Ascension d'une cascade glacée des Laurentides avec Dominic Asselin, un grimpeur pour qui l'hiver est une invitation au dépassement de soi.

Les crampons sont fixés aux pieds. Le harnais, chargé d'équipement, a été vérifié deux fois plutôt qu'une. Les cordes sont nouées. Les piolets, enfilés.

Pourtant, Dominic Asselin semble hésiter à s'élancer. Il fixe longuement la cascade de glace qui descend telle une dentelle givrée sur plus de 50 m de hauteur. Crack d'escalade de glace depuis 14 ans, il a grimpé des dizaines de fois au parc des Falaises, à Prévost. On pourrait croire qu'il connaît le site par coeur, sa pierre suintante de l'été transformée sous l'effet du froid en un mur de glace, virant du blanc opaque au bleu translucide.

Pourquoi cette pause, cette hésitation alors? «Avant de partir, j'essaie de vider mon esprit, de laisser les tracas de côté, pour me concentrer sur la voie dans laquelle je m'engage.»

S'engager. Pour Dominic Asselin, le mot n'est pas anodin. On ne pratique pas l'escalade de glace comme d'autres font du patin sur un étang: la tête à moitié ailleurs. «L'escalade de glace n'est pas une activité dangereuse, mais elle comporte des risques. Il faut apprendre à les minimiser en se concentrant sur ce qu'on fait. Et seulement ce qu'on fait», explique le guide de 35 ans.

Suspendus à des dizaines de mètres du sol, armés de piolets affilés comme des scies, avec comme seuls freins en cas de chute des vis métalliques plantées dans de l'eau gelée, les grimpeurs de glace n'ont pas le luxe de laisser leur esprit vagabonder. La moindre erreur peut être lourde de conséquences, voire fatale.

C'est cet engagement total, cette obligation d'accorder toute son attention aux gestes à poser qui a séduit Dominic Asselin lorsqu'il a découvert le sport en 2000, sur une tour d'initiation, au Carnaval de Québec.

Il a aussi découvert que, contrairement à la croyance populaire, l'escalade de glace n'est pas une affaire de gros bras. Avec sa silhouette de brindille élancée, il en est la preuve vivante. Depuis 14 ans, il a multiplié les ascensions, au Québec et à l'étranger, tant en escalade de glace qu'en escalade de rocher.

Il a aussi fondé l'entreprise Attitude Montagne, qui offre notamment des initiations à l'escalade de glace, sur une tour près des bureaux de l'entreprise, à Sainte-Adèle, ou en milieu naturel, sur des voies parfois hautes de 90 m.

Pendant une journée, les néophytes apprennent à manier correctement les piolets pour qu'ils mordent à la glace, à positionner leurs pieds pour économiser leur énergie, à nouer les cordes qui les tiendront en vie en cas de pépin. Mais surtout, ils apprennent non pas à surmonter leur peur, mais à la contrôler.

«J'ai peur chaque fois que je grimpe, même sur une voie facile, lance Dominic Asselin. En escalade de glace, on a toujours la peur de chuter. Ceux qui disent le contraire mentent. Mais il ne faut pas que cette peur nous fasse perdre nos moyens. Au contraire, elle doit nous rendre encore plus attentifs.»

Les apprentis grimpeurs le réalisent d'ailleurs assez vite. La technique est étonnamment facile à apprendre, la force nécessaire pour atteindre le sommet n'est pas aussi colossale qu'on pourrait le croire. Mais il faut parfois puiser dans toutes ses ressources mentales pour continuer à monter, pour ne pas rebrousser chemin, pour ne pas trembler quand vient le moment de se pencher dans le vide et de descendre la paroi en rappel...

Peu de sports exigent autant sur le plan psychologique. Mais peu offrent un tel sentiment de fierté une fois la journée terminée. Dominic Asselin, lui, n'est plus le même depuis qu'il a découvert l'escalade de glace. Jadis plutôt enclin à s'en faire pour des riens, il a appris à dédramatiser. Après tout, un verre de vin renversé ou un pneu crevé n'est jamais aussi grave qu'une chute de 40 m...

Les initiations à l'escalade de glace sont offertes tant que les conditions seront propices. Pour une initiation sur la tour, il faut compter 90 $ par personne. Pour des initiations en longue voie sur des couloirs naturels, le prix est de 180 $ par grimpeur. Groupe de trois maximum. L'équipement est fourni. D'autres formations, plus avancées, sont aussi proposées.

attitudemontagne.com

*Depuis le 1er mars, le parc des Falaises, à Prévost, n'est plus accessible pour la pratique de l'escalade de glace; le lieu sera bientôt fréquenté par de nombreux oiseaux de proie qui viennent y nicher. Toutefois, plusieurs autres sites des Laurentides continuent d'accueillir les adeptes, tant que la qualité de la glace le permettra.





Les bonnes adresses de Dominic Asselin

Dominic Asselin partage ses bonnes adresses dans la région de Val-David et de Prévost, deux secteurs propices à l'escalade.

La Vagabonde

«Le matin, en route vers les lieux d'escalade, je m'arrête parfois dans cette boulangerie artisanale pour acheter les excellents croissants au beurre ou des croissants aux amandes. Le pain est aussi très bon. J'aime la philosophie de l'entreprise, qui mise sur les produits régionaux et écologiques.»

1262, chemin de la Rivière, Val-David

boulangerielavagabonde.com

Le Mouton noir

«Les vendredis ou samedis soir, ce café-bistro est parfait pour prendre un verre entre amis. La vie culturelle y est toujours très intéressante, notamment le vendredi soir, où de bons musiciens de la région prennent la scène. Les petits-déjeuners y sont toujours très populaires.»

2301, rue de l'Église, Val-David

www.bistromoutonnoir.com

Vivres en vrac

«C'est dans cette boutique que j'achète toutes mes huiles et tous mes vinaigres, vendus en vrac. Les produits sont pour la plupart biologiques, dont les fruits et les légumes.»

1337, rue de la Sapinière, Val-David

vivresenvrac.com

Le Baril roulant

«L'endroit de prédilection pour les 5 à 7. On y trouve plusieurs bières de microbrasseries québécoises. Le menu n'est pas très étendu, mais tout est excellent, notamment les burgers au bison et les nachos, servis avec une sauce maison un peu sucrée!»

2434, rue de l'Église, Val-David

www.barilroulant.com

Café des artisans

«Après une sortie en escalade de glace, je m'y arrête souvent pour prendre un café avant de rentrer à la maison. L'ambiance est chaleureuse et la nourriture, très bonne.»

3029, boulevard du Curé-Labelle, Prévost

450 224-2337