On pense connaître Paris, dont on a gardé un souvenir romantique de nos séjours de célibataires. La vie nous y ramène, cette fois avec deux jeunes héritiers de 2 et 4 ans. Alors, qu'est-ce qu'on fait? On fait comme les familles parisiennes, quoi.

Bouquiner sur les quais? Flâner au musée d'Orsay? Passer tout l'après-midi à la terrasse d'un café? Mieux vaut oublier ça cette fois-ci. Vite, un parc! Célibataires, on connaissait évidemment les jardins du Luxembourg ou celui des Tuileries. Mais avec les enfants, on en découvrira d'autres, comme celui des Buttes-Chaumont, avec son sentier autour d'un étang, sa grotte avec une chute d'eau, et le ruisseau pour lancer des cailloux. Les garçons s'amusent également longtemps à pêcher des petits canards de plastique dans un grand bac rempli d'eau. Aux Tuileries, certains jours, on peut louer de petits bateaux à faire voguer dans le bassin. Aux jardins du Luxembourg, les enfants se déchaînent dans les modules de jeux regroupés dans une cour clôturée, dont l'entrée est payante (2,60 euros par enfant, 1,40 euro par adulte, jouets pour le sable fournis et cantine sur place). Certains quartiers, comme celui du Montparnasse, comptent également une quantité incroyable de petits parcs avec modules de jeux. Vous ne l'aviez jamais remarqué? Les enfants, eux, semblent avoir des antennes pour ça...

Le théâtre en plein air est aussi une vénérable institution dans les parcs parisiens. Guignol, Polichinelle et les autres passent dans les principaux parcs de la ville. Mais pour les horaires, nous n'avons pas eu de chance. Les séances ont lieu surtout les mercredi, samedi et dimanche après-midi, un horaire difficile à concilier avec la sieste des petits. On a ainsi raté la séance au parc des Buttes-Chaumont (un ciel trop menaçant) puis une autre au parc des Chanteraines, à Gennevilliers au nord de Paris (on aurait dû vérifier l'horaire du RER). Enfin, nous avons réussi à nous glisser, un samedi matin, dans le petit théâtre couvert des jardins du Luxembourg. À l'affiche, les Trois Petits Cochons, dans un décor rudimentaire, animé par des marionnettes au visage de carton-pâte figé. À l'époque des dessins animés Disney ultraléchés et du théâtre pour enfants à grand déploiement, les garçons allaient sûrement s'ennuyer après 10 minutes...

Erreur.

L'institution n'a pas 200 ans pour rien, elle sait comment captiver l'assistance. Sous le regard ébahi des enfants, le gros méchant loup a soufflé les maisons des cochons, avant de se faire taper dessus par un Guignol encouragé par un public en délire. Les 45 minutes du spectacle se sont envolées et les garçons étaient ravis.

On pique-nique sur une pelouse, avant de rentrer à l'appartement. Le casse-croûte a été acheté au marché, une bonne façon de faire le plein de fruits frais à meilleur prix qu'à l'épicerie. Et rien de mieux que le sourire d'un gros bébé baveux pour obtenir deux ou trois abricots de plus...

Bien que nous prenions surtout nos repas à l'appartement, nous nous risquons parfois au resto. Et nous sommes, la plupart du temps, ravis. Les serveurs sont exceptionnellement gentils. L'un aidera à caser la poussette dans un coin, l'autre viendra éponger avec le sourire le verre de limonade qu'a renversé le plus jeune, et pas un geste d'impatience de la part du personnel ou des clients, pourvu évidemment qu'on ne dépasse pas les bornes.

Des classiques, même chez les petits

Dora l'Exploratrice a au moins ça de bon: les fistons savaient depuis longtemps que la tour Eiffel se trouve à Paris. Alors, lorsqu'on arrive place du Trocadéro et que s'élève devant nous la Vieille Dame... C'est l'hystérie! Ils ne demandent pas à y monter (on est soulagé) parce qu'ils sont plus préoccupés par le vendeur de glaces et par les deux carrousels plantés près de ses «énooormes» pieds. Même s'ils ont été prévenus «qu'à Paris, on marche beaucoup, beaucoup», les balades en ville ne sont pas leur activité préférée. Mais ils sont curieux d'écouter l'histoire de ces rois qui ont habité le grand palais appelé le Louvre («Elle est où la princesse, maman?») et d'observer toutes ces gargouilles qui ornent Notre-Dame. Pour les longs déplacements, nous préférons l'autobus, sauf si c'est l'heure de pointe et qu'il fait 30 degrés. On ne se rend pas compte du nombre incroyable d'escaliers dans les souterrains du métro avant de s'y être aventuré avec une poussette...

Le zoo reste toujours une bonne option pour faire plaisir aux enfants, mais celui de Vincennes est fermé jusqu'à l'an prochain. Pour voir des animaux, il y a le jardin des Plantes, une fermette dans le bois de Vincennes, ou les aquariums. Nous allons à celui de la Porte Dorée. Les petits sont ravis: des poissons tropicaux qui peuvent être facilement observés par les enfants, un gros alligator, des méduses translucides, et surtout... un aquarium peuplé de tous les personnages du film Nemo de Disney, en chair et en arêtes. Les grands trouvent cependant le tout un peu maigre et nous préférons de loin l'aquarium du Trocadéro (le Cinéaqua), visité lors d'un précédent voyage.

Les temps forts des garçons n'impliquaient toutefois aucun animal à poil ou à plumes. «Ils» sont partout: au pied de la butte de Montmartre, à l'entrée du métro des Abbesses, sur le parvis de la gare Montparnasse, deux fois plutôt qu'une aux pieds de la tour Eiffel... «Ils»? Les manèges! Les fistons, évidemment, veulent tous les faire. Et nous, parents gagas, cédons souvent. Le grand carrousel de Montmartre, au pied du funiculaire, est majestueux: deux étages de chevaux galopants, crinière au vent, et de carrosses qui se bercent au son de l'orgue traditionnel. Les touristes sont charmés, malgré le prix élevé d'un tour (2 euros). Mais les enfants préfèrent les plus petits manèges, comme celui de la place des Abbesses (Montmartre), «à cause du vaisseau spatial, de l'hélicoptère Spiderman et de l'autobus Scoubidou». Dans leurs véhicules illuminés, à la sortie de classes, tous les enfants chahutent en rigolant. Les nôtres ne font pas exception. Les v'là devenus de vrais moutards, ma foi.