«La Petite Reine», un bateau de pêche adapté au pescatourisme, invite ses passagers à s'approcher au plus près des parcs à huîtres aux abords de l'île de Ré en France avec un ostréiculteur pour guide. Ou comment découvrir la mer du point de vue professionnel.

Les huîtres, fraîchement ramassées sur les parcs par Christophe Bertaud, sont ouvertes et dégustées à bord avec quelques moules crues. «J'ai l'idée d'installer un barbecue à l'arrière du bateau, mais je ne sais pas ce que vont en penser les Affaires maritimes!», plaisante l'ostréiculteur.

Le pescatourisme, variante maritime de l'agrotourisme (en zone rurale) et de l'oenotourisme (dans des propriétés viticoles) apparaît peu à peu en France. Il s'agit d'accueillir des passagers à bord de navires armés pour la pêche ou les activités aquacoles, à titre d'activité complémentaire rémunérée dans le but de faire découvrir le métier de marin-pêcheur ou d'ostréiculteur.

Deux à trois fois par semaine, en saison touristique, «La Petite Reine» de Christophe Bertaud, 49 ans, installé au port de Charron, à la limite de la Charente-Maritime et de la Vendée, emmène ainsi quelques touristes découvrir ses parcs à huîtres près de l'île de Ré.

«Je ne fais pas ça pour abandonner mon activité mais pour la promouvoir. Je veux faire voir aux gens que l'huître n'arrive pas comme ça dans l'assiette, c'est du travail...», explique-t-il, accostant à l'occasion d'autres bateaux pour présenter à ses passagers d'autres métiers de la mer.

L'ostréiculteur voit dans cette activité complémentaire une possible bouée de sauvetage alors que l'ostréiculture française fait face à une importante crise provoquée par la surmortalité des jeunes huîtres depuis l'an dernier.

«Le métier, on sait qu'il est difficile. Mais ce qui est le plus difficile aujourd'hui, c'est le manque de perspectives. On ne sait pas où on va. Cette année, comme l'an dernier, la surmortalité touche tous les bassins ostréicoles. Alors c'est peut-être ce qui va me permettre de m'en sortir...», espère-t-il.

Pour pouvoir accueillir jusqu'à dix personnes, il a dû adapter son bateau au transport de passagers (rehausser le bord de la coque, sièges, radeau de survie), ce qui représente «un an de boulot et 12 000 euros» d'investissement.

Selon l'Aglia, l'Association du grand littoral atlantique regroupant conseils régionaux et professionnels de la pêche et des cultures marines de quatre régions (Bretagne, Pays-de-la-Loire, Poitou-Charentes et Aquitaine), la réglementation demeure la question clé du développement du pescatourisme.

Les bateaux doivent pouvoir transporter leurs passagers en toute sécurité tout en permettant la poursuite des activités professionnelles alors que «les réglementations sur la pêche et sur le transport de passagers ne sont pas forcément concordantes entre elles», souligne Aline Delamare, chargée de mission à l'Aglia.

Le pescatourisme se développe donc de façon un peu expérimentale en France, à l'image des cinq bateaux qui, depuis le 1er juillet dans le Var, embarquent des touristes pour des matinées de pêche artisanale dans le cadre d'une étude-pilote initiée par l'association locale «Marco Polo».

Une réglementation propre à cette activité, nouvelle en France mais très développée en Italie où elle est née il y a 20 ans, selon l'Aglia, pourrait voir le jour cet automne.