summum du kitsch. Ce n'est pas faux. Mais ce n'est pas plus mal pour autant.

Jour 1

17 h : Art déco

Ocean Drive, le coeur du quartier Art déco de Miami. Flânage en gougounes, du sud au nord, côté plage pour mieux admirer les immeubles. On ne m'a pas menti: c'est magnifique. Les immeubles d'Ocean Drive ont été construits durant les années 30; l'avenue a des airs de film de gangsters chic en affichant un faste que toutes les récessions n'ont pu ternir. La vraie menace est venue des années 1970-80, quand les promoteurs et leur folie des grandeurs ont voulu raser les petits hôtels au profit de grandes tours. Des citoyens se sont opposés, les autorités ont dû réagir. Aujourd'hui, 800 immeubles sont protégés, pour le plus grand plaisir des touristes séduits par leurs courbes rondes, leurs fenêtres en angle aux carreaux rectangulaires, leurs couleurs pastel. Et les hôtels rétro d'Ocean Drive vieillissent très bien: à 80 ans passés, leurs terrasses sont encore les plus branchées en ville. Verre de Pinot Noir et grignotines au coucher du soleil, je jase avec la serveuse originaire du Québec. «Et puis, la crise, ça vous touche?» «Évidemment, répond-elle. Tous les hôtels ont remarqué qu'il y a moins de monde cet hiver.»

20 h : Cuisine locale

Les guides touristiques recommandent fortement de réserver si on compte se présenter au resto après 20h, sans parler des foules aux portes de toutes les boîtes de nuit de la ville. J'ose me présenter au légendaire Joe's Stone Crab, même si le guide promet «des files d'attente horriblement longues». Mais devant l'homme baraqué en smoking qui prend les noms en note, point de clients. La salle est pleine, mais les tables se libèrent vite. Le plus célèbre resto de South Beach sert notamment des pinces de crabe avec une sauce «secrète» à la moutarde. Classique, et très bon.

22 h 30 : Nightlife, prise 1

Miami est réputé pour sa plage et ses hôtels Art déco, mais aussi pour ses boîtes de nuit. Mais bon, les jeunes gens dans le vent ne se présentent pas dans les boîtes de nuit avant 23 h 30 (j'avais oublié, depuis le temps...). Que faire? Sur le toit du nouvel hôtel Gansevoort, avenue Collins, il y a une terrasse. Paaarfait! L'endroit est chic, plein de banquettes rembourrées et de chaises longues invitantes au bord de la piscine éclairée, sur fond de musique lounge et d'une ville illuminée. Le tout a un prix: un cocktail mojito, 17 $. Je le déguste. Len-te-ment.

Jour 2

10 h 30 : Holà Barcelona

Balade dans le quartier Art déco. Espanola Way, avec ses maisons de style méditerranéen aux balcons en fer forgé et ses petites boutiques sympas, tranche avec le reste. L'espace d'une rue, on se croirait à Barcelone.

11 h 30 : Shopping et palmiers

Mais l'Amérique nous rattrape bien vite sur Lincoln Mall. Un centre commercial à ciel ouvert. Rue piétonnière récemment retapée, elle loge toutes les enseignes qu'il faut: Gap, Banana Republic, Mexx... En fait, on y trouve exactement la même chose que chez nous, palmiers en plus.

12 h : Plage

C'est quand même un peu pour ça aussi qu'on est ici. On peut être branché et vouloir bronzer. D'ailleurs le guide est clair: il faut profiter de la plage de South Beach avant que la mer l'ait toute avalée. L'armée a eu beau pomper le sable de l'océan dans les années 70-80, ça ne suffit plus. Si bien que Miami songe à importer son sable d'aussi loin que la République dominicaine!

Minuit : Nightlife, prise 2

Après quelques apéros et des tapas sur Espanola Way, c'est l'heure de la boîte de nuit. Direction le Mansion, une institution de l'avenue Washington. Il y a une petite file qui avance vite, on y entre en 10 minutes... moyennant 30 $ de prix d'entrée. Eh zut, c'est une soirée pur hip hop. À 2 h 30, lasse de ces rythmes qui ne me disent rien (je voulais de la techno, moi!), direction la plage pour un dernier verre. On a le temps, les bars ne ferment souvent pas avant 4 h.

Jour 3

11 h : Downtown blues

Les jeunes gens dans le vent ont un peu la gueule de bois, mais ça ne les confine pas à leur chambre pour autant. Bus vers Miami, le vrai Miami, de l'autre côté de la baie. Le bord de l'eau est joli autour du Bayside Marketplace. Mais la rue Flagler, le coeur du centre-ville, est glauque et décevante.

13 h : Cuba là-bas

Re-bus jusqu'à Little Havana. Un soleil de plomb tombe sur la Calle Ocho, la rue principale. Le fief des Cubains exilés, rejoints par leurs cousins de toute l'Amérique centrale, n'offre finalement pas grand-chose aux touristes en mal d'exotisme. Il y a bien des boutiques de cigares et le parc Maximo Gomez - où les vieux viennent jouer aux dominos - mais pour le reste... On y mange cependant un succulent arroz con pollo (poulet et riz) à 4,50 $, certainement le meilleur rapport quantité-prix du voyage.

15 h : Design du monde

Re-re-bus vers le Design District. Ce quartier autrefois malfamé a été transformé en rendez-vous de la branchitude domestique. On y va pour le plaisir des yeux, à défaut de pouvoir rapporter dans nos valises un canapé italien ou un robinet scandinave. Une visite inspirante avant de retourner vers la plage... pendant qu'elle y est encore.