Traditionnellement, la croisière est un produit que l'on réserve tôt. Il y a cinq ans, les consommateurs réservaient un an, voire un an et demi à l'avance.

«L'offre était moins importante qu'aujourd'hui, parce qu'il y avait moins de navires, et les bonnes cabines se vendaient très rapidement», dit Jean Colette, propriétaire de Club Voyages Dumoulin.«Aujourd'hui, avec tous les nouveaux paquebots qui sont mis à l'eau chaque année, la capacité a considérablement augmenté; il reste donc de beaux produits disponibles dans les derniers mois. Mais la croisière n'est pas devenue un produit de dernière minute comme le forfait Sud:trois consommateurs sur quatre réservent trois ou quatre mois avant le départ et ce sont eux qui obtiennent les meilleures cabines, sans pour autant payer plus cher.»

Une bonne proportion de consommateurs croient encore qu'ils ont intérêt à attendre à la dernière minute, persuadés que les cabines invendues seront soldées à bas prix. «Ces gens-là en sont probablement à leurs premières croisières», observe Éric Saint-Pierre, chef de produit chez le grossiste ÉvasionCroisières Encore. «Les habitués, eux, ont compris que la cabine et son emplacement sur le navire étaient un des éléments les plus importants du produit. En différant son achat jusqu'à trois ou quatre semaines du départ, on amenuise sérieusement ses chances d'obtenir de bonnes cabines.»

La temporisation est d'autant plus vaine que l'acheteur peut annuler sans pénalité jusqu'à 90 jours avant le départ. Donc, s'il constate que les prix ont baissé, il peut annuler sa réservation et en faire une autre pour bénéficier des nouveaux tarifs. «Et à moins de 90 jours, s'il y a baisse de prix, nous compensons sous forme de surclassement de cabine ou de crédit pour les achats et les consommations à bord», dit Kenneth Brooks, directeur des ventes pour le Canada de Royal Caribbean et de Celebrity Cruises.

Certaines compagnies - en l'occurrence Carnival - garantissent à leurs clients qu'ils bénéficieront automatiquement des baisses de tarifs, à condition qu'ils réservent au moins cinq mois avant le départ. D'autres annoncent des réductions importantes longtemps d'avance. «Actuellement, les compagnies de luxe, notamment, annoncent des réductions de 50% ou 60% pour les départs de 2010», indique Éric Saint-Pierre.

Pour les nouveaux navires qui, avec leur gigantisme ou leurs attractions extravagantes, suscitent beaucoup d'intérêt de la part des habitués, la temporisation est contre-indiquée. «La demande pour l'Oasis, qui est aujourd'hui le plus gros navire du monde, et pour le Solstice, le dernier-né de la flotte de Celebrity, est très forte, constate Kenneth Brooks. Les réservations affluent longtemps d'avance et il n'y a jamais de réductions pour ces nouveaux produits.»

Éric Saint-Pierre remarque qu'après une période de flottement due à la récession, les prix moyens commencent à remonter. «C'est le moment de réserver pour l'hiver et l'été 2010», dit-il.

Chez Croisières pour Tous, à Laval, Guy Bergeron recommande de réserver un an d'avance. «Par contre, le consommateur doit surveiller l'évolution des tarifs et, s'ils baissent, aviser son agent de voyages qui fera le nécessaire pour lui permettre de bénéficier de la chute des prix», dit-il.

Guy Bergeron admet qu'on trouve des aubaines intéressantes deux mois avant le départ. «Mais c'est seulement le cas pour les croisières dites de masse, c'est-à-dire celles des Caraïbes et de la côte ouest des États-Unis et du Mexique. Et le dernier mois, les navires affichent toujours complet!» dit-il.