«Zinédine Zidane est venu inaugurer une boutique à Hong-Kong. Après quelques heures, il est reparti avec six grosses valises pleines.» Denny Ip se désole. Pour ce guide hongkongais, son pays est beaucoup plus qu'une succession de boutiques Louis Vuitton, Cartier et autres. Les visiteurs imitent trop souvent la star du soccer français... et repartent sans vraiment connaître Hong-Kong, dont 70% du territoire est composé de terres sauvages ou rurales. Dans la région des Nouveaux Territoires et dans les îles de la mer de Chine méridionale, on trouve des dizaines de parcs nationaux et des centaines de kilomètres de sentiers de randonnée. Les Hongkongais sont très friands de promenade en nature. Et ils ont un terrain de jeu fabuleux pour s'y adonner.

Parc de Sai Kung

Loin, loin de la ville

Les soldats britanniques en garnison à Hong-Kong savaient s'amuser. Pour tester leur endurance, ils s'étaient donné le défi de parcourir en moins de 24 heures 100 kilomètres de sentiers en pleine montagne. Encore aujourd'hui, des marcheurs du monde entier y font la course une fois l'an. Le record: 11 heures 52 minutes. Vitesse de croisière: plus de 8 kilomètres à l'heure.

 

Comme j'ai une autre conception du plaisir, j'ai choisi de m'offrir un seul segment du sentier MacLehose (c'est son nom). Celui-ci est divisé en 10 sections et traverse huit parcs nationaux, dont celui de Sai Kung.

De tous les parcs du territoire, c'est celui qui compte le plus de baies et d'anses. Le paysage côtier y est dramatique et il abrite les quatre plages les plus célèbres du pays. «L'eau y est aussi plus claire que nulle part ailleurs», jure notre guide, Fred Chiung. C'est ainsi qu'on devrait décrire l'éden dans les dictionnaires...

Premier constat: l'éden est facilement accessible en taxi, puisque chaque section du sentier est connectée au réseau routier. Mieux, les taxis coûtent une bagatelle. Du centre de Hong-Kong jusqu'à Pak Tam Au, notre point de départ, il faut compter près d'une heure en voiture. Prix au compteur: l'équivalent de 34$CAN.

Notre groupe se met en marche vers 10h, prêt à enjamber racines, souches et pierres. Nous n'aurons pas besoin de travailler autant. Le sentier est bétonné. Sur plus de 13 km. Au sommet des collines, il serpente dans les bambous, comme un long trottoir parfaitement d'équerre sur le dos des montagnes et au flanc des falaises.

Toutes les sections du sentier ne sont pas pavées de la sorte. Mais celle-ci mène aux plages de Ham Tin et de Sai Wan, qui ne sont accessibles autrement que par bateau.

En semaine, les promeneurs ne sont pas légion. Des groupes ici et là, quelques promeneurs solitaires et même des surfeurs, planche à la main.

On rencontre aussi quelques chiens endormis qui paressent au soleil. Dans le hameau de Tai Long, ces chiens semblent d'ailleurs les seuls survivants du grand exode vers la ville. Des pêcheurs du groupe ethnique des hakkas vivaient ici jadis. Ils reviennent parfois dans leur village, notamment pour célébrer le culte de leurs ancêtres.

Une fois sortis du hameau, le sentier grimpe et nous permet d'admirer notre premier décor de carte postale. L'eau, turquoise, est parsemée de petites îles montagneuses et verdoyantes. Aucune habitation en vue. On est loin des gratte-ciel au milieu desquels on s'est réveillés...

Le retour à la civilisation ne se fera véritablement qu'à l'heure du dîner, à la plage de Ham Tin. À la terrasse du restaurant Hoi Fung, le seul du hameau, on est une vingtaine à déguster riz au poulet, bok choy sauté, poisson en sauce piquante.

De là, il faut choisir: rebrousser chemin pour retourner à Pak Tan Au ou poursuivre la route vers une autre plage, celle de Sai Wan. On opte pour Sai Wan, histoire de se gaver encore davantage du décor paradisiaque avant de retrouver le brouhaha de Hong Kong...

 

SUR LE SENTIER DE LA SAGESSE

Tous les voyageurs qui atterrissent à Hong-Kong passent obligatoirement par l'île de Lantau. Pour plusieurs, l'aéroport sera leur seule escale dans cette île montagneuse, la plus grande de tout le pays.

Dommage. Lantau est une succession de sommets verdoyants sillonnés par plusieurs sentiers de randonnée. Le plus fréquenté est le Wisdom Path, le sentier de la sagesse. Il prend sa source aux pieds du Tian Tan Buddha, un géant haut de 34 m, qui domine le plateau de Ngong Ping.

Le dimanche, le bouddha et le monastère Po Lin voisin sont pris d'assaut par les Hongkongais, qui viennent y passer leur jour de congé. Pour y arriver, certains ont décidé de grimper pendant deux heures au milieu des bambous. D'autres sont arrivés sans effort dans une cabine du téléphérique Ngong Ping 360.

Pressés par le temps, mon guide, Michael Yeung, et moi avons choisi la voie de la facilité. Pour profiter du panorama, nous avons opté pour une des toutes nouvelles cabines au plancher de verre. Pendant 5,7 km, nous avons vu défiler sous nos pieds des dizaines de randonneurs cachés sous des ombrelles multicolores.

Et on a beau s'y attendre, quand le bouddha se découpe enfin sur le ciel dans son écrin montagneux, le spectacle est saisissant

En empruntant le sentier de la sagesse, puis le sentier Lautau qui grimpe à 934 m d'altitude, nous aurions pu avoir une autre perspective sur l'immense statue de bronze et sur les centaines de fourmis humaines qui grouillaient à ses pieds. Mais la randonnée de deux heures nous aurait privés d'une visite au village Tai O, à l'ouest de l'île.

Jour de marché

Ce qui frappe le plus lorsqu'on déambule dans ce village de pêcheurs, c'est l'odeur. Une odeur tenace et étourdissante de crevettes et de poissons qui embaume les allées où l'on passe difficilement à deux de large.

Car chaque jour est jour de marché ici ; la balade est surtout olfactive et visuelle. Les prises du jour sont vendues aux visiteurs, nombreux en cette journée dominicale. Les produits, colorés, sont indéfinissables pour l'Occidentale que je suis.

Pour prendre l'air, on peut sauter dans un bateau et faire une croisière dans le port. Je choisis plutôt le long quai bétonné qui traverse une plantation de mangroves. La marée est basse et des milliers de crabes courent sur le sable, aussi excités que les visiteurs autour du bouddha géant...

Repères

Le meilleur moment pour pratiquer la randonnée à Hong-Kong est de septembre à janvier, juste après les chaleurs intenses de l'été.

Faut-il embaucher un guide? Ce n'est pas essentiel. Les sentiers sont extrêmement bien balisés. Sur le MacLehose, plus de 200 bornes ont été installées. Chacune est dotée d'un numéro de référence. Des téléphones d'urgence sont aussi disponibles le long du parcours, lorsque les signaux cellulaires ne fonctionnent pas.

Pour des randonnées guidées, Hong Kong Walking propose plusieurs circuits, tant en nature qu'en ville. www.walkhongkong.com

L'Office de tourisme de Hong-Kong offre plusieurs cartes et dépliants sur son site internet www.discoverhongkong.com

À savoir: il existe un code de couleurs pour les taxis à Hong-Kong. Certains ne peuvent pas rouler au-delà d'une certaine limite et il se peut que vous ayez à changer de taxi au milieu de vos déplacements. Les voitures rouges sont surtout utilisées dans les zones urbaines, les bleues dans l'île de Lantau et les vertes dans les secteurs plus sauvages des Nouveaux Territoires.

Comment s'y rendre: Cathay Pacific offre des vols directs vers Hong Kong en partance de Toronto. Air Canada offre aussi des vols directs de Toronto et de Vancouver.

Les frais de ce voyage ont été payés par l'Office de tourisme de Hong-Kong.