Pendant qu'ils voguent sur la Méditerranée, les passagers de L'Austral de la Compagnie du Ponant sont transportés par des airs d'opéra. Quelques minutes plus tôt, ils ont entendu les chanteurs préparer leur voix et bientôt, ils partageront leur repas. Pendant toute la durée de la croisière «Et vogue l'opéra», artistes et croisiéristes forment une grande famille. Récit d'une croisière exceptionnelle... et où tout se passe en français.

Une dizaine de jeunes chanteurs et musiciens professionnels sont à bord de L'Austral. Sans être connus mondialement, ces artistes se produisent régulièrement en Europe et ont déjà enregistré quelques disques. Cette croisière-vacances est pour eux l'occasion de partager avec les passagers mélomanes leur passion de l'art lyrique. Cela se fait en toute simplicité.

«C'est un temps de musique et d'échange», dit Jean-François Vinceguerra, directeur artistique de la croisière. En tant que baryton-basse, il a déjà chanté sur la plupart des scènes européennes et a mis en scène plusieurs opéras. Son ambition est maintenant de «désacraliser» l'art lyrique et de le rendre accessible à tous.

Les passagers n'assisteront pas à des versions intégrales d'opéra. Mais chaque jour le programme prévoit au moins un spectacle ou une activité en rapport avec l'art lyrique. Les chanteurs présentent parfois un récital en soirée dans le théâtre. D'autres jours, ce sera quelques grands airs à l'apéro dans le grand salon. Ces représentations ont un ton léger et fort sympathique.

Les journées en mer sont aussi très culturelles avec des conférences passionnantes, comme celle sur la voix présentée par la phoniatre de renommée internationale, Elizabeth Fresnel.

La croisière lyrique, qui en est à sa septième année, fait partie d'un vaste programme de croisières thématiques de la Compagnie du Ponant. Outre les itinéraires à thème musical (opéra, bel canto, comédies musicales, violons tziganes, jazz en mer), d'autres sont consacrés à l'exploration, au golf et à la famille; d'autres encore abordent des thèmes comme le cinéma, la gastronomie et les grands vins. Les itinéraires, sans cesse renouvelés, varient selon les navires et selon les années.

En mai 2012, la croisière lyrique allait de Suez (Égypte) à Venise. L'itinéraire de 12 nuits comprenait des escales dans trois pays: Liban (Beyrouth), Grèce (Rhodes, Nauplie, Itea et Parga) et Croatie (Dubrovnik, Split et Rovinj) avant de rejoindre Venise. Ceux qui manquent de temps peuvent choisir un segment de la croisière, par exemple Beyrouth-Itea.

Cinq étoiles

La Compagnie du Ponant, dont les navires battent pavillon français, s'est positionnée dans le créneau des croisières cinq étoiles. Ses navires de petit tonnage, à faible tirant d'eau, parcourent les mers du monde, de l'Arctique à l'Antarctique. Grâce à leurs petites dimensions, ils peuvent visiter des ports peu fréquentés et proposer des expériences qui sortent des sentiers battus.

Le plus récent navire de la compagnie, L'Austral, a été inauguré en 2011. En plus des 140 membres d'équipage, il accueille un maximum de 264 passagers. Ces derniers font rapidement connaissance et de nouvelles amitiés se créent. «C'est comme une croisière privée», s'émerveillent les croisiéristes.

Les lignes épurées de L'Austral donnent une idée de son raffinement. Les 132 cabines et suites sont luxueuses, de bonne grandeur et dotées d'un balcon. Les toilettes sont séparées de la salle de douche, il y a du rangement à profusion, des lampes de lecture judicieusement placées, une télé, une station iPod et un accès internet WiFi. C'est le confort d'un hôtel boutique. En prime, une grande fenêtre près de la douche permet de voir la mer pendant qu'on se savonne.

Il suffit de quelques minutes pour faire le tour du navire de six ponts et se familiariser avec ses espaces communs. L'Austral compte une salle à manger, un resto grill avec terrasse extérieure, deux bars et un salon panoramique, un magnifique théâtre de 250 places, un spa luxueux, un espace loisirs (bibliothèque, jeux, ordinateurs), une boutique et une très petite piscine. Fait à noter, il n'y a pas de casino.

À bord, c'est le «French Lifestyle», ou l'art de vivre à la française, qui a cours. Cela se traduit par un esprit «club de vacances», une élégance sobre et décontractée, sans tape-à-l'oeil. La Compagnie du Ponant a renoncé aux tables assignées, préférant laisser à chacun le choix de manger dans l'un ou l'autre des deux restaurants, en tête-à-tête ou avec un groupe d'amis.

Environnement francophone

Tous les services sont offerts en français, dans la langue de l'équipage, qui compte également quelques membres d'origine indonésienne et philippine. De l'accueil jusqu'au journal de bord, de l'animation jusqu'aux excursions lors des escales, tout se passe en français. La clientèle, très majoritairement francophone, provient surtout de France, de Belgique et de Suisse.

À bord, tous les achats (consommations, excursions, traitements au spa, etc.) sont facturés en euro. Autre touche «française», la boutique et le spa sont fermés de midi à 14h.

Le petit-déjeuner et le repas du midi sont «à la bonne franquette», tandis que le menu du dîner est plus recherché. Le vin est offert gratuitement avec les repas. D'autres vins sont proposés à prix raisonnable, à la bouteille seulement. Le thé, accompagné de quelques petites bouchées, marque une pause dans l'après-midi. Et en cas de petite faim, le service en cabine est disponible 24h sur 24.

La Compagnie du Ponant se préoccupe beaucoup d'écologie. L'Astral est équipé de systèmes qui minimisent son empreinte: propulsion électrique silencieuse; traitement des eaux usées et des déchets; réduction des émissions de fumée; éclairage par des ampoules à faible consommation.

Programme accessible

Le programme musical de la croisière lyrique est très varié. Certaines représentations marient de grands airs d'opéra avec le jazz ou encore avec des chants russes. La soirée consacrée à la balalaïka a enchanté les passagers, qui ont découvert un instrument rarement entendu et un musicien extraordinaire. Le balalaïkiste Micha Tcherkassky, issu d'une famille franco-russe, a été initié à cet instrument dès l'âge de 9 ans par son grand-père.

Jean-François Vinciguerra s'inspire également des escales pour composer son programme. À Rhodes, nous avons eu droit au magnifique spectacle Le chant des castrats, en souvenir du Siège de Rhodes, créé à Londres en 1656. Le contre-ténor Fabrice Di Falco a présenté des extraits de cet opéra, qui a été l'un des premiers à mettre en scène des castrats.

Autre spectacle fort populaire, celui consacré à l'opéra-bouffe. Yvan Rebeyrol, ténor, en a offert de beaux extraits avec un sourire dans la voix.

Des spectacles sont aussi prévus sur terre. Pendant certaines escales, les passagers peuvent assister à des représentations sur des scènes locales. Comme le Stabat Mater offert par les chanteurs de la croisière dans l'église de Rovinj, l'une des escales en Croatie.

Nous avons aussi entendu le ténor Philippe Do, qui chante régulièrement à la Scala de Milan, les sopranos Aude Priya et Anne-Marguerite Werster. Pour sa part, la mezzo-soprano Marie Kalinine a interprété plusieurs chants russes, accompagnée par le pianiste Thomas Palmer.

L'année 2013 sera l'année Verdi et Jean-François Vinciguerra se propose de lui rendre hommage pendant la prochaine croisière lyrique.

Les frais de ce voyage ont été payés par la Compagnie du Ponant.

Photo fournie par la compagnie du Ponant

Les passagers sont si près de l'eau qu'ils ont l'impression d'être sur un yacht privé.