Le Québec regorge de légendes, dont plusieurs ont traversé l'Atlantique avec les premiers colons. C'est le cas de la légende de la chasse-galerie. Au Québec, sa version la plus célèbre se déroule quelque part en Outaouais... peut-être bien non loin de Wakefield. Visite «légendaire».

En France, on pourrait retrouver la chasse-galerie en Anjou, dans le Poitou et dans la Saintonge. Au Québec, Honoré Beaugrand l'a réinventée dans un chantier de la Gatineau. Nul ne sait exactement où. Ce que l'on sait, c'est qu'autour de ces chantiers se sont développés des villages comme Wakefield, qui s'étire le long d'un coude de la Gatineau.

L'histoire

C'était la veille du Nouvel An. Les bûcherons picolaient ferme pour oublier leur ennui. Quelques-uns décidèrent alors de faire une petite virée du côté de Lavaltrie, à plus de 100 lieues, pour revoir leurs petites amies et participer aux festivités de fin d'année. Il aurait fallu plus d'un mois pour s'y rendre à pied ou en «traîne à cheval». Les hommes optèrent donc pour un moyen de transport rapide, mais dangereux, la chasse-galerie.

Ils prirent place dans un grand canot et conclurent un pacte avec le diable: celui-ci acceptait de faire voler ce canot jusqu'à Lavaltrie en échange des âmes des voyageurs si ceux-ci prononçaient le nom de Dieu ou s'ils heurtaient la croix d'un clocher d'église en chemin.

Survolant la Gatineau, puis l'Outaouais et le Saint-Laurent, admirant les villages en contrebas, les hommes se rendirent à Lavaltrie sans encombre. Ils dansèrent jusqu'aux petites heures du matin, s'envoyant quelques verres supplémentaires dans le gosier. Le voyage de retour fut passablement plus compliqué, les bûcherons étant maintenant totalement ivres. Ils risquaient à tout moment de blasphémer ou d'accrocher un clocher. Alors qu'ils arrivaient enfin en vue du chantier, un des hommes fit un faux mouvement, le canot se renversa et tous les occupants plongèrent dans un banc de neige. La chute fut légèrement brutale, mais, Satan ne put s'emparer de leurs âmes.

À voir à Wakefield

Le pont couvert

Le pont, qui s'étire sur 88 m au-dessus de la rivière Gatineau, est devenu le symbole du village de Wakefield. Le pont original de 1915 a été incendié, mais un millier de donateurs et de bénévoles ont uni leurs efforts pour le reconstruire. Le pont actuel, réservé aux piétons et aux cyclistes, a été terminé en 1997. On retrouve tout près l'une des plus vieilles maisons de Wakefield, celle de l'immigrant écossais William Fairbairn, maintenant un centre patrimonial.

Le village

Le village de Wakefield, maintenant incorporé dans la municipalité de La Pêche, est reconnu pour son petit caractère bohème. Plusieurs cafés et petites boutiques s'égrènent le long de la rivière Gatineau. Un restaurant, le Pot-au-feu, a élu domicile dans l'ancienne gare. Le village a son propre festival international du film, qui se déroule du 15 février au 9 mars.

Le moulin de Wakefield

William Fairbairn a fait construire ce moulin de pierre en 1838 au-dessus de la rivière La Pêche pour moudre le grain. On y a ajouté un moulin à scie, une filature de laine et un magasin général dans les années 1840. Le moulin a subi de nombreuses transformations au cours des années, mais on reconnaît encore les murs originaux. On y retrouve maintenant un hôtel, un restaurant et un spa. Tout près, le petit cimetière MacLaren, institué autour des années 1870, abrite la tombe de l'ancien premier ministre Lester B. Pearson.

À faire

Les sports d'hiver sont à l'honneur à Wakefield. Les clients du Moulin Wakefield n'ont qu'à faire quelques pas pour accéder aux pistes de ski de fond et de raquette du parc de la Gatineau. Les autres peuvent se rendre aux pistes en moins de cinq minutes en voiture.

Un petit centre de ski alpin familial, Ski Vorlage, se trouve en plein coeur du village. Un autre petit centre familial, Edelweiss, se trouve à moins de 10 minutes de voiture