L'énoncé peut paraître cliché, mais reste vrai: les enfants ignorent souvent d'où viennent les aliments qu'ils mangent. Avec la saison des récoltes, l'occasion est belle d'inclure dans nos escapades familiales une nuitée dans un gîte fermier, de l'autocueillette au potager ou une visite pédagogique à la ferme... Autant de façons d'enseigner aux enfants le chemin qui mène de la terre à l'assiette.

On n'arrive pas chez Carmen Tremblay et Napesh Lapointe par hasard. Pour atteindre la bergerie La Vieille Ferme, il faut emprunter un chemin pentu et étroit qui semble plonger directement dans le fjord du Saguenay.

La surprise n'en est que plus grande lorsque la route fait un coude entre les sapins pour dévoiler les pâturages et les bâtiments de ferme construits dans les années 20, entourés de fleurs, de maïs et d'arbres fruitiers. Enchâssé entre de hautes parois de granit, directement sur la rive de la rivière Saguenay changeante au gré des marées, le site profite d'un emplacement spectaculaire.

Difficile de croire que cette ferme a été abandonnée pendant 30 ans avant que le couple - qui se connaît depuis la petite école - ne s'y installe en 2000 pour élever des moutons. Avec les années, des bâtiments se sont ajoutés, comme la nouvelle bergerie qui voisine l'ancienne, toujours debout, et le P'tit marché, un kiosque octogonal couleur soleil.

Au rez-de-chaussée, les produits de la ferme côtoient ceux des producteurs de la région: agneau fumé sur place, pâtés de campagne maison, barquettes débordant de tomates ou limonade artisanale dans laquelle flottent des fleurs comestibles. Des paniers en osier sont mis à la disposition des clients qui veulent pique-niquer. Les autres peuvent choisir entre plusieurs découpes d'agneau et plats préparés emballés sous vide.

C'est au-dessus de cette boutique aux délices - et juste à côté du poulailler - qu'est installé l'écogîte de la ferme. Dans la vaste pièce ouverte, aucun compromis n'a été fait côté confort: grand lit, fauteuils, cuisine moderne, peau d'ours sur le sol et lecteur numérique avec une vaste sélection musicale, cadeau des propriétaires. La terrasse privée donne sur les vergers où les pommes et les prunes rougissent doucement. Sur le comptoir de la cuisine: du pain frais et des confitures maison, pour le petit-déjeuner.

Depuis ce perchoir très fenestré, la vue est imprenable sur le fjord... et la vie de la ferme. Car les propriétaires et leurs trois enfants habitent dans la maison de ferme originale, à un jet de pierre du gîte. Les clients partis, le site appartient tout entier aux hôtes et à ceux qui dorment sur place. Le soir, la serre ouverte sert de lieu de rencontre; le matin, les enfants se croisent au poulailler pour ramasser des oeufs. Et la jeune chienne de la famille, Nina, lèche les nez de tout le monde, sans discrimination.

C'est la propriétaire qui veille au bonheur de tout ce beau monde, avec un sens de l'hospitalité peu commun. «Je suis la dernière sur le rang, je suis contente de recevoir de la visite», lance-t-elle.

Avec quelque 160 moutons à caresser, un cochon (baptisé Gros Doudou) qui aime se faire gratter le bedon et des poussins qui courent en liberté, les enfants ont ce qu'il faut pour s'occuper. Carmen Tremblay a aussi conçu un parcours d'interprétation autoguidé très informatif, pour découvrir les pensionnaires de la ferme et le mode de vie des agriculteurs. Un jeu-questionnaire est remis aux enfants; les parents peuvent simplement profiter des points de vue et de la beauté de la promenade, qui peut durer entre 15 et 45 minutes.

En septembre et octobre, il est possible de faire de l'autocueillette de pommes (spartan ou honey crisp), de prunes ou de courges sur le site. À savoir: le Parc Aventures Cap Jaseux - ses sentiers de randonnée, son parcours d'hébertisme et sa via ferrata - est situé tout près. L'écogîte est aussi ouvert l'hiver. La grande différence : l'accès se fait uniquement par motoneige.

L'écogîte de la Vieille Ferme peut loger quatre adultes ou une famille de cinq. Tarif: 255 $ la nuit, petit-déjeuner inclus.

Photo Yannick Fleury, La Presse

Difficile de croire que cette ferme a été abandonnée pendant 30 ans avant que le couple – qui se connaît depuis la petite école – ne s’y installe en 2000 pour élever des moutons.

Dormir à la ferme: une tendance?

L'hébergement à la ferme a déjà été fort populaire au Québec, mais avec la baisse importante du nombre d'agriculteurs, les gîtes fermiers ne sont plus qu'une poignée au Québec. «Il y a 40 ans, on trouvait plusieurs gîtes du genre, mais leur nombre a diminué avec l'apparition des gîtes du passant dans les villes. Aujourd'hui, nous n'avons qu'une dizaine de membres qui offre l'hébergement à la ferme», explique Diane Lamoureux, directrice des ventes et des services aux membres à l'Association de l'agrotourisme et du tourisme gourmand du Québec.

Certains propriétaires de gîte observent toutefois une hausse de demandes de la part des voyageurs québécois. C'est le cas de Mariko Watanabe, copropriétaire du gîte Aûx Bôns Jardîns. «Le gîte est souvent complet, et depuis deux ans, on refuse beaucoup de clients québécois qui voudraient loger ici. À mon avis, les gens veulent de plus en plus savoir d'où viennent les produits qu'ils mangent.»

Selon Jeremy Pilon, copropriétaire de la ferme La Rambouillère, ce sont surtout les familles, en particulier celles qui viennent de la ville, qui sont intéressées par ce type d'hébergement. «Souvent, les enfants aiment les animaux et la demande vient d'eux.»

Diane Lamoureux confirme: «Le concept est bien adapté pour les familles, puisque les enfants peuvent participer aux activités de la ferme.»

Photo Yannick Fleury, La Presse

Dans la vaste pièce ouverte, aucun compromis n'a été fait côté confort: grand lit, fauteuils, cuisine moderne, peau d'ours sur le sol et lecteur numérique avec une vaste sélection musicale, cadeau des propriétaires.

Cinq autres adresses

Au Pied Levé

Ce gîte fermier de cinq chambres situé à Magog se distingue par l'architecture contemporaine du bâtiment principal. Parmi les animaux qu'on peut observer à la ferme: boeufs highland, chèvres boers, ânes, dindes... Les propriétaires, qui ont réalisé un virage professionnel à 180 degrés pour se lancer dans l'agriculture en 2005, offrent aussi une table champêtre. Nuitée (en occupation double): à partir de 140 $, petit-déjeuner inclus.

Le Crépuscule

Cette ferme biologique de Yamachiche offre en location un bungalow de deux chambres, situé au coeur du site agricole. Sur demande, l'épicerie peut se faire directement à la ferme. Ici, la production est diversifiée: poulet surtout, mais aussi boeuf, porc, légumes, sirop d'érable. Tarif: 120 $ par jour, déjeuner non compris. Location minimale de deux jours.

Cassis et Mélisse

À Saint-Damien-de-Buckland, cette ferme laitière caprine dispose d'un loft spacieux pouvant accueillir jusqu'à six personnes. Les visiteurs peuvent ainsi voir de près les chèvres, en particulier lors de la traite, en plus de goûter aux fromages fermiers de la propriétaire artisane, Aagje. Tarifs (en occupation double): à partir de 140 $, déjeuner inclus.

Aûx Bôns Jardîns

Depuis près de 20 ans, les propriétaires de cette ferme de Saint-Fulgence offrent l'hébergement aux visiteurs. Au total, la ferme compte quatre chambres, dont deux situées dans la maison principale et deux dans des chalets rustiques séparés. À voir sur place: chèvres, canards, poulets ainsi que de nombreux arbres fruitiers. À partir de 101 $ en occupation double, déjeuner inclus.

La Rabouillère

Depuis une dizaine d'années, cette ferme de Saint-Valérien-de-Milton offre de l'hébergement dans un loft qui jouxte la maison des propriétaires. Jusqu'à six personnes peuvent y loger. Les visiteurs peuvent observer de nombreux animaux: poules, lamas, agneaux, lapins et daims. Une table champêtre est aussi offerte. Tarifs: à partir de 104 $ en occupation double, déjeuner non inclus.