Jusqu'au début des années 70, une vingtaine de clubs privés se partageaient l'immense territoire de la réserve faunique Papineau-Labelle. Ses membres avaient le privilège d'exploiter, sans partage, ses richesses naturelles, suscitant, on le comprend, beaucoup de jalousie. De cette époque, heureusement révolue, subsistent encore quelques chalets, que les vacanciers d'aujourd'hui peuvent louer à leur guise. Une belle façon de profiter d'une nature immense, tout en faisant un voyage dans le temps.

Dans le secteur nord de la réserve, six chalets, héritage d'anciens clubs privés, sont des destinations qui valent assurément le détour. Leur particularité: ils ne sont accessibles que par bateau. Tranquillité assurée! «Il y a des villégiateurs qui s'y rendent à la rame afin de revivre la même expérience que les ex-membres de clubs privés», affirme Marc-André Martin, un gardien de la réserve.

Avec ses fondations en pierre, son ossature en bois rond et son immense foyer de pierre, le chalet Quatre Temps représente la quintessence des clubs privés. Situé dans une île rocheuse peuplée de pins blancs, il s'apparente à un miniature château Montebello. Ce chalet patrimonial possède encore ses anciennes dépendances, comme la glacière et un abri pour les domestiques. De l'intérieur au charme rustique, chaque fenêtre donne sur le lac Montjoie, le plus beau et plus grand lac de cette réserve faunique de 1628 km2, où l'eau extrêmement limpide permet de voir en profondeur.

Moins prestigieux, le chalet Desaulniers occupe lui aussi un emplacement de choix. Érigé dans une petite île filiforme, il domine le lac Montjoie. De l'intérieur, on a presque l'impression de flotter sur l'eau. Sa capacité de 12 personnes en fait un refuge unique pour les groupes de pêcheurs (le lac Montjoie regorge de truites grises) et des familles en quête de paix. Il faut aussi une petite balade en chaloupe pour se rendre aux chalets Tarte, Létourneau, des Écorces et Caragana.

La réserve faunique Papineau-Labelle possède aussi une quarantaine de chalets plus modernes, mais sans électricité, qui s'avèrent de petits paradis pour des vacances en nature. Pour les familles, le lac Ernest est une destination de choix. Les chalets qui le bordent possèdent tous, sans exception, de magnifiques plages de sable fin. Plusieurs sont érigés sur des pointes, permettant des vues panoramiques. Des pins blancs géants, ayant survécu à l'époque de la drave, protègent l'intimité de leurs occupants.

Situé à 9 km de l'accueil Gagnon, le secteur du lac Ernest abrite une grande population de cerfs de Virginie. Ouvrez les yeux, ils sont facilement observables. Ils viennent constamment s'abreuver au lac. Le gardien des lieux, Bernard Gauthier, les nourrit également. Donc, impossible de les manquer. Les renards roux, accoutumés à la présence humaine, ne se gênent pas non plus pour s'aventurer près des chalets, essayant de chiper une bouchée de votre dîner!

Plus réservés, les orignaux abondent aussi. «Selon un récent inventaire faunique, on a comptabilisé 4,6 bêtes/10 km2, ce qui en fait une densité tout à fait exceptionnelle pour le sud de la province», affirme Joé Bélanger, directeur de la réserve par intérim. Des pistes fraîches trahissent leur présence sur les chemins de gravier. Soyez aux aguets.

Explorer des zones sauvages

Amateurs de canot-camping, venez pagayer dans le secteur nord de la réserve, où différents parcours permettent d'explorer, à la manière des coureurs des bois, une quantité incroyable de lacs. Des portages, d'une longueur variant de 100 à 1600 mètres, les relient. Seuls les canoteurs peuvent accéder à la majorité de ces plans d'eau, plongeant ainsi au coeur d'une vaste zone totalement sauvage. Les départs se font à partir du lac Sept-Frères, autre joyau du territoire, parsemé d'îles, de baies et de sites de camping sur rives.

Côté randonnée pédestre, la réserve gère un réseau totalisant 22 km de sentiers. Les conquérants de cime peuvent s'attaquer au mont Devlin, 9 km aller-retour, qui mène au sommet de cette montagne hachurée d'une immense falaise. Au nord de la réserve, le mont Bondy (3,2 km aller-retour) est coiffé d'un belvédère naturel duquel on prend toute l'ampleur de cette étendue verte. À l'est, on peut y faire l'ascension du mont Resther (8,6 km aller-retour). Cependant, la route qui nous y mène est assez pentue. Seuls les véhicules à quatre roues motrices s'y aventurent.

En plus du réseau entretenu par la SEPAQ, plusieurs kilomètres de sentiers arpentent la réserve dans le secteur Duhamel, près de l'accueil Gagnon. Aménagés par des bénévoles passionnés de trekking, ces chemins en forêt sont absolument splendides.

À mettre à votre programme: l'ascension des monts Kajakokanak et Weskarini, ainsi que la route des Zingues, un sentier linéaire de 7,8 km procurant de multiples vues sur les lacs Gagnon et Preston.

Paradis de la truite

Qui dit réserve faunique dit pêche. Les 700 lacs du territoire regorgent de truites mouchetées et de truites grises indigènes. On y taquine aussi le doré, l'achigan et même la ouananiche, un saumon d'eau douce qui a colonisé ce territoire à la suite de son ensemencement dans le lac Simon (un grand lac situé au sud de la réserve).

Pour dormir à la belle étoile, on y trouve deux campings aménagés aux lacs Joinville et Écho. Quatre lieux sont équipés de tente Hékipia, la formule prêt-à-camper de la SEPAQ. Ces chalets de toile comprennent un petit réfrigérateur, une cuisinière extérieure sous un auvent, deux chambres séparées par une toile, un chauffage d'appoint, un ventilateur, tout l'équipement nécessaire pour la cuisine et plus encore! Bref, les Hékipia n'ont presque rien à envier aux anciens chalets des clubs privés.

QUELQUES REPÈRES

Papineau-Labelle est la réserve faunique située le plus au sud de la province, partageant son territoire de 1628 km2 entre les régions des Laurentides et de l'Outaouais. On y trouve six postes d'accueil.

Hébergement

Les 44 chalets en location, dont plusieurs en bois rond, sont tous situés au bord de lacs. Ils peuvent héberger de 2 à 23 personnes. Éclairage, cuisinière, réfrigérateur et eau chaude au propane. Quatre tentes Hékipia au camping du lac Écho. Possibilité de camping sauvage à plusieurs endroits.

Historique

Créée en 1971 à la suite de la première phase de « déclubage », la réserve faunique de Papineau-Labelle tire son nom de deux grandes personnalités québécoises : Louis-Joseph Papineau, homme politique, chef des patriotes, et Antoine Labelle, curé de Saint-Jérôme, père du développement des Laurentides.

Photo Simon Diotte, collaboration spéciale

Plus grande étendue lacustre du territoire, le lac Montjoie possède une eau extrêmement limpide dans laquelle vivent une quantité incroyable de truites grises.