Desservie par un vol direct d'Air Transat, Toulouse constitue une excellente porte d'entrée dans le sud-ouest de la France. Seul hic: trop de gens atterrissent dans la ville rose sans prendre le temps d'y poser leurs valises. Ils passent à côté d'une ville animée où il fait bon flâner de terrasses en cafés, en places ensoleillées et en rues illuminées.

Jour 1

9 h

Inutile de s'encombrer d'une voiture, le centre historique se visite aisément à pied. Pour les plus grandes distances, on peut toujours sauter dans une navette gratuite qui sillonne la ville. Notre point d'ancrage: l'hôtel Ours blanc Wilson, dans le quartier Victor-Hugo. La chambre est rudimentaire, mais propre. Et à 69 euros la nuit pour deux, ce n'est pas cher payé pour être au coeur de l'action.

10 h

L'exploration du Vieux-Toulouse commence par un classique: la place du Capitole, coeur de la ville où les Toulousains se rassemblent pour les grandes fêtes. Les immenses colonnes de marbre rose du Capitole s'harmonisent aux façades de briques de terre cuite, teintées de rouge-orangé sous le soleil du matin. Au XVe siècle, la ville rose était plutôt reconnue pour son bleu pastel. Le commerce du pastel a fait la fortune de certains, comme ce monsieur Bernuy. Son gousset était bien garni... Aujourd'hui encore, la tour de son hôtel particulier est la plus haute des environs.

11 h

«On traverse à gué la Garonne», chante Jean-Pierre Ferland. On choisit plutôt le Pont-Neuf. La vue sur l'hôpital Hôtel-Dieu et la rive gauche attire (avec raison) nombre de touristes, appareil photo en main. Plus tranquille, la balade sur la rive droite est enchanteresse. Les berges du fleuve sont autant de parcs, de sentiers piétons à hauteur d'eau et de haltes pour rêvasser. L'été, on y aménage même une plage.

13 h

Pause pique-nique place de la Daurade, au milieu des enfants et des chiens qui courent. C'est un cadre parfait pour déguster notre sandwich au saumon fumé et crème de ciboulette acheté plus tôt à la Maison Pillon. Leurs chocolats sont célèbres; leurs sandwichs (divins) devraient l'être tout autant. Le repas se termine, bouquin en main, sur la terrasse du Café des Artistes, face à la Garonne. La clientèle provient en grande partie des Beaux-Arts, juste à côté. Le café est bon. Le verre de rouge aussi.

15 h

La balade se poursuit par des rues piétonnières animées, aux noms parfois saugrenus: rue des Gestes, rue Tripière, rue du Poids de l'huile! On se tord le cou pour admirer des bâtiments datant du Moyen Âge, comme celui du musée des Compagnons du Tour de France (rien à voir avec le vélo!). Plusieurs façades arborent des encorbellements de bois entrecroisés. L'hôtel Daunay, bel édifice du XVIIe siècle, abrite le musée du Vieux-Toulouse. Seulement, il fait trop beau pour s'enfermer et le paysage des rues de Toulouse vaut tous les artefacts du monde.

17 h

On aboutit sur la charmante place Saint-Georges, avec ses arbres et ses jeux pour les enfants. Il est cinq heures, c'est l'heure du thé! Coup de coeur pour la terrasse du Jardin des thés, qui sert ses délicates infusions dans des tasses fleuries du plus chic style anglais. Si seulement on nous épargnait les crumble (celui aux pommes est délicieux), pie, cake et autres desserts aux patronymes shakespeariens...

20 h

Arrêt place Wilson, pour souper. Les restos abondent, mais plusieurs proposent de mornes menus pour touristes. À la Brasserie Le Capoul, l'étalage d'huîtres attire notre oeil. Le menu sur l'ardoise change chaque jour. Vendu! La salle à manger offre le charme désuet d'une brasserie des années 20. Au menu: Tariquet (un vin de pays blanc et moelleux), huîtres, brochette d'onglet, glaces...

22 h

La panse pleine, on repart en exploration nocturne. Toulouse change de visage la nuit tombée depuis la mise sur pied, en 2004, du Plan Lumière. Les plus beaux bâtiments de la ville sont mis en valeur par des éclairages élaborés, mais jamais trop chargés. Toulouse «by night» brille, comme illuminée par mille bougies colorées.

Jour 2

10 h

Merde, il pleut! Le moment est parfait pour fouiner dans les boutiques qui nous ont fait de l'oeil la veille! On passe le seuil de Résonances et on se croit dans un spa. Trois étages de produits de santé, beauté et bien-être, sur un fond de musique relaxante. Mieux, on nous sert un thé vert à la menthe aromatisé de cristaux de sucre d'érable (oui, oui).

Deuxième arrêt: la librairie Ombres blanches, véritable institution toulousaine. La vitrine rue Gambetta ne paie pas de mine, mais de l'autre côté de la porte, c'est le paradis! Un dédale de bouquins (70 000 titres, dit-on) empilés jusqu'au plafond. Des plantes en pots. Des tables et des chaises pour prolonger le plaisir. Une librairie comme on en rêve, juste assez bordélique pour donner envie d'y passer la journée.

La porte d'à côté cache une autre librairie, toute petite celle-là: Terres de légendes. Des bandes dessinées, rien que des bandes dessinées, dont plusieurs pas encore parues au Québec. Il aurait fallu emporter une valise supplémentaire.

14 h

La lecture, ça creuse. Au Café des couleurs, rue Baronie, on se spécialise dans la cuisine libanaise. Plus sympa que le stand à kébab du coin, plus savoureux aussi.

15 h 30

Le Musée des Beaux-Arts profite d'un écrin de choix pour sa collection: le couvent des Augustins. Plusieurs oeuvres religieuses romanes et gothiques ont été sauvées in extremis de la destruction, après la loi de nationalisation des biens de l'Église à la Révolution, et ont trouvé refuge ici. L'émouvante Notre-Dame de Grasse constitue sans doute la plus belle sculpture du musée. C'est en tout cas sa plus célèbre. Dans la galerie du cloître, plusieurs gargouilles plantées à la verticale offrent un spectacle inquiétant. On n'a pas l'habitude de voir de si près ces gueules grandes ouvertes. Le plaisir de la visite est multiplié par deux: le monastère est splendide et le musée propose un fascinant voyage dans le temps.

20 h

Après une petite virée place de l'Esquirol, on réintègre l'église des Augustins pour un concert dans le cadre du festival international Toulouse les Orgues. La ville est reconnue comme la capitale européenne de l'orgue. Elle compte 30 orgues, dont plusieurs classés monuments historiques. Celui des Augustins est tout récent, il date de 1981 et sa facture baroque manque de superbe. Le concert, Tous les chemins mènent à B.A.C.H. (pour Bach, Albinoni, Corelli et Händel), est encore plus décevant. Les transcriptions inédites pour grand orgue et cordes sont tristounettes et sans éclat. Un conseil: allez donc voir l'orgue de l'église du Gésu. Et lisez toujours attentivement les programmes!

23 h

On va noyer notre déception dans un petit resto sympa, La Réserve, rue Jean-Suau. La bouffe est bonne, les assiettes copieuses, les serveurs rigolos. Il aurait été trop bête de quitter Toulouse sur une fausse note.