Au bout du minuscule quai municipal, Eric Mateos vérifie la tension du fil à pêche qu'il vient de lancer à l'eau. À ses pieds, une belle sériole (yellowtail) d'environ deux kilos, une prise qu'il compte bien manger ce soir à la maison, à moins qu'il ne la vende. Mais pas en bas de 40 pesos (autour de 4 $), insiste-t-il.

Il est presque midi. À deux pas, des dizaines de barques s'allongent sur la plage, au repos comme la plupart de leurs propriétaires qui, à cette heure, sont dans les bras de Morphée. Ici, une partie importante de la pêche traditionnelle se fait de nuit. Et il y a fort à parier que si vous logez dans un hôtel face à la mer, vous verrez plusieurs petits points lumineux se dandiner au large pendant la soirée. Ce sont des pêcheurs. Bienvenue à Zihuatanejo, sur la côte mexicaine du Pacifique.

Mais pressons-nous. À deux pas, comme c'est le cas chaque jour, des pêcheurs viennent vendre leurs captures. Devant les poissons multicolores, on discute poids et prix. Plusieurs touristes assistent à la scène. Pêcheurs, acheteurs et ...poissons se laissent volontiers prendre en photo. Mais ici on ne pêche pas pour la galerie. Si vous revenez sur place en fin d'après midi, vous assisterez à la préparation des équipages pour leur sortie nocturne en mer. Voilà ce qui rend Zihuatanejo si agréable.

La population est accueillante, l'atmosphère paisible, la mer verte, la baie entourée de montagnes. En plus des grandes plages, on y compte une multitude de restaurants, deux marchés publics, de nombreuses boutiques d'artisanat local où les vendeurs ne se font jamais trop insistants. On peut comprendre pourquoi: en 1970, les autorités mexicaines ont cru bon, comme ce fut le cas de Cancun, de construire de toute pièce une station touristique jumelle à deux pas de Zihuatanejo.: Ixtapa,

Située à 10 minutes de voiture plus loin, sur la baie du même nom, la ville touristique comprend de grands hôtels, des plages aux vagues écumeuses, deux importants terrains de golf, une piste cyclable de 15 km, (on peut louer des véos) des boutiques, des bars, des discothèques. «Deux destinations pour le prix d'une», clame la promotion touristique.

Le succès du mariage entre Ixtapa et Zihuatanejo n'est pas le seul facteur qui incite les gens à y revenir. Il y a aussi le climat et le paysage. La température est toujours stable, autour de 25 C, le soleil est omniprésent; il ne pleut presque jamais.

Jovette Gasse, une chef cuisinière de Sherbrooke qui terminait un séjour de deux mois lors de notre rencontre à la mi-décembre, n'en revenait toujours pas: «Imaginez, durant toute cette période, il n'a plu que deux minutes.» Même enthousiasme chez Francine Lauzon, agente immobilière à Montréal, qui a oeuvré durant une dizaine d'années dans le domaine du voyage au Mexique, sa deuxième patrie, comme elle le souligne. C'est son troisième séjour à Ixatapa-Zihuatanejo. «Ici sur la côte du Pacifique, le climat est très stable. Ce qui n'est pas toujours le cas sur la Riviera Maya, sur la côte Atlantique, du moins en décembre et en janvier où le temps est parfois frais, sinon pluvieux, dit-elle. Et contrairement au Yucatan, le paysage est très accidenté, la végétation reste verte jusqu'en avril, les vagues sont fortes et les plages accessibles par voiture sont très nombreuses.»

Pour ceux qui ont la bougeotte

Si vous avez la bougeotte, vous ne serez pas déçus. Les terrains de golf sont magnifiques et vous donneront peut-être l'occasion de rencontrer un crocodile en train de flâner sur le bord d'un étang. Rassurez-vous, ils sont de nature farouche. On vous conseille néanmoins de ne pas ramasser votre balle si elle tombe à l'eau, histoire de ne pas déranger les paisibles sauriens. Pour faire plus ample connaissance, rendez-vous plutôt au Crocodrilario. Les pensionnaires du grand enclos en plein air y sont nombreux mais peu volubiles. La visite est toutefois gratuite.

Les amateurs de surf, eux, s'amuseront dans les vagues déferlantes. Et pour avoir une bonne idée de la méthode à suivre, allez faire un tour à l'extrémité est de la plage El Palmar, à Las Escolleras, de 9 à 12 h ou en fin de journée, de 17 à 18 h, où plusieurs jeunes s'exécutent régulièrement. Vous serez impressionnés.

On compte aussi plusieurs lieux propices à la plongée en apnée même si l'eau est rarement aussi claire que dans les Caraïbes. C'est le cas de la plage Las Gatas, un endroit seulement accessible en bateau-taxi de Zihuatanejo (3 $ aller-retour). On peut y louer l'équipement sur place et les restaurants sont nombreux. À éviter les fins de semaine en raison de la grande affluence. La petite île (Isla Ixtapa), en face de la Playa Linda, regroupe quatre plages dont l'une est reconnue pour son eau limpide et ses poissons. Si possible, plongez l'avant-midi, avant le brassage des eaux par les grandes vagues. Côté restauration, là-aussi vous aurez l'embarras du choix. L'endroit est accessible seulement par bateau-taxi à partie de la Playa Linda.

Retour à Zihua

Mais revenons à «Zihua», comme on se plaît à appeler l'endroit. Il est agréable de flâner le long des rues et de visiter les marchés publics qui regorgent de fruits inusités, une façon aussi de sentir le pouls de la population locale. Profitez de l'occasion pour goûter un chile relleno con queso dans un bouiboui du coin, un poivron farci de fromage, enrobé d'une pâte frite. Un délice! Arrêt ensuite à la boutique Tequila por favor pour découvrir que la tequila peut être un produit très raffiné que l'on boit lentement, en dégustant chaque goutte. On y vend aussi des cigares et du vin. Le proprio parle français. Puis pour finir la tournée, retour sur le bord de l'eau, à la Gorda Sirena (La grosse sirène) pour y boire une limonade au gingembre, autre délice.

Enfin, pour terminer la journée, allez admirer le coucher de soleil à l'hôtel Las brisas, au bar ouvert aux quatre vents, tout près de l'accueil, au 18e étage, où étrangement, on débarque en voiture. C'est l'un des plus anciens hôtels de la ville (il vient d'être rénové), un des plus originaux avec sa forme pyramidale, sa plage privée, son paysage marin accidenté et sa végétation luxuriante. Et si vous prêtez attention, en regardant le soleil décliner, vous assisterez probablement au passage de quelques bruyants perroquets venus s'installer dans le coin pour passer la nuit.

Barra de Potosi : des oiseaux à profusion

Dans la région d'Ixtapa-Zihuatanejo plusieurs entreprises proposent des excursions de découvertes écologiques à pied, en vélo, en kayak ou encore en téléphérique, au sommet des arbres.

Adventours (www.Ixtapa-adventours.com), par exemple, vous invitera à une journée mariant vélo, kayak et plongée en apnée ou encore, à une promenade dans l'éco-parc Aztlan, au bout de la piste cyclable d'Itaxpa, pour découvrir le Cocodrilario et la lagune de Playa Linda avec ses nombreux oiseaux.

Qu'on soit amateur ou pas de la gent ailée, impossible de rester indifférent devant la profusion d'échassiers dans les lagunes de la région. Mais en matière d'ornithologie, le clou du spectacle est à Barra de Potosi, un endroit réputé (on y organise des excursions à chaque jour ou presque). Situé à environ 40 minutes de voiture de Zihuatanejo, cette lagune de plusieurs kilomètres de rive est délimitée par les palétuviers de la mangrove et une plage qui s'allonge à perte de vue. Que vous visitiez l'endroit en kayak, en canot ou en embarcation motorisée (location sur place), vous découvrirez des centaines d'oiseaux, notamment de grands échassiers comme des aigrettes, des hérons, des grues, des ibis roses flamboyants et une foule d'autres espèces de rivage.

En une heure nous avons pu observer environ 25 espèces. Et il était midi, le moment le moins propice de la journée pour se promener avec ses jumelles.

Le point de jonction entre la lagune et la mer est situé juste en face d'une très haute colline au sommet de laquelle repose un autel précolombien qui fait partie du site archéologique de la Chole. Cette présence historique est actuellement l'objet d'une bataille entre des environnementalistes de la région, archéologues et biologistes en tête, et des promoteurs qui veulent transformer l'endroit en un vaste complexe hôtelier. Difficile à dire si la faune de la lagune et les quelques pêcheurs qui y puisent leurs revenus auront gain de cause.

Nouveau site achéologique

Le patrimoine archéologique du Mexique est incroyable. On compte environ 40 000 sites. Rodolfo Labato Rodriguez, archéologue de 37 ans, est responsable d'une équipe de 40 personnes qui travaillent actuellement à la Chole, à Soledad de Maciel, à une trentaine de minutes de voiture de Zihuatanejo. Ce site archéologique s'étend sur 148 kilomètres carrés et pourrait devenir un des plus importants au pays, du moins, avec le temps et de l'argent. Au cours de l'année, on prévoit excaver une petite pyramide, mais pour l'instant, seul un petit musée doit ouvrir ses portes bientôt. On y trouvera quelques stèles.

En attendant, ce qui peut inciter à se rendre à Soledad de Maciel est plutôt le restaurant de campagne situé à 1 km du musée. El Canto de los Grillos (Le chant des grillons) sert une cuisine «préhispanique», une cuisine d'époque, si vous voulez, plutôt exotique. Les plats sont préparés en plein air sur des fours d'argile. Au menu: lapin et caille rôtis, boeuf, porc, agneau et autres viandes conventionnelles. Mais l'équipe d'archéologues qui nous accompagnait lors de notre visite a préféré prendre des plats qui ne figuraient pas sur le menu: iguane (iguana), tatou (armadillo) et blaireau (tejon), tous servis dans une sauce onctueuse, pas trop piquante. Très original, goûteux, texture inusitée, mais j'ai préféré mes cailles rôties.

Sous le signe de la tortue

Plusieurs espèces de tortues marines sont aujourd'hui menacées: consommation des oeufs ou de leur chair. Les hôtels d'Ixtapa-Zihuatanejo font leur part pour leur survie en recueillant les oeufs déposés dans le sable au cours de la ponte pour ensuite les transporter dans des petits enclos où ils seront à l'abri des prédateurs et des marcheurs. Quand les oeufs sont éclos et que les bébés tortues sont en forme pour prendre le large, on procède à des lâchers, au grand plaisir des touristes.

Repères

- Zihuatanejo et Ixtapa sont situées sur la côte du Pacifique, à environ 700 km de Puerto Vallarta, au nord et à 250 km d'Acapulco, plus au sud. Il faut environ quatre heures de voiture pour se rendre à la station balnéaire d'Acalpulco.

- Seul Air transat offre une liaison directe entre Montréal et Ixtapa, de la fin décembre jusqu'en mars. Mexicana vole directement de Montréal à Mexico. Un vol local de 60 minutes vous mène à Ixtapa la même journée.

- Les frais de taxi d'Ixtapa à Zihuatanejo sont de 6 à 7 $.

- On peut louer une voiture pour environ 60 $ par jour.

- Les villes jumelles comptent quelques guichets automatiques.

- Le meilleur guide est en anglais: Puerto Vallarta&Pacific Mexico, de Lonely Planet (2006).

- Renseignements: www.visitixtapazihuatanejo.com (site en français, anglais, italien).

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Les frais de ce voyage ont été payés par l'Office des congrès et du tourisme d'Ixtapa-Zihuatanejo.