Dans la Petite-Nation, en Ouatouais, le conducteur Marcel Otis est sur le point d'accrocher pour de bon traîneau et harnais. Non sans émotion. Portrait d'un homme et de ses bêtes.

«Dji, mon Zorro. Dji.»

Un mot sorti de la bouche de Marcel Otis suffit pour que Zorro obéisse. Le chien tourne à droite sans hésiter pour fendre un mètre de neige folle, entraînant derrière lui ses neuf compagnons d'attelage. Ces derniers suivent Zorro comme Zorro suit son maître: aveuglément.

Depuis longtemps déjà, Zorro est le chien de tête de Marcel Otis. «C'est un peu mon amour.» Ces deux-là ont parcouru ensemble des centaines de kilomètres dans les paysages vallonnés de la Petite-Nation, en Outaouais. Une multitude de touristes français - dont l'acteur Pierre Richard -, mais aussi nombre de Québécois ont découvert le plaisir du traîneau à chiens en compagnie de M. Otis, ancien professeur de musique à la bouille de père Noël et au rire contagieux.

Toutefois, l'homme de 65 ans a pris une décision: cet hiver sera son dernier comme guide de traîneau à chiens. Quand la neige cédera la place au printemps, il va vendre ses traîneaux et ses harnais et tenter de trouver des familles d'accueil pour ses 26 chiens.

«Mes chiens vieillissent et moi aussi. Presque la moitié ont plus de 9 ans. Si je voulais continuer, il faudrait que je renouvelle ma meute. Je pense que c'est le temps de partir...»

Il est vrai que certains chiens arborent des museaux blancs qui trahissent leur âge. Ils ne tirent pas avec la même fougue que les plus jeunes. Mais ils affichent le même enthousiasme. Dès que Marcel Otis franchit la clôture du chenil, les bêtes se mettent à bondir, dans une joyeuse cacophonie de jappements et de hurlements.

Il faut enfoncer solidement dans la neige deux crochets - des ancres, ni plus ni moins - pour maintenir l'attelage en place avant le départ. Les chiens sautent d'impatience et ne se taisent qu'en entendant l'ordre tant attendu: «En avant, les chiens! En avant!» Le traîneau démarre alors d'un bond sec, sous l'effort conjugué de 10 chiens survoltés, à la manière d'un sprinter qui sauterait de ses blocs au coup de départ. Rapidement, toutefois, le silence s'installe. On n'entend plus que le halètement des bêtes et le bruit du traîneau qui glisse sur la neige.

Debout sur les skis, Marcel Otis dirige son attelage d'une voix douce, mais assurée, en manoeuvrant entre des épinettes chargées de neige ou au milieu de grands champs d'une blancheur parfaite. «Dji» pour la droite. «Aw» pour la gauche. Parfois, il rouspète parce que Ti-Loup n'accomplit pas sa juste part de travail ou parce que Zach freine sans prévenir pour uriner contre un arbre.

N'empêche, il les adore, ses chiens. Ce sont des bêtes disparates à la généalogie tarabiscotée et à la race souvent indéfinissable. Ils n'ont pas la beauté et la prestance de certains attelages de Huskies pure race. «Mais ce sont de bons chiens, qui sont très performants. C'est ce qui compte.»

Il les aime assez pour leur avoir consacré 25 ans de sa vie. Douze mois par année, les chiens exigent soins et entraînement. «L'hiver, je pars de la maison à 8h30 et je rentre vers 17h, souvent sans avoir eu le temps de dîner.» Il ressort chaque soir, un peu passé minuit, pour nourrir ses bêtes avant la nuit...

Curieusement, ce n'est pas l'énorme quantité de travail hivernal qui l'a fait songer à la retraite. La difficulté de trouver de l'aide pendant l'été lui pèse beaucoup plus. Partir en vacances est un vrai casse-tête avec 26 chiens dont il faut s'occuper.

Lorsqu'il aura tourné la page sur sa deuxième carrière, Marcel Otis rêve de partir pêcher (sa grande passion) sans devoir remuer ciel et terre pour trouver un gardien pour Zorro, Maya, Sunny, Lola et les autres.

D'ici là, il continue d'offrir des randonnées sur les quelque 30 km de sentiers qui partent de son chenil. Pour une balade d'une heure, il faut compter 85$ par personne. Marcel Otis offre aussi des sorties plus longues, jusqu'à trois heures avec une pause lunch dans une tente prospecteur. Prix: 150$ par personne.

Les Randonnées chez Marcel

1188A, route 321 Nord, Saint-André-Avellin

819 983-2986

Les bonnes adresses de Marcel Otis

Café du Bistro

«Le restaurant appartient à deux de mes anciens élèves. Les plats sont toujours très bons, surtout les pizzas, cuites au four à bois. L'accueil y est très chaleureux.»

198, rue Principale, Saint-André-Avellin cafedubistrot.com

Couleurs de France

«Je n'ai jamais dormi dans cette belle auberge de bois rond ni dans les chalets attenants, mais j'y ai mangé et c'était chaque fois très bon. L'auberge offre un beau point de vue sur le petit lac Preston.»

212, chemin des Jonquilles, Duhamel chaletcouleursdefrance.com

Grains de vie

«Cette boulangerie artisanale propose plusieurs sortes de pains et de viennoiseries, dont un pain au chocolat et aux canneberges. On peut aussi y acheter de nombreux produits de la région.»

145, rue Principale, Saint-André-Avellin 819 983-1884

ChocoMotive

«Cette chocolaterie offre des produits équitables de grande qualité. Chaque chocolat ressemble à une oeuvre d'art. C'est presque dommage de le manger! À essayer: le chocolat à la liqueur Coureur des bois.»

502, rue Notre-Dame, Montebello chocomotive.ca

Auberge de jeunesse Petite-Nation

«Le P'tit Café de l'auberge est un lieu rassembleur, où l'on peut voir de très bons spectacles dans une salle très intime. Comme ancien de professeur de musique, je devrais d'ailleurs y aller plus souvent! On peut aussi y boire un verre.»

35, rue Principale, Saint-André-Avellin aubergepetitenation.org

Veda Balance

«C'est une jeune entreprise de produits naturels où l'on peut se procurer des aliments bios en vrac, des infusions, des pains et des pâtes sans gluten.»

2, rang Sainte-Julie Est, Saint-André-Avellin alimentsnaturelsvedab.com