Le Québec n'est pas la région du globe la plus excitante pour les spéléologues. C'est un fait: les grottes et les cavernes y sont peu nombreuses et relativement jeunes. Mais une balade sous terre reste toujours une aventure...

«La dernière glaciation a détruit les grottes qui existaient avant le retrait des glaces sur le Bouclier canadien, explique le spéléologue Christian Chénier. Celles qui restent se sont donc formées après et sont somme toute assez récentes.» En clair, résume Christian Chénier, si l'on transportait nos grottes au Kentucky ou dans certaines régions d'Europe, elles ne susciteraient guère d'intérêt dans la myriade de merveilles souterraines qu'on y retrouve. Ici, c'est toutefois une autre histoire.

La caverne Lusk, dans le parc de la Gatineau, n'est rien de moins qu'«une vedette», «l'une des attractions les plus prisées des campeurs», raconte François Leduc, gestionnaire du parc de la Gatineau. Et pour cause: «c'est l'une des cavernes les plus longues et qui se visite le plus facilement au Québec», note Christian Chénier. Et c'est certainement l'une des randonnées les plus originales à faire avec des enfants dans la province.

De l'entrée du parc de la Gatineau, 90 minutes de marche à peine séparent le stationnement de la plage Parent, accessible en voiture, de l'entrée de la grotte. Le sentier 73 s'enfonce doucement, après le camping, dans une forêt boréale typique, mélange de feuillus et de résineux d'un vert profond en ce début du mois d'août. Le dénivelé est léger: on grimpe tout doucement, juste assez pour dynamiser un peu le rythme cardiaque, jamais trop pour décourager les petits mollets des enfants. Des trembles immenses, droits et fiers, bloquent doucement les rayons trop vifs du soleil. Il n'y a pas ombre plus douce que celle des arbres.

L'entrée de la grotte est facile à repérer, repaire de gamins en maillot de bain armés de lampes de poche anachroniques en plein jour. Les autorités du parc recommandent officiellement le port d'un casque de protection (celui de vélo fait très bien l'affaire), quoique les visiteurs semblent peu nombreux à suivre le conseil (nous n'en avons aperçu aucun lors de notre visite; mais nous n'avons pas regretté de l'avoir apporté en nous relevant, à quelques reprises, un peu trop vite dans la grotte...).

La descente commence tout doucement, les pieds dans l'eau puisque la grotte est «active», traversée de bout en bout par une rivière d'eau claire et fraîche du même nom. Le parcours n'est nullement aménagé. Il faut compter sur sa lampe de poche pour se guider, avancer à tâtons en tendant les mains, ne jamais poser les pieds au hasard. Très vite, il fait très noir.

Créée il y a 12 000 ans «à peine», la grotte est encore trop jeune pour que ses parois soient émaillées de stalagmites dignes de ce nom. «Vous n'en verrez que si vous êtes très attentifs: elles sont de l'ordre du millimètre!», explique Christian Chénier. Mais l'eau, légèrement acide, a creusé au fil des ans, dans le marbre strié de noir - rose par endroits, gris ailleurs -, un impressionnant couloir tout en courbes, crevasses et glissades. La voûte est parfois assez haute pour qu'on s'y tienne debout, parfois si basse s'il faut y circuler à genoux.

Privé de lumière, cet environnement ne laisse pas de place à la vie. Il n'y a ni animaux ni plantes, seuls quelques poissons amenés jusqu'ici au gré de la rivière Lusk, et bien des araignées. Les chauves-souris n'y logent pas l'été, plutôt l'hiver pour s'y tenir au chaud.

Les enfants les plus jeunes (on recommande le sentier à partir de 5 ou 6 ans) peuvent n'en parcourir que la première portion. La suivante est un peu plus exigeante, il faut se mouiller jusqu'au cou. «J'arrête ici», a lancé une gamine à sa mère en voyant ce qui l'attendait, et les deux ont fait demi-tour. «Vous auriez dû continuer, c'était vraiment le fun», leur a résumé le père de l'autre côté. À chacun ses limites: le sentier permet de rebrousser chemin n'importe où, le passage souterrain est somme toute assez court - une vingtaine de minutes - pour que des membres d'un même groupe le parcourent au complet sans que les autres se meurent d'ennui à attendre qu'ils le terminent.

Le retour s'effectue soit par le même chemin, soit, pour une version plus facile, par le sentier 50 longeant en partie le lac Philippe et ses jolies plages de sable fin (pensez à apporter votre maillot de bain!), soit, pour une version plus sportive, en passant par le refuge Lusk et la grande boucle 54, qui nécessite de 3 à 4 heures de marche environ. À moins d'essayer la formule «duathlon» proposée par François Leduc: on traverse le lac Philippe en canoë (location d'embarcations sur la plage), pour rejoindre le sentier 54 et franchir, à pied, le dernier kilomètre avant l'entrée de la caverne Lusk (le retour s'effectue de la même manière qu'à l'aller).

La caverne Lusk passerait peut-être inaperçue dans certaines régions d'Europe, mais elle ne passera certainement pas inaperçue dans la liste des expériences mémorables des enfants au retour des vacances.

infos

Niveau de difficulté: intermédiaire

Distance: 10,81 km

Dénivelé: 200 m

Durée: de 2 à 3 heures de marche.

Lieu de départ: stationnement de la plage Philippe, 300, chemin du Lac-Philippe, Saint-Cécile-de-Masham. L'arrivée se fait au même endroit.

Droits d'entrée: gratuit.

Stationnement: 11$

Chiens admis: oui, sur le sentier menant jusqu'à la caverne, mais pas à l'intérieur.

Services: toilettes propres, machines distributrices et eau courante dans le bloc de service de la plage Philippe, au début du sentier. Des cartes sont fournies au poste d'accueil du parc.

Infos: ccn-ncc.gc.ca

Bonnes adresses

Pour se sucrer le bec

Beau temps, mauvais temps, rien n'y fait, un arrêt à la Cigale est de mise pour goûter aux glaces et sorbets divins faits artisanalement dans le coeur du Vieux Chelsea. La texture est soyeuse, les saveurs délicates et originales et l'on fournit même des options sans lactose et sans gluten au besoin. À savourer sur l'une des nombreuses chaises Adirondack aux couleurs pimpantes installées pour les clients dans la cour arrière.

14, chemin Scott, Chelsea

fr-ca.facebook.com/LaCigaleIceCream

Pour rapporter à la maison

Grano? Voisine d'un restaurant végétarien et d'une épicerie d'aliments naturels, proposant des produits essentiellement biologiques et le plus souvent locaux, la boulangerie Pipolinka l'est sans doute un peu. Mais tellement plus que cela! Terriblement gourmande, oui! Ses muffins, biscuits et scones sucrés satisferont toutes les «bibittes à sucre», mais on y travaille aussi très bien le salé (divins croissants salés avec du fromage et du romarin) et les pains aux grains entiers. Ouvert du mercredi au dimanche, de 9h à 18h.

757 B, Riverside Drive, Wakefield

Pour faire des provisions

Le centre-ville de Chelsea a pris de jolies couleurs ces dernières années, et c'est en partie grâce aux propriétaires du café Biscotti et cie, qui ont transformé une petite maison blanche, plutôt banale, en ce coquet troquet rouge framboise. On y trouve de copieux sandwichs, des salades, des viennoiseries et des cupcakes généreusement nappés de glaçage rose pour refaire le plein d'énergie après une randonnée ou faire un pique-nique dans le parc de la Gatineau. Chouette ambiance, chouettes cafés.

6, chemin Scott, Chelsea

biscottichelsea.ca

Pour se payer la traite

Tout petit, tout chaleureux, le restaurant The Village House est à classer parmi les meilleures tables de Wakefield. Ouvert par un jeune couple - lui aux fourneaux, elle en salle - dans une coquette maison en plein coeur du village, le bistro propose une carte riche en plats réconfortants, assez carnée (poulet confit, côte de boeuf braisée), qui ne laissera pas les grands appétits sur leur faim. La salle, avec une cuisine ouverte aux regards, ne compte pas 30 places: pensez à réserver, surtout si la météo n'est pas assez clémente pour permettre l'ouverture de la terrasse attenante.

759, chemin Riverside, Wakefield

thevillagehouse759.com