Venise est-elle un mystère ou un miracle? Chose certaine, la lumière y est plus belle qu'ailleurs, et on y entend exactement ce qu'on y entendait au Moyen Âge: le murmure des voix et le bruit des pas, c'est tout. Et c'est parfait.

Son charme indicible, unique, tient à tellement de choses. Ainsi, Venise se tient-elle debout sur une vaste forêt, construite sur des milliers de mélèzes plantés dans des îles de boue il y a des siècles. Constamment menacée par les eaux, elle a des allures d'Atlantide de l'avenir, avec ses «palais» qui s'enfoncent inexorablement. Bien que les Vénitiens y soient de moins en moins nombreux par rapport aux touristes, il y règne toujours une atmosphère qui oscille entre le théâtre (tiens, un homme en cape!), le cinéma - dans des décors qui seraient vrais! - et la peinture, comme si on évoluait à l'intérieur d'un tableau de Canaletto, qui a pourtant vécu à Venise et y a peint au XVIIIe siècle...

 

Venise, c'est l'incarnation même de la beauté, éphémère par définition. On ne se lasse pas de se promener sur ses quelque 400 ponts et ses dizaines de places, parfois tranquilles, parfois animées: c'est bien simple, un pont mène toujours à un campo qui mène à un pont qui mène à un campo, etc. Et dans chacune de ses places, il y a une citerne - donc, des centaines de citernes où l'on peut se désaltérer: l'un des crimes les plus sévèrement punis pendant des siècles était d'ailleurs de souiller l'eau des citernes. Pendaison garantie! L'eau est partout à Venise, et précieuse: celle des canaux clapote constamment, et parfois même monte jusqu'à inonder les trottoirs. C'est l'acqua alta, étrange phénomène qui transforme la célèbre Piazza San Marco en lac et le vieux ghetto juif en piscine... Des trottoirs surélevés sont alors montés et on marche littéralement sur l'eau, dans une atmosphère surréaliste.

Pour découvrir Venise et en tomber inévitablement amoureux, il faut y passer plus que quelques heures. Il faut y dormir et y vivre, et même carrément s'y perdre en sachant que, après tout, on ne pourra jamais aller plus loin que l'eau. Il ne faut jamais hésiter à emprunter un sottoportego (un passage sous une maison) ou une calletta (une ruelle si étroite qu'on y passe tout juste) pour découvrir une autre atmosphère. Il faut embarquer à bord d'un vaporetto, parmi touristes et habitants, afin de mesurer la beauté infinie de tous ses «palais» qui se penchent toujours un peu sur l'eau, comme pour y voir leur reflet. Et grignoter quelque chose, assis devant l'un ou l'autre de ses centaines de canaux apaisants - ce n'est pas pour rien qu'on surnomme Venise la Sérénissime.

Et puis, il faut prendre le temps d'emprunter ses rues tranquilles, discrètes, qui toujours existent, parallèles aux rues plus touristiques - qu'elles s'appellent calle (rue résidentielle), ruga (résidentielle et commerciale), ramo (qui se termine par une impasse), fondamenta (qui longe un canal), etc. Et découvrir les quartiers plus résidentiels, aussi beaux que les plus célèbres, et parfois franchement émouvants, avec leurs cordes à linge, leurs murs penchés sur les canaux, les pots de fleurs suspendus aux fenêtres byzantines, et toujours le bruit des pas, le murmure des voix...

Enfin, il faut visiter Venise de nuit (c'est un des endroits les plus sûrs pour se promener seul et même seule). Elle devient alors tellement féerique que les mots font défaut: tous les clichés deviennent vrais, depuis «magique» jusqu'à «ensorcelante», pour décrire l'étrange ville-île, née il y a des siècles, mais où le moindre humain semble rajeunir et même embellir. C'est que le temps ne s'arrête pas à Venise, il s'y repose...

Les frais de ce voyage ont été payés par Air Transat.

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REPÈRESAir Transat offre des vols directs Montréal-Venise, tous les vendredis (jusqu'au 16 octobre). Et il y a les habituels vols avec escale.

Ouvert en 2002, l'aéroport Marco Polo est un peu moins pratique que l'ancien, car il est un peu loin de l'embarcadère du vaporetto et des taxis nautiques. On peut toutefois se rendre à pied ou en navette à l'embarcadère (par un couloir couvert, en sept minutes) ou encore emprunter un autobus directement pour Venise, moins coûteux, à partir de l'aéroport.

À noter: Les bateaux de croisière s'arrêtent à Venise du vendredi au lundi. L'hébergement est donc souvent moins cher et les files d'attente plus courtes du lundi soir au jeudi!

Si on y va en famille: l'île du Lido est moins coûteuse, mais surtout dotée de plages avec une eau d'une excellente qualité.

Un site indispensable: www.veniceconnected.com/fr pour y acheter meilleur marché ses billets de vaporetto au moins UNE SEMAINE AVANT SON ARRIVÉE. C'est cher, sinon, les billets de vaporetto...

Il n'y a plus de pigeons ou presque sur la Piazza San Marco: depuis 2008, il est même interdit de les nourrir. Oubliez donc les photos parmi les volatiles...

Sur les 15 millions de touristes à Venise, seuls cinq millions y passent une nuit. Après 16h, il n'y a plus de file d'attente nulle part...

Un indice pour reconnaître une vraie gelateria (vendeur de crème glacée) artisanale: la glace à la pistache n'est JAMAIS vert flashant.

Un site pour rêver à Venise... en français: www.campiello-venise.com

Photo: Marie-Christine Blais, La Presse

La dolce vita vénitienne.