Riviera Maya, Mexique - Lisa et Ron Moore sirotent un verre au bord de la piscine de l'hôtel Sandos, à Riviera Maya. Il y a une heure à peine, ils nageaient avec les dauphins dans la mer des Caraïbes. Leur voyage au Mexique jusqu'à présent? «Fantastique, mais trop court!», lance Lisa.

Le couple a laissé ses tracas de la vie quotidienne très loin à la maison, au Wisconsin. Mais tout juste avant de s'envoler de l'aéroport de Chicago, Lisa a reçu un appel de sa mère prise de panique. «Avez-vous regardé les nouvelles? Vous êtes certains de vouloir partir?» Grippe À (H1N1) ou pas, les Moore n'allaient certainement pas rater leur voyage prévu depuis un an. «Nous avons appelé à l'hôtel et on nous a dit que tout était correct», explique Ron, dont l'entreprise a suspendu les séjours d'affaires au Mexique.

«Les risques d'attraper la grippe sont minces, dit-il. Et si tu l'as, c'est que tu étais mûr pour l'avoir. Dans le fond, ce n'est pas pire que la grippe ordinaire.»

Si tous les voyageurs étaient comme les Moore, l'industrie touristique du Mexique se porterait beaucoup mieux. Au cours des dernières semaines, les touristes ont été une espèce en voie de disparition à Riviera Maya, dont 90% de l'économie carbure aux activités touristiques.

Pourtant, outre les papiers que nous devons remplir à l'aéroport, rien ne fait craindre aux voyageurs d'attraper la grippe À (H1N1). C'est même le temps idéal pour aller se baigner dans les eaux turquoise de Riviera Maya, car le temps est splendide en cette période-ci de l'année et les prix «hors-saison» sont encore plus bas qu'à l'habitude.

Dans tous les endroits touristiques et restaurants où nous sommes allés, nous avons été accueillis par un sourire fendu jusqu'aux oreilles. Les touristes sont plus que bienvenus au Mexique en ce moment.

Notre groupe de journalistes montréalais a eu la chance d'aller nager dans des grottes souterraines. Une expérience magique. «Pendant trois semaines, nous n'avons eu aucun client, explique notre guide, Zeus Durain. J'étais en congé forcé et je n'étais pas payé.»

Heureusement, les affaires vont un peu mieux depuis deux semaines pour les 360hôtels de Riviera Maya, qui offrent un total de 37 200 chambres. Il y a une dizaine de jours, le taux d'occupation était de 40%. Habituellement, il est d'environ 68%. «Pour nous, les mois de mai et juin sont la saison morte», précise Javier Aranda, directeur de l'office de tourisme de Riviera Maya.

Depuis deux ou trois semaines, les avions vers le Mexique sont de plus en plus pleins et l'Office de tourisme du Mexique s'attend à ce que la situation revienne à la normale cet été.

Mais l'industrie touristique de Riviera Maya n'a pas fini de subir les contrecoups de l'éclosion de la grippe, malgré un début d'année exceptionnel en dépit de la crise économique. «De janvier à avril, nous avons eu une hausse d'achalandage de 12% par rapport à l'an dernier», souligne M. Aranda.

Les premières victimes de la panique entourant la grippe À (H1N1) ont été les employés des hôtels et des restaurants. «Dans les tout-inclus, les pourboires sont presque aussi importants que le salaire, indique M. Aranda. Beaucoup d'employés ont été mis en stand-by, poursuit-il. Certains ont alterné une semaine de travail et une semaine de congé.»

Samedi soir dernier, Gino Vanelli a présenté un spectacle sur la plage devant des milliers de gens qui ne demandaient qu'à entendre Black Cars et I Just Wanna Stop. En invitant le chanteur montréalais, Riviera Maya espérait lancer le message que ses portes sont grandes ouvertes et que les voyageurs n'ont rien à craindre, tout en promouvant son festival de jazz qui doit avoir lieu en novembre.

Que pense Gino Vanelli de toute la panique entourant la grippe À (H1N1)? «Tu fais comme d'habitude. Tu ne te mets pas la main dans la bouche et tu n'embrasses pas des inconnus», dit-il à La Presse avec ironie.

«Atchoum», conclut-il à la blague.

Les frais de ce voyage ont été payés par l'Office de tourisme du Mexique.